Deftones

Deftones au Centre Vidéotron | Une soirée brûlante d’énergie

Il y a des soirs où la musique transforme l’arène en véritable fournaise, où chaque accord et chaque cri deviennent des pulsations partagées entre la scène et la foule. Hier soir, au Centre Vidéotron, Deftones a livré une prestation musclée et magnétique, appuyée par deux premières parties contrastées: les explosifs Barbarians of California et l’électro-pop planante de Phantogram. Trois univers distincts, mais un seul fil conducteur: la soif d’énergie pure et de communion. Le spectacle a été pensé comme une véritable montée en puissance, où chaque groupe venait ajouter sa couleur sonore à une fresque musicale totale.

Deftones, la force tranquille devenue ouragan

Lorsque les lumières se sont tamisées pile à l’heure, l’attente fébrile a cédé la place à une clameur qui ne s’est jamais apaisée. Chino Moreno et ses comparses sont apparus avec une assurance qui témoigne des années d’expérience, mais aussi une vitalité intacte. Le chanteur, qui a bien vieilli sans perdre une once de sa fougue, a immédiatement conquis la foule en plongeant dans les premières notes de Be Quiet And Drive, succès marquant de la fin des années 1990. Un choix judicieux qui a propulsé l’aréna dans un état de transe colllective.

Sans répit, le groupe a enchainé avec My Own Summer, un classique incontournable qui a soulevé le centre entier. Les spectateurs, majoritairement jeunes et avides de sensations fortes, ont laissé éclater leur énergie dans un tourbillon de cris, de sauts, de crown surfing, et de mosh pit improvisés. Les guitares tranchantes et la batterie percutante résonnaient comme une tempête parfaitement maitrisée, confirmant que Deftones demeure une machine scénique redoutable. On sentait dans chaque morceau la capacité du groupe à repousser ses propres limites et à entrainer la foule dans son intensité.

Le point culminant est survenu avec Change (In The House Of Flies). Portée par une interprétation impeccable, cette pièce a rappelé à quel point le groupe sait marier intensité brute et subtilité émotionnelle. Les voix et les instruments se sont entrelacés avec une précision hypnotique, offrant un moment suspendu où le temps semblait s’arrêter. L’aréna, d’un seul souffle, a accompagné Moreno comme si chaque spectateur était branché à la même énergie.

Vers 21h50, la foule pour Moreno a lancé en coeur ses fameux « ohhé ohhé… ». Ce chant collectif a cristallisé l’esprit du concert: une fusion totale entre un groupe et un public incandescent. Deftones a prouvé, une fois de plus, qu’il n’a rien perdu de sa pertinence ni de son impact, offrant un spectacle aussi viscéral qu’inoubliable.

deftones centre vidéotron québec 07 09 2025 50

Phantogram, une performance électro onirique

Avant l’ouragan Deftones, le duo Phantogram a offert un contraste marqué, mais bienvenu. Portée par une chanteuse à la voix éthérée, la prestation baignait dans des sonorités électro-pop enveloppantes, ponctuées par des rythmes lourds et de guitares atmosphériques. Les lumières jouaient ici un rôle essentiel: couleurs froides, halos mouvants, ambiance quasi cinématographique.

Malgré la différence de style avec l’énergie de la tête d’affiche, Phantogram a su captiver par son intensité émotionnelle. Les pièces oscillaient entre fragilité et puissance, créant des vagues sonores qui invitaient davantage à fermer les yeux qu’à sauter dans la fosse. La chanteuse, visiblement touchée par l’accueil du public, a conclu d’un sobre mais sincère « merci beaucoup », laissant l’impression d’une rencontre intimiste au milieu d’un gigantesque amphithéâtre. On aurait presque dit que l’aréna s’était rétréci, devenant pour quelques instants une salle feutrée où la musique se vivait comme une confidence.

Phantogram a ainsi construit un pont sonore entre la déflagration à venir et le chaos organisé des Barbarians. Une respiration nécessaire, qui a permis à la foule de se remettre de la tempête.

phantogram centre vidéotron québec 07 09 2025 9

The Barbarians of California, déflagration brute

La soirée s’est amorcée dans la démesure avec The Barbarians of California. Cinq musiciens montés sur scène comme on lance une offensive: guitares tonitruante, batterie martelée sans relâche et un chanteur hurlant son fameux « want to ses your energy » répondu par une foule déjà survoltée. Les paroles se perdaient dans un mur sonore, mais ce n’était pas l’essentiel. Ici, tout reposait sur l’impact physique, sur la vibration dans le poitrine et l’explosion de décibels. au milieu du set, le chanteur a orchestré un balayage collectif des mains de gauche à droite, transformant la foule en un océan de mouvements. Cette entrée en matière donnait le ton, la soirée allait être brutale, intense et sans demi-mesure.

En trois actes, le Centre Vidéotron a vibré hier soir au rythme de la puissance, de la sensualité et de la rage musicale. Des Barbarians déchainés à l’élégance vaporeuse de Phantogram, jusqu’à la déferlante Deftones, le public a eu droit à un voyage sonore aussi intense que contrasté. Les corps et les voix se sont unis dans un même cri, rappelant que, parfois, la musique n’est pas qu’un spectacle: c’est une expérience qui brûle longtemps après les dernières notes. Rarement une soirée aura si bien résumé la raison pour laquelle on continue de se presser sans les salles; pour vivre ensemble des instants qui dépassent la simple performance et deviennent de véritables souvenirs collectifs.

Deftones sera de passage au Centre Bell de Montréal ce soir, mais cette fois avec IDLES en première partie au lieu de Phantogram (qui était passé au Théâtre Beanfield vendredi soir, voyez nos photos par ici). Consultez notre compte-rendu mardi sur Sors-tu.ca!

Événements à venir

Vos commentaires