Louis-Jean Cormier

Écoute d’album de Quand la nuit tombe | Quand deuils, recul et aventure nourrissent Louis-Jean Cormier

Sors-tu s’est retrouvé dans le studio de Louis-Jean Cormier, en compagnie de quelques collègues journalistes culturels, pour écouter la nouvelle pépite musicale du chanteur : l’album « Quand la nuit tombe », quelques jours avant sa parution prévue ce vendredi 20 mars. Souriant et détendu, Louis-Jean Cormier nous a accueilli le temps d’un après-midi autour d’un album éclectique, innovant et musicalement très intéressant.

Cinq ans plus tard

« J’étais le premier à chialer sur le monde qui attendait cinq ans entre deux albums, et puis finalement, je l’ai fait aussi ! », rit Louis-Jean Cormier au début de l’écoute.

Son chemin a été long depuis Les Grandes artères en 2015. Après avoir enchaîné les tournées pendant deux ans et demi, l’artiste a décidé de se prendre une sabbatique, interrompue plusieurs fois par des projets très intéressants : la création de la bande originale de Kuessipan, le film de Myriam Verreault, puis celle du spectacle Serge Fiori, Seul Ensemble créé par le Cirque Éloize.

Ces entreprises, bien différentes l’une de l’autre, ont ouvert de nouveaux horizons à Louis-Jean Cormier : la reconnexion avec un seul instrument tout d’abord, puis le parcours de réapprentissage du piano. « Le piano, c’était mon instrument de parcours académique. Ensuite je l’ai délaissé pour jouer de la guitare, mon instrument professionnel. Et avec Serge Fiori, j’ai redécouvert, j’ai réappris ce piano que j’avais désappris. J’ai pu l’envisager d’une manière totalement différente. »

Sans guitare mais rempli d’idées

Le nouvel album de Louis-Jean Cormier, Quand la nuit tombe, présente dans chaque note, dans chaque accord les changements de direction musicale de l’auteur-compositeur. Ce qu’on remarque tout d’abord c’est l’absence totale de guitare : « C’était mon défi, de ne pas mettre une seule guitare sur l’album. Mais j’ai joué du piano comme si j’avais une guitare dans les mains », explique Louis-Jean d’un air malicieux.

Effectivement, les synthés et les pianos ont la part belle dans l’album. Le mixage est complètement particulier : un mélange punché, très contrasté, où se mêlent constamment sons wavy des années 80 et rythmes percussifs dansants qu’on relierait plutôt à de l’électro actuelle. Le résultat, auquel s’ajoute la voix douce et mélodique de Louis-Jean, est explosif. Dans le studio, à chaque chanson, les têtes bougent, les pieds tapent sur le sol. Louis-Jean Cormier danse sur sa chaise, écoutant attentivement chaque détail de cet album qu’il connaît déjà par cœur.

 

Toutes les deux ou trois chansons, il interrompt d’ailleurs l’écoute pour nous parler de son cheminement créatif, des réflexions qui ont entouré la création de cet album composé de « chansons fulgurantes », écrites en très peu de temps au fil de l’inspiration, et de « stock accumulé depuis un boutte ». Entre deux voyages et deux projets de sa sabbatique interrompue, Louis-Jean Cormier a puisé de l’inspiration partout. « C’est crissement plus world que tout ce que j’ai fait avant, comme album. » Entre l’inspiration électro qui lui vient d’Allemagne, et la confrontation à une culture complètement nouvelle à travers un voyage en Éthiopie, Quand la nuit tombe s’éloigne de nos standards de la francophonie actuelle pour trouver un style unique, où les textes sont aussi importants que l’instru. « J’ai voulu faire un album qui groove et qui se danse », ajoute Louis-Jean Cormier qui s’est plus concentré sur une « musique de feeling, d’émotions brutes ».

Il faut dire que Louis-Jean Cormier s’est particulièrement bien entouré pour cet album : s’il a joué la plupart des pianos et synthés, l’auteur-compositeur a chargé le pianiste François Lafontaine de s’occuper des « synthétiseurs vilains ». Les batteries, souvent enregistrées à deux pour augmenter l’espace sonore, sont jouées par Marc-André Larocque et Alex McMahon. Ajoutons à ce joli monde la présence de Guillaume Chartrain à la basse et aux synthétiseurs lui aussi.

Le résultat de cette collaboration, c’est un album à la fois complet et complexe, où des textes interpellateurs côtoient un espace sonore riche et contrasté. Avec Quand la nuit tombe, Louis-Jean Cormier questionne l’égocentrisme avec Je me moi, les « civilisations pas si progressistes que ça » dans Les Poings ouverts (avec un feat. de David Goudreault) et la transmission avec Toi aussi.

Beaucoup d’inspirations

Si tout l’album nous ramène aux différents voyages de Louis-Jean Cormier et au furieux désir de bouger de l’auteur-compositeur-interprète (100 mètres haie, Tout tombe à sa place, J’ai monté, Ravin), la suite alterne des textes plus personnels et des prises de position plus affirmées. « C’est aussi un disque qui traverse les deuils », expliquera Louis-Jean Cormier qui a perdu son père au début de l’année 2020, le premier jour du mixage de l’album. La chanson Croire en rien, qui lui est directement adressée, prend alors un tournant presque prophétique. C’est aussi le cas de Face au vent, qui raconte avec résilience l’incendie du Théâtre de la Vieille Forge de Petite-Vallée, et celui de la Maison Lebreux quelques mois plus tard dans le même village.

La dernière chanson de l’album, qualifiée gentiment de « chanson générique », porte de manière plus explicite l’apprentissage musical de Louis-Jean Cormier lorsqu’il a voyagé en Éthiopie. Si elle tranche avec le reste, à la fois dans son instrumentation et dans son rythme, Quand la nuit tombe explicite aussi le choix du nom de l’album. « J’ai mis les tounes nocturnes ici, il y aura les tounes ensoleillées plus tard » nous promet Louis-Jean Cormier avec un sourire. La sabbatique est donc bel est bien terminée.

Quand la nuit tombe sort ce vendredi 20 mars. L’album dématérialisé est disponible en précommande ici, les CD et vinyles sont en précommande . En raison des décisions de confinement récentes, la première date de tournée de l’album est reportée. Retrouvez les informations disponibles sur la page facebook de Louis-Jean Cormier.

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