Cédrik St-Onge

Entrevue avec Cédrik St-Onge | Une dose d’isolement, une autre de nostalgie

Cédrik St-Onge, auteur-compositeur-interprète gaspésien de 26 ans, présente ce soir le deuxième album de sa carrière solo, Osoyoos, au Verre Bouteille. Le jeune artiste anime sa musique à travers les relations humaines et son attachement aux terres de sa jeunesse.

D’emblée, Cédrik St-Onge détaille toutes les cordes qui composent son vaste arc artistique : en plus de mener une carrière solo et de tenir le métronome dans le groupe Vendôme, l’artiste québécois se charge de réaliser des albums en studio et d’accompagner d’autres musiciens. Récemment, St-Onge s’adonne à la création de productions hip-hop.

« J’en fais trois ou quatre à chaque jour, je les envoie à du monde. C’est la forme de musique que je trippe le plus faire en ce moment, explique le natif de Colombie-Britannique. Un bon beat, ça peut prendre deux heures pis t’as fini. Tandis qu’une toune, mettons, ça me prend un an à l’écrire », poursuit Cédrik St-Onge.

Une chose est certaine pour l’artiste : il est impossible de vivre de sa musique sans toucher à plusieurs formes d’arts. « Je pense que même si c’était compliqué et même si j’avais pas le temps je le ferais pareil, parce que j’ai pas le choix. »

 

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Quatre ans se sont écoulés entre la parution de Et si j’étais à des années-lumière, son premier long jeu en solo, et Osoyoos, cette année. Le manque de connexions sociales lié à la pandémie a grandement joué sur son manque d’inspiration.

« Je trouvais pas de paroles parce que, justement, il se passait rien dans les vies de personne. Clairement, ça m’a stoppé dans mon élan, dit Cédrik St-Onge. Si j’avais fait plein de shows, si j’avais fait une tournée et que les choses avaient plus roulé j’aurais été plus inspiré à composer plus rapidement », poursuit l’artiste.

Alors que St-Onge explique que plusieurs de ses amis musiciens ont été contraints à arrêter la musique durant la pandémie, par manque de moyens, l’idée n’a pourtant jamais traversé l’esprit du musicien gaspésien.

Non, j’y ai pas pensé. Le chemin qui m’a mené jusqu’à ici a été quand même assez rough. Je peux pas rien faire d’autre. Je connais rien d’autre, et c’est la seule affaire qui me rend heureux.

 

Belle nostalgie

Cédrik St-Onge est né en Colombie-Britannique, mais a grandi dans la baie des Chaleurs, en Gaspésie. L’artiste vit aujourd’hui à Montréal, mais s’est servi de retraites dans les deux régions de sa jeunesse pour concevoir Osoyoos.

« Je suis parti un mois tout seul pour composer. Je montais à chaque jour la même montagne [en Colombie-Britannique] pour écrire là-haut. Ça a starté pas mal d’idées de l’album, surtout les idées instrumentales. Après je suis revenu en Gaspésie, j’ai été à mon chalet à Caplan et j’ai continué avec les paroles », informe St-Onge.

La ville est trop bruyante, trop agitée aux yeux de l’artiste.

« J’ai besoin de calme pour écrire, for sure. J’absorbe plein d’affaires qui se passent ici, les relations humaines, je rencontre de nouvelles personnes. La vie elle bouge. Mais quand est venu le temps d’écrire pour vrai, faut que je sois avec moi-même, tout seul. Il faut que je puisse actually penser, que j’aie pas de distraction, que je puisse me mettre à 100% là-dedans », dit le musicien.

Sans clairement le mettre en mots, la nostalgie ressentie face à son ancienne vie en région se fait percevoir durant l’entrevue. Cédrik St-Onge compte un jour retrouver les terres qui l’ont vu grandir.

« Si je réussis à atteindre un milestone où je peux faire de la réalisation à distance, ou que les gens viennent chez nous pour faire du mix à distance, faire de la musique de film à distance, faire des beats. Si je peux faire tout ça, tout en n’étant pas à Montréal, je retournerai en Gaspésie. Ce serait bien mieux », confie l’artiste.

« Si j’ai la vie typique, un moment donné, avec une blonde, un chien, un enfant, c’est clairement en Gaspésie que je veux que ça se passe. Quand on était jeunes, on allait dans les champs, il y avait full de nature et on allait sur le bord de la mer, c’était full free, se remémore St-Onge. Je sais pas, je m’imagine mal élever un kid dans une ville qui est autant explosée sur l’adrénaline. J’ai l’impression que ce kid-là grandirait trop vite. Il skipperait des boutes cool de l’enfance. »

* Photo par A S, sur Flickr.

 

Savoir bien s’entourer

Cédrik St-Onge désirait collaborer avec Louis-Jean Cormier sur l’enregistrement d’un disque. Chose voulue, chose faite, le meneur de Karkwa a réalisé le premier EP de l’artiste gaspésien, Les yeux comme deux boussoles, en 2017. Après avoir travaillé avec Emmanuel Éthier, St-Onge vise encore plus haut et désire cette fois-ci s’attacher les services de Blake Mills, un producteur américain.

« Pour l’instant les statistiques sont bonnes, le ratio est bon [rires], souligne Cédrik St-Onge quant à son 2/2 de réalisateurs potentiels atteints. Si j’avais à choisir quelqu’un avec qui je veux collaborer, ce serait clairement [Blake Mills]. Il a la touch, la golden touch », poursuit le musicien, dévoilant également que son prochain album sera probablement chanté en anglais.

Cédrik St-Onge a lui-même réalisé les albums d’artistes comme Étienne Coppée, Sandrine St-Laurent ou Aswell.

 

Quand vient le temps de se défendre

Entouré de ses six amis et musiciens (Jérémie Essiambre, Flavie Melançon, Jeanne Coté, Marc-Antoine Beaudoin, Mada Mada et Bruno St- Laurent), Cédrik St-Onge présentera ce soir ses compositions devant un Verre Bouteille déjà sold-out.

Ayant d’abord du mal à occuper la place centrale sur scène, et non derrière la batterie de Vendôme, St-Onge accepte de plus en plus cette situation, celle de prendre les devants.

« Faut que je reste authentique à qui je suis, pas que je m’invente un personnage, émet l’artiste. Mais je suis rendu à ce point-là dans ma carrière, où je fais des shows et ça ne me dérange plus d’être le centre d’attention. »

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