crédit photo: Philippe Clavet
Daniel Bélanger

Daniel Bélanger au Vieux-Port de Québec | Ce que la vie retient en chanson

Daniel Bélanger a cette capacité rare de réunir plusieurs générations autour de sa poésie musicale, comme s’il incarnait à lui seul une mémoire affective commune. Vendredi dernier, il retrouvait son public à l’Agora du Vieux-Port de Québec pour un concert en plein air sur les rives du fleuve, livrant avec une sincérité désarmante les chansons qui, depuis plus de trois décennies, accompagnent nos vies.

Trente-trois ans après la parution de Les Insomniaques s’amusent, le lien reste intact. Son public – de 25 à 65 ans, et bien au-delà – chante chaque mot, chaque nuance, dans une communion émotive rare. Il ne s’agit pas ici de nostalgie figée, mais d’une œuvre vivante, actuelle, transgénérationnelle. Bélanger ne cherche pas à séduire, il propose — et c’est précisément cette posture humble qui touche.

Il entre en scène comme on entre dans un salon : sans artifice, sans prétention. Une silhouette discrète, un sourire reconnaissant. Il marche de gauche à droite pour saluer le public, lançant quelques gestes de gratitude. On se sent accueilli, présent. Déjà, on devine que la soirée sera celle des retrouvailles : avec soi-même, avec les autres, avec une œuvre qui traverse le temps.

Sa voix, toujours aussi distinctive, plane avec assurance sur un répertoire minutieusement cadré. Aucun effet superflu, mais un respect absolu pour les chansons telles qu’on les a apprises, aimées, intégrées. Une fidélité à la forme, au texte, au souffle.

Et pourtant, rien n’est figé. Dans son humour discret, un brin pince-sans-rire, il lance : « Ne me déconcentrez pas! » — une façon de rire, tout en gardant l’élégance. Autour de lui, un quatuor solide tisse des textures subtiles, entre groove feutré et nappes atmosphériques.

* Photo par Philippe Clavet.

Puis il y a le lieu. L’Agora du Vieux-Port de Québec. En bordure du fleuve, avec le Château Frontenac au loin, l’Édifice de la Douane et son architecture néo-classique, les colonnes doriques, et le bâtiment de la Commission du Havre érigé en 1914. À mesure que la brunante cède la place à la nuit, le décor se transforme, les lumières de scène s’intensifient. Le public s’installe dans les vastes estrades en demi-lune ou s’agglutine devant la scène. Tout est fluide, bien organisé. On voit bien. On entend bien. On est bien.

* Photo par Philippe Clavet.

Vingt-deux chansons. Deux heures de musique. Un parcours généreux à travers les grands classiques et les plus récents titres de Mercure en mai. Et même si quelques fans réclamaient Sputnik en sortie de salle, tous semblaient portés par un sentiment de plénitude et de gratitude.

Alors oui, peut-être qu’il incarne un peu notre Jacques Brel québécois. Non pas dans un lyrisme excessif, mais dans cette manière de donner sans réserve, de faire vibrer les mots et les cœurs. Merci Daniel d’être venu « travailler » à Québec ce soir. On s’est bien amusé.

* Photo par Philippe Clavet.

Une belle découverte: Jeanne Côté

Malheureusement, j’ai manqué la première partie assurée par Jeanne Côté. Pour m’en excuser, je suis allée écouter son album ce matin… et maintenant, je suis sincèrement triste de l’avoir manquée. Une belle voix d’alto, des textes bien ficelés, des mélodies sensibles, portées par un univers acoustique soigné : piano, claps, percussions discrètes et harmonies limpides. De la chanson poétique, bien construite, avec des refrains qui résonnent, comme ce vers qui m’est resté : « Je n’ai plus rien à perdre, il peut mouiller ! »

Daniel Bélanger n’a pas choisi au hasard. Jeanne Côté est une artiste québécoise à découvrir — ou à rattraper dès que possible. Elle sera d’ailleurs en concert le 9 juillet à 18h à la Place D’Youville, dans le cadre du Festival d’été de Québec.

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