crédit photo: Sasha Onyshchenko
Échos (Grands Ballets)

Échos (des Grands Ballets) au Théâtre Maisonneuve | Un retour tout en finesse

Après un hiatus prolongé en raison de la pandémie, les Grands Ballets en ont mis plein la vue aux spectateurs du Théâtre Maisonneuve avec Échos, présenté depuis mercredi et jusqu’à dimanche. Le programme mixte allie le ballet dans sa forme la plus classique en plus d’y intégrer des formes plus modernes et éclatées, une excellente mise en bouche pour un retour des plus attendus.

L’ambiance était des plus vibrantes malgré un public à effectif rudement réduit. La formalité et l’aura propre à la Place des Arts n’en perdait toutefois pas une miette. Tous se sentaient invités à un événement de marque, une occasion de retrouver un peu de normalité dans ce rythme de vie des plus étranges actuellement.

Le spectacle a débuté avec un mot de la part d’Ivan Cavallari, directeur artistique des Grands Ballets. Il marquait brièvement la fébrilité de ses danseurs à l’idée de remonter sur scène après plus d’un an sans représentations, en plus de remercier le public de son support et de sa bienveillance.

Le spectacle a débuté avec un numéro de ballet cubain où quatre duos s’entrecroisaient et se complétaient à merveille. C’était une entrée en matière efficace qui annonçait déjà que le spectacle n’allait pas être uniquement composé de ballet à son sens le plus classique. S’est ensuite enchaîné un rapide et sportif pas de deux qui s’est terminé sous les applaudissements du public.

 

Une rare forme de reconnaissance continue

Chose intéressante avec ce spectacle : il est rare que chaque numéro ou section dansée d’un ballet soient applaudies par le public. Généralement, les applaudissements se font parfois avant l’entracte et certainement à la fin du spectacle. Si l’on tient compte des circonstances, c’était toutefois une idée magnifique d’avoir procédé ainsi. En plus de capter et conserver l’attention des spectateurs, les danseurs pouvaient avoir un moment de profonde reconnaissance de la part du public, chose qu’ils n’ont pu goûter dans la dernière année.

C’était également un spectacle qui était une très bonne entrée en la matière pour une personne qui n’est pas nécessairement familière avec le ballet. Plusieurs styles de danse y étaient présentés et les numéros s’enchaînaient assez rapidement, sans toutefois donner l’impression d’être hâtif. Chaque numéro avait sa place et le temps qui lui convenait.

Un autre pas de deux a ensuite foulé la scène. Young and Beautiful, popularisée par Lana Del Rey, était interprétée par un violon dans sa version instrumentale la plus simple. La chorégraphie était d’une fluidité, d’une grâce et d’une force qu’il est difficile de transmettre en mots. Une histoire d’amour touchante se déployait devant les yeux de tous et ne cessait de grandir en gestes et en émotions jusqu’à la fin du numéro.

Le numéro suivant, cette fois-ci interprété par un groupe de 8 danseurs, affichait une couleur plus moderne. Sur deux morceaux de Dear Criminals, les danseurs et danseuses déambulaient élégamment, à l’instar des plus grands mannequins, sur une scène assombrie par un éclairage très contrasté. Les répétitions de mouvements saccadés et incroyablement précis en plus des tableaux que créait le positionnement spatial des danseurs offraient un spectacle visuel très agréable en plus de faire apprécier la qualité de la danse et de la chorégraphie.

Puis Le Talisman de Pyotr Gusev, un ballet russe des plus classiques où l’agilité des danseurs et les prouesses techniques étaient clairement mises de l’avant. Le pas de deux qui a suivi en a ému plus d’un. Les danseurs étaient accoutrés de maillots beiges qui, avec l’éclairage, se fondaient complètement avec leur peau, donnant à leur numéro une ambiance des plus fantomatiques. Encore une fois, leur virtuosité était soulignée. Le dernier pas de deux, tiré de La Belle au bois dormant, nous ramenait à un répertoire plus classique, mais tout aussi appréciable.

La finale aura marqué les esprits puisque c’était le seul numéro où les danseurs étaient masqués. Ils étaient près d’une vingtaine sur scène, se dispersant par moments et revenant en des lignes bien précises pour faire des mouvements en vague. Les vagues étaient un point central de cette chorégraphie et créaient une effervescence sur scène. Les mouvements exécutés par les danseurs étaient simples tout en étant bien exécutés, mais c’est la force du nombre qui rendait le tout percutant. Y avait-il un lien avec les vagues de la COVID? Le doute plane.

La subjectivité des critiques varie probablement en ce moment vu le retour tant attendu dans les salles de spectacles. L’excitation est à son comble. Ce spectacle était un souffle d’air frais, mais surtout d’espoir d’un retour prochain à la normalité. Les numéros étaient diversifiés et avaient le potentiel de ravir tant les experts que les nouveaux initiés au ballet. Mais l’élément le plus important est que le temps d’un instant, nous avons pu vivre une expérience collective qui n’en était pas une d’attente et de courage difficile à trouver. Oublier la pandémie n’est pas chose facile, profitons-en pendant qu’il en est encore temps.

Les deux représentations qui restent, ces samedi et dimanche après-midi, affichent complet. Toutefois, selon le site officiel des Grands Ballets, des dates supplémentaires seront annoncées ce printemps.

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