Culture en action : un vaste chantier pour remettre la culture sur ses rails
Le projet à grand déploiement Culture en action, mené par le comité sectoriel de main-d’oeuvre en culture Compétence Culture, dévoilera la version officielle de son plan d’action 2023-2028 pour les ressources humaines en culture au printemps prochain. À la fin novembre se sont tenus sur quelques jours des évènements de concertation entre acteurs et actrices du milieu culturel, où la version préliminaire du plan a été dévoilée.
Un des objectifs de ces rencontres était celui de l’identification de « priorités par orientation », nous indique en entrevue la directrice générale de Compétence Culture, Pascale Landry. Le plan s’articule autour de quatre grandes orientations qui ont notamment à voir avec la mise en place d’un filet social, de meilleures conditions de travail et de parcours de formation « cohérents ». Tout cela en en misant sur la diversité.
Culture en action a été lancé en mars dernier, un peu moins d’un mois avant l’annonce du plan de relance sur trois ans de 225,8 millions de dollars de l’ex-ministre de la Culture et des Communications, Nathalie Roy. Les buts les plus criants derrière le grand chantier de Compétence Culture : comprendre les enjeux qui bouleversent le milieu culturel et trouver des solutions concrètes pour son avenir. Un sondage et des tables de discussion ont été menés depuis près d’un an pour parvenir à ces fins. « C’est plus de 1000 personnes qui ont participé [à Culture en action] », se félicite Mme Landry.
Des chiffres qui parlent
Comme le révèle une analyse de la firme AppEco commandée par Compétence Culture, le domaine est pour le moins mal en point. Ce sont 19 ooo personnes qui ont quitté le secteur culturel de 2019 à 2021. Fait saillant : 14 000 de celles-ci sont des femmes.
Comme le souligne Pascale Landry, la pénurie de main-d’oeuvre en culture est loin d’être le seul écueil relevé dans l’analyse. « Il y a de plus en plus de [gens qui ont un statut de] travail atypique, de travail autonome. Ça va avec l’augmentation de la précarité, parce que les conditions [de travail] sont moins protégées », explique-t-elle. La directrice générale porte aussi à notre attention l’augmentation du temps supplémentaire non rémunéré ainsi que le besoin de plus en plus fréquent pour des acteurs et actrices du secteur à occuper un autre emploi pour subvenir à leurs besoins de base.
Mme Landry, qui a longtemps baigné dans la culture en tant qu’artiste multidisciplinaire, est en bonne posture pour témoigner de la santé du milieu, plus fragile que jamais. « Et ça a commencé bien avant la pandémie », rappelle-t-elle.
Autre fait lisible dans l’analyse d’AppEco, et que Mme Landry juge pertinent de souligner : le PIB du secteur culturel atteint les 15 milliards, un nombre plus important que celui des secteurs des mines, de la fabrication de matériel de transport ou de l’hébergement et la restauration, par exemple. « Collectivement, on reconnaît le liant social de la culture, ses impacts identitaires et sur le développement régional, mais le poids économique, non. On dirait qu’on ne le sait pas, qu’on n’y pense pas », s’étonne-t-elle. Un poids qui mérite d’être mis de l’avant pour davantage crédibiliser le milieu, à ses yeux.
Besoin d’aide supplémentaire
Bien que le plan d’action est le fruit de travail acharné et de consultations sérieuses, un important bout de chemin est encore à faire, au niveau des partenaires notamment. Avant le dévoilement officiel au printemps prochain, Compétence Culture devra discuter avec différents ministères – dont le ministère de la Culture et des Communications, bien sûr, piloté par Mathieu Lacombe depuis un mois – en quête de financement et d’ententes. Et pour que ces dernières soient à la hauteur des ambitions de Culture en action, l’adoption d’une vision commune est cruciale, nous dit Pascale Landry.
« Les milieux qui s’en sortent le mieux sont ceux qui parlent d’une seule voix, soutient-elle. S’il y a consensus, c’est plus facile d’agir. » Un consensus est sans aucun doute ce vers quoi tend Culture en action, à voir la diversité d’acteurs et actrices qui ont pris part au dévoilement du plan préliminaire, auquel Sors-tu? a assisté. Danse, théâtre, arts visuels et musique, notamment : tous les milieux y étaient pour tranquillement solidifier cette « vision commune ».
« C’est la première fois que ça se fait, dans le milieu, une mobilisation de ce type-là », s’enthousiasme Pascale Landry.
- Artiste(s)
- Culture en action
- Ville(s)
- Montréal
- Catégorie(s)
- Arts visuels, Cinéma, Danse,
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