crédit photo: Marie-Emmanuelle Laurin
The Plot In You

THE PLOT IN YOU au Théâtre Beanfield | Holding Absence remporte la mise

La formation américaine THE PLOT IN YOU et leurs alliés ont fait du Théâtre Beanfield, mercredi soir, un lieu de prédilection pour les amateurs de post-hardcore et de metalcore.  Mais, il y a un « mais ». Ce sont plus les alliés que l’hôte qui ont retenu l’attention et livré la marchandise.

Tout le « corps » du spectacle était là pour TPIY : le décor, la mise en scène, les éclairages, mais il manquait quelque chose à cette froide perfection: de l’âme. Ce sont plutôt les très attendus Holding Absence qui ont su en insuffler le plus dans leur prestation.

ACRES

Le quatuor britannique Acres, décrit comme étant en pleine ascension par plusieurs, a offert une honnête performance metalcore alliant des créations de leur premier album Lonely World (2019), un premier opus très bien reçu par la critique, et du plus récent The Host.

Loin de réinventer le genre musical, la formation menée par le chanteur Ben Lumber, qui a également visité Montréal en 2024, demeure intrigante et a particulièrement impressionné avec Bloodlust, tant pour les mélodies que pour la voix de Lumber. On aurait apprécié plus « d’identité » et de présence scénique de la part des membres, mais il n’en demeure pas moins qu’on a envie de savoir ce qu’ils nous réservent dans le futur.

BOUNDARIES

L’ambiance s’est gonflée d’un cran quand les membres de Boundaries, un autre band à surveiller, est entré sur scène avec une pesante performance entremêlant metalcore mélodique et beatdown hardcore qui détonnait d’avec leur look très « the guy next door ».

De ce groupe originaire du Connecticut et formé en 2013, on retiendra particulièrement la prestation constante du batteur et vocaliste Tim Sullivan et la présence très physique du chanteur Matthew McDougal, qui s’est lui donné corps et âme sur scène entre douces mélodies et solides breakdowns, donnant une bonne leçon à ses prédécesseurs.

HOLDING ABSENCE

Les membres de Holding Absence ont sans contredit volé la vedette ce soir-là. La facilité et la rapidité avec laquelle le chanteur Lucas Woodland, qui rappelle beaucoup Laurence « Loz » Taylor, de While She Sleeps, a galvanisé le public y ait pour beaucoup, chose que TPIY ne semble pas avoir réussi à accomplir au même titre par la suite. Certes, leurs styles et tempéraments diffèrent, mais il y avait un je-ne-sais-quoi de très assumé et mature dans ce qu’a livré le jeune quatuor britannique et dans la relation qu’ils ont su établir et entretenir tout au long d’une performance digne d’un band qui ira loin.

Les spectateurs entassés dans la salle bondée ont démontré leur enthousiasme de voir le band post hardcore de retour à Montréal en chantant par centaine l’entièreté des paroles de chacune des chansons sélectionnées, dont Gravity, Afterlife, Honey Moon et la très réussie Wilt, qui a clos leur passage de superbe façon alors que Woodland a déployé l’étendue de sa puissance et de sa maîtrise vocale et que le batteur Ashley Green a mis la touche finale à une démonstration de talent hors du commun.

Dans un clin d’œil aux velléités et menaces d’application de tarifs douaniers des voisins américains, Holding Absence a pris un soin particulièrement quant à sa marchandise promotionnelle. « Nous adorons le Canada, un des meilleurs pays au monde, a crié à la mi-parcours le chanteur. Nous avons entendu parler des tarifs et c’est pourquoi nous avons décidé de ne vendre que des chandails imprimés ici, au Canada », une attention qui a été très bien accueillie par les fans qui arboraient massivement leurs produits.

THE PLOT IN YOU

Après une longue introduction faisant place à une mise en scène léchée et accrocheuse où une radio d’époque diffusait des montages sonores de plus en plus grinçants et déstabilisants, les membres de THE PLOT IN YOU sont arrivés comme une tonne de brique sur les planches du théâtre.

Les cris, l’enthousiasme et la participation des fans qui attendaient impatiemment le groupe originaire de l’Ohio se sont toutefois lentement mais sûrement estompés au fil de la prestation, dont la grille des chansons n’avait pas été pensée correctement, si l’on peut dire. Ils sont partis en lion, mais ont fini en moutons après seulement une petite heure, laissant des fans sur leur faim et ne réussissant pas à égaler l’accroche et la chaleur de Holding Absence. Il y avait quelque chose de froid, comme trop détaché et automatique dans leur façon de faire, qui a rendu le tout presque plat, exception faite pour THE ONE YOU LOVED. Le chanteur Landon Tewers a bien entendu assuré, mais sans rendre l’émotion de Lucas Woodland et sans établir la communication avec le jeune public, vers lequel il ne s’est vraiment tourné qu’à la huitième chanson.

Plusieurs dizaines de spectateurs ont d’ailleurs commencé à quitter la salle environ trente minutes après leurs débuts, lassés par une série de titres quasi pop et redondants. À l’instar d’un de leur titre, c’était comme si « on ne sentait plus rien » et qu’il était temps de partir. Il y avait eu là du bon core, mais sans âme.

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