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Entrevue avec Daniel Isaiah | Allier la tristesse à la légèreté

Dans un très beau salon de thé bien caché du Mile-End, Sors-tu.ca a pu rencontrer l’artiste montréalais Daniel Isaiah. Il revient avec un deuxième album intitulé Come Into Gone, savoureux mélange de rock et de folk. Retour sur une discussion agréable avec un musicien chaleureux.

 

Un album fait entre divers projets

Outre sa carrière dans le cinéma ainsi que son métier de professeur d’anglais, Daniel Isaiah fait aussi de la musique. Il a sorti son premier album High Twilight en 2011, qui avait été bien reçu par la critique. L’artiste est donc souvent occupé par ses nombreux projets, et parmi ceux-ci se glisse la musique.

Pour Come Into Gone, son deuxième album, Daniel a décidé de composer au piano, lui qui est pourtant guitariste à la base. « Je joue de la guitare depuis mon adolescence. A moins qu’on se pousse, on a des habitudes. Tes doigts vont à des places automatiquement, c’est trop confortable. Avec le piano c’est une différente manière d’écrire. Puis je suis moins bon au piano donc il y a un sens de manque de familiarité qui donne naissance à des nouvelles choses. »

Dans son appartement du Mile-End, le musicien a composé les chansons de ce deuxième opus, à certains moments, quand il ressentait le besoin d’écrire. Pas vraiment pressé donc, du fait de son petit public qui ne lui impose pas une pression quelconque pour la sortie de nouveau matériel. «Je pense que quand ta carrière évolue beaucoup, il y a un grand public qui t’attend, et tu ressens qu’il y a une pression pour que tu sortes un nouvel album. Moi mon public est vraiment petit, avec mes amis, les amis de mes amis, et il n’y a pas cette pression. »

 

Influences 

Après avoir travaillé à ses compositions, Daniel Isaiah a fait appel à plusieurs musiciens montréalais pour l’accompagner en studio. Chris Flower à la guitare, Matthew Woodley à la batterie, et Sea Oleena aux harmonies vocales l’ont ainsi accompagné au studio The Pines, situé à Griffintown, avec des idées en tête mais pas une ligne précise. « On est allés dans le studio avec une idée plus ou moins sûre de ce qu’on nous voulions faire. Ca a changé un peu dans le studio aussi. Quand tu joues avec de bons musiciens, je pense qu’ils donnent le meilleur s’il y a un sens de liberté et d’expérimentation aussi. »

On peut dire que cette liberté a eu son effet, car à l’écoute de l’album, on sent que les musiciens ont ajouté leur touche à l’ensemble final. Par exemple, on peut entendre une guitare accrocheuse sur presque tous les morceaux. Daniel répond à cela « C’est Chris ! Moi je joue de la guitare sur chaque chanson, mais la guitare qui attire ton attention c’est Chris. C’est un très bon ami, mon « right-hand man » comme on dit en anglais. »

Quant au cinéma, qu’il pratique aussi, l’artiste déclare que celui-ci n’a aucune influence sur ses compositions musicales. « Quand je fais du cinéma, je n’aime pas mettre beaucoup de musique dans le film. C’est deux disciplines différentes. C’est comme utiliser ses habilités dans le ski de fond quand tu fais de la cuisine. »

 

Solitude et composition

Come Into Gone est un album qui relate les expériences de Daniel Isaiah : son enfance, sa famille, ses voyages, ses amours marquent les paroles des chansons de l’album. Souvent d’ailleurs, l’artiste raconte de tristes moments de sa vie, tout en étant rattrapé par les compositions folk-rock et même parfois funk, donnant un goût plutôt joyeux à l’ensemble. « Je pense qu’il y avait beaucoup de tristesse dans ma vie quand j’ai écrit les paroles. […] . Ce n’est pasDanielIsaiah-entrevuemars2015 (3) vrai pour tout l’album, mais il y a des chansons que j’ai écrites avec des mélodies, des accords plutôt joyeux, et après j’ai écrit les paroles quand j’étais plus triste. »

Au final, Daniel explique ce rapport qu’il entretient avec la tristesse quand il se retrouve seul. « Quand on est seul, on est un peu plus dans les réflexions. Mais quand on n’est plus dans les réflexions, on est un peu plus nostalgique. Quand je suis très heureux, je n’écris pas de chansons. Quand je suis seul, je suis moins heureux. Et donc je suis seul quand j’écris des chansons ! »

Le musicien déclare écrire pour lui avant tout en utilisant la musique comme exutoire de ses peines. Il évoque ainsi sur quelques morceaux une rupture difficile. D’ailleurs, Daniel ne cache pas que, selon lui, ce sont les ruptures qui donnent les plus belles chansons. « Je doute qu’il y ait un chansonnier dans le monde qui ait vécu une rupture sans écrire une chanson.  C’est un peu le centre de la pop musique : l’amour réussi et l’amour raté. Mais c’est sûr que l’amour perdu fait de meilleures chansons. »

 

Tournée et carrière

Aujourd’hui, Daniel Isaiah aimerait connaître un plus grand succès afin de pouvoir faire une tournée et rencontrer des gens. « Si ma carrière peut avancer un peu, pour partager la musique avec les autres, ça serait super. » Pour le moment, l’artiste fera son lancement à la Casa del Popolo le 7 avril, et sera à la Taverne Monarch à Toronto le 24 avril.

Pour la suite, Daniel Isaiah verra donc ce que lui réserve le destin, même s’il a déjà prévu faire une tournée au Québec cet hiver, avec tout le groupe avec lequel il a enregistré.

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