Mike Ward

Édito: Mike Ward vous souhaite un joyeux cancer!

Comme ça, Mike Ward souhaite un cancer à Joël Legendre… Ah, le vilain. Comment ose-t-il faire preuve d’autant de méchanceté?

Comment ça, un « deuxième degré »? Que voulez-vous dire par « procédé humoristique »?

Ç’a été dit, mot pour mot: « Moi, c’est méchant, mais je souhaite un cancer à Joël Legendre! ». C’est impardonnable.

La preuve (publiée sur MikeWard.ca):

Gentil gentil, l’humour québécois

Au Québec, on dirait que l’humour n’a qu’une fonction: transformer les petites réalités du quotidien en blagues vaguement amusantes. Les habiles observations sur les relations hommes-femmes de Peter MacLeod, les gags de moeurs de Louis-José Houde et les gentilles anecdotes de Lise Dion en sont d’honorables exemples.

Hors de ce registre consensuel, point de salut. C’est le prix à payer pour une société bienséante qui manque cruellement d’imagination, de fantaisie. On prend tout au pied de la lettre, tout bêtement.

Important de spécifier « au Québec », puisque bien qu’on aime se targuer d’être moins coincés que les Américains (ou le ROC), c’est loin d’être le cas en matière d’humour.

Les blagues déplacées de Mike Ward ne rivalisent pas en culot avec l’humour râpeux que préconisait le défunt Bill Hicks ou les saynètes inconvenantes de Family Guy. Les propos « racistes » de Jean-François Mercier lors d’un certain Bye Bye particulièrement décrié sont de la petite bière à côté de l’audace d’un Sacha Baron Cohen ou d’une Sarah Silverman. La neutralité politique de Guy Nantel le ferait passer pour une chochotte à côté de Bill Maher.

Ces grands artistes de l’humour américain créent quelques controverses, jonglent avec des malaises, suscitent l’inconfort, bousculent la politesse… et remplissent des salles de spectacles.

Ici, pour que l’immense panneau de « Mike Ward s’eXpose » en bordure de l’autoroute rapporte, Mike Ward devra s’excuser. Sinon, pas d’Étoile dix30 à 40$ le billet pour toi, gros pas fin.

Et ce n’est certainement pas son gérant Pierre Grenier qui va apaiser la situation avec des arguments faiblards comme celui livré au Journal de Montréal: « les gens se scandalisent pour un gag de Mike alors qu’ils ne disent rien sur la taxe qui vient encore d’augmenter ». Pas fort.

 

Ces artisans du malaise et leur public restreint

Pour apprécier le gag de Mike Ward, il fallait quelques prédispositions:

1) Être bombardé d’humour bon enfant jour après jour
2) En avoir ras-le-bol de ce consensus
3) Être doté de l’intelligence nécessaire pour détecter l’effet de contraste entre la gentillesse du moment et la méchanceté fictive de la réplique

Ce n’est pas pour tout le monde, ce « contre-humour », on en convient.

Et pourtant, des centaines d’adeptes y prennent leur pied. Il suffit d’assister à quelques shows du Zoofest, festival d’humour alternatif bilingue en marge de Juste Pour Rire, ou les soirées Humour GHB pour s’en rendre compte. Les frigides de l’humour déplacé ne survivraient pas 3 minutes dans cette jungle, qui semble pourtant être un dérivatif jouissif pour certains.

Bien sur, aucun de ces artisans du malaise ne paiera d’hypothèque en exerçant ce type d’humour à temps plein dans un petit marché comme le Québec.

Ça devrait aussi être le cas de Mike Ward, qui devrait songer à consolider sa niche en envoyant paître les détracteurs vexés plutôt que de s’excuser, s’il souhaite réellement aller au bout de son choix de type d’humour. Se faisant, il devrait toutefois sans doute renoncer à ce condo à Orlando où il aurait apparemment enregistré son infâme « souhait de cancer à Joël Legendre ».

Mais que vous trouviez drôle ou pas la blague de Mike Ward importe peu. Ce qui est fâcheux, c’est de voir des humoristes (ou des auteurs de Bye Bye) plier mollement l’échine devant les polices du politiquement correct et s’excuser publiquement pour chaque élan d’insolence.

Dommage, parce qu’en publiant cette vidéo de trente-quelque secondes sur son site, Mike Ward faisait davantage un pied de nez à l’hégémonie courtoise qui tient les humoristes québécois en rang… qu’à Joël Legendre.

Le pire, c’est que tout ça semble être bien involontaire de la part de Mike Ward. Il semble évident que dans son esprit, il la trouve drôle sa blague, un point c’est tout.

Sur ce, à toutes les matantes offusquées, on vous souhaite une joyeuse hépatite!

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