Drum Tao

Drum TAO à la Place des Arts | L’énergie brute des tambours japonais

La troupe japonaise d’artistes-percussionnistes, TAO, était de retour à Montréal mardi pour un seul soir à la salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts. TAO avait secoué un public curieux avec son spectacle Drum Heart il y a deux ans au Théâtre Maisonneuve. Ceux qui l’ont vu s’en souviennent, car la troupe nous entraîne dans une réelle expérience sensorielle, déployant avec grand art une incroyable dose d’énergie brute qui emporte tout.

*Photo par TAO Entertainment.

Ils sont une quinzaine sur scène à enfiler une suite retentissante de numéros de tambours sortis du fond des âges, mais jamais pareils. Leurs instruments sont de toutes tailles, le plus énorme s’appelant taiko. Ce sont tous des musiciens, mais en même temps des danseurs qui émettent avec fureur des cris de ralliement ponctuant les rythmes musicaux. On dirait un attroupement de bêtes fauves dans une jungle de samouraïs. Leurs numéros sont chorégraphiés avec une admirable précision qui témoigne d’un long entraînement physique poussé à son maximum.

Un art millénaire

La pratique du taiko s’apparente à celle des arts martiaux. On le retrouve encore dans les cérémonies bouddhistes et shintoïstes, figurant la voix grave et profonde du Bouddha. De même, l’instrument fait partie depuis toujours du rituel à la cour de l’Empereur. Mais historiquement, bien ancré dans la tradition populaire, il a servi aussi bien à annoncer la fin des guerres, à chasser les animaux menaçants ou à remercier la providence pour les bonnes récoltes.

Jouer du taiko demande un prodigieux et total investissement de l’exécutant qui doit faire corps avec son lourd instrument. Le côté omnipotent des batteurs est soumis à une discipline très stricte pour pouvoir atteindre l’amplitude sonore propre au gigantisme de l’instrument.

*Photo par TAO Entertainment.

Comme une caisse de résonance humaine

Les numéros, assez courts en général, se suivent avec éclat, mus par l’esprit autant que par le corps devenu une caisse de résonance humaine. Les musiciens démontrent bien, avec leurs cris et leur souffle puissant, la pratique solennelle d’un accomplissement relevant autant de l’intime que du commun. On sent qu’ils ont du plaisir à jouer ensemble, et leur connivence pour impressionner le public est constante et jouissive.

Les costumes, sans être flamboyants, sont pratiquement à l’identique pour les hommes et les femmes. Les batteurs portent surtout du satin noir, avec robe traditionnelle ou jupe longue taillées à la moderne. Tous évoluent dans une scénographie en perpétuelle transformation, permettant l’ajout d’instruments secondaires comme les cordes du koto et la flûte traditionnelle qui apportent un peu de répit.

Tribal et identitaire

L’art millénaire des tambours japonais, tribal et identitaire, hautement physique et spirituel à la fois, se perpétue grâce à la renommée de TAO qui, depuis sa fondation en 1993 au sud de Tokyo, parcourt le monde. Dans les faits, il existe trois différentes distributions de TAO qui performent dans les quelques 700 spectacles, sur une base annuelle de la championne japonaise du tambour.

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