crédit photo: Marie-Emmanuelle Laurin
Amigrecta

Dansu, ou quand Diane Boucher nous propose une plongée au coeur de l’univers de la danse contemporaine nippone

Pour leur première collaboration au sein de l’édifice Wilder, Tangente et l’Agora de la danse ont le plaisir de présenter un projet qui mêle les formes et les tendances artistiques. Du 18 au 28 octobre 2017, performances chorégraphiques à couper le souffle et courts-métrages d’exception se succèderont pour vous proposer une découverte du monde de la danse contemporaine japonaise. Diane Boucher, la commissaire à l’origine de Dansu, a pris le temps de parler avec nous de cet évènement.

Origines du projet

Co-fondatrice du Festival International de la Nouvelle Danse (FIND), qui a éclairé le domaine de la danse contemporaine à Montréal de 1982 à 2003, Diane Boucher est une spécialiste en ce qui concerne les danseurs et les chorégraphes japonais. Après avoir été marquée par l’édition du FIND de 1989, articulée autour de la danse nippone et en particulier du « butoh » (forme d’art caractérisée par l’introspection qu’elle met en scène avec lenteur et minimalisme), Diane Boucher souhaite faire un « clin d’oeil » au Japon qu’elle affectionne tant, et aux nouvelles tendances chorégraphiques en pleine éclosion.

J’aime beaucoup le Japon, j’ai déjà présenté de nombreux artistes japonais à Montréal et j’ai trouvé qu’il se passait quelque chose de nouveau et d’assez spécial en danse.

En effet, malgré la fin du FIND, Diane Boucher a souhaité prolonger ses relations avec le Japon et renouveler ses voyages, profitant de ces occasions pour présenter des artistes comme Paul-André Fortier ou Ginette Laurin au public nippon. Elle trouve un intérêt tout particulier aux échanges inter-culturels, puisqu’elle considère qu’ils nourrissent l’inspiration des artistes : « un aspect positif de la mondialisation ! »

En 2005, on fait appel à elle pour rejoindre le jury du Toyota Choregraphy Awards : elle confirme ainsi son intérêt pour la nouvelle génération de chorégraphes du Japon. Elle remarque alors les prémices d’une nouvelle mouvance qui ne cessera de prendre de l’ampleur. « Ça commençait : de jeunes chorégraphes refaisaient du butoh tout en présentant leurs propres esthétiques.»

 

La conception de Dansu

L’idée de présenter au public montréalais les différentes tendances du renouveau de la danse contemporaine japonaise se cristallise alors dans l’esprit de Diane Boucher. Elle choisit alors pas moins de trois jeunes chorégraphes dont les performances l’ont touchée.

J’aime beaucoup travailler au niveau du contexte, donner au public plusieurs clés, on ne fait pas seulement venir une personne mais cette venue doit être entourée de quelque chose : c’est pour ça que je trouvais intéressant d’avoir plus d’une compagnie

 

La première chorégraphe s’appelle Mikiko Kawamura : venue de la street dance, elle s’épanouit dans un univers pop avec une simplicité et un dynamisme exceptionnels. Elle présentera Alphard, un solo organisé autour de neuf carrés de lumières, chacun déterminant un style de musique et de chorégraphie distincts.

La seconde chorégraphe est Kaori Seki : Diane Boucher nous parle de son travail avec la lenteur et les parfums et nous raconte sa fascination quant à la « gestuelle très personnelle » de l’artiste. Cette dernière s’inspire pour Amigrecta de l’accident nucléaire de Fukushima, survenu en 2011, qui a profondément marqué le pays : « le Japon de maintenant n’est plus le même qu’avant cette catastrophe-là ».

Enfin, le chorégraphe Zan Yamashita présentera Namae Ga Nai, une pièce particulièrement puissante, incarnée par le danseur Kim Itoh, qui partagera avec le public des récits japonais tout au long de l’expérience (des sous-titres en anglais seront disponibles). Diane Boucher nous décrit l’originalité de cette œuvre : « ce chorégraphe a toujours travaillé avec la poésie, le mot et l’histoire, dans toutes ses pièces, de différentes façons : Namae Ga Nai est sans doute plus près de la performance que de la danse comme telle ».

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Mais pour Dansu, Diane Boucher n’a pas souhaité se limiter à des performances chorégraphiques : elle fait également appel à Saburo Teshigawara, qui incarne une réelle icône dans le monde de la danse contemporaine nippone. Cet artiste crée également des sculptures et des oeuvres photographiques et cinématographiques, il s’agit d’une « autre facette de son travail, moins présentée que ses chorégraphies ». Diane Boucher a tenu à les mettre à l’honneur, consciente que cet apport « complète le programme » tout en assurant « la présence de l’artiste » par le biais de ses oeuvres. Elle explique ce choix :

Ses vidéos permettent de mieux comprendre son œuvre chorégraphique parce qu’on y retrouve les mêmes thèmes (le double, le dédoublement). Mais ce ne sont pas des documentaires.

Enfin, il y aura également des activités et ateliers divers. « Tout un corpus entoure ce projet ».

Une ouverture nouvelle sur la culture japonaise

Lorsque Diane Boucher a discuté avec les responsables de Tangente et de l’Agora de la danse, ils ont conjointement décidé qu’un programme sur le Japon se développerait mieux au sein du nouvel édifice Wilder. En effet, de nombreuses salles y sont disponibles, ce qui convient mieux pour l’accueil de plusieurs artistes : « ça coïncidait avec un projet qui était un nouvel espace de danse ».

Si Tangente et l’Agora de la danse possèdent déjà de fidèles spectateurs, Diane exprime son désir « d’aller chercher aussi d’autres publics, d’essayer de faire connaître ces nouveaux artistes au plus grand nombre ». Profitant de la tendance de ces dernières années autour de la culture japonaise, elle souhaite concentrer l’attention sur la danse contemporaine nippone et ainsi présenter le travail d’une nouvelle génération de chorégraphes.

Dansu propose au spectateur de rentrer, d’une certaine façon, à travers le langage chorégraphique, dans la culture japonaise.

À découvrir à l’édifice Wilder, du 18 au 28 octobre 2017. Détails et billets par ici.


* Cet article a été produit en collaboration avec l’Agora de la danse.

 

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