Critique spectacle | Le Cirque du Soleil présente KURIOS – Cabinet des curiosités au Vieux-Port de Montréal

C’était soir de grande première pour Le Cirque du Soleil, qui présentait jeudi soir en première mondiale son nouveau spectacle KURIOS – Cabinet des curiosités. Conçu et mis en scène par Michel Laprise, le nouveau show du Cirque sera présenté sous le Grand Chapiteau dans le Vieux-Port de Montréal jusqu’au 13 juillet, puis à Québec dès le 24 juillet.

Et il y a longtemps que l’on n’avait pas eu autant de plaisir à un spectacle du Cirque du Soleil.

Pour souligner ses 30 ans d’existence, l’institution québécoise reconnue mondialement a accouché de son 35e spectacle en carrière. Après autant de temps, on ne se cachera pas que la formule s’épuisait depuis les dernières années, que le Cirque peinait à se renouveler. Ce n’est plus un secret pour personne que la structure même de l’entreprise éprouve des difficultés depuis quelques temps.

Alors à quoi s’attendre d’une énième production? S’il y a une chose de sûre, c’est qu’avec KURIOS, le Cirque du Soleil parvient à se réinventer au moyen de la simplicité et du retour aux bases.

Kurios nous plonge dans un univers purement circassien, festif, où le plaisir et la comédie sont protagonistes. Le Cirque s’éloigne (certains diront enfin) des métaphores profondes et des histoires aux questionnements philosophiques. Kurios ne répond pas à une quête, sauf peut-être au plaisir coupable de la curiosité.

Dès les premières minutes, le Chercheur nous propulse dans son bric-à-brac impressionnant, ce monde où le temps s’arrête à 11:11 et où « la réalité est relative » comme nous l’annonçait la bande-annonce. Il y trônent ses nombreuses inventions, ses « cossins », ses « kurios » quoi, qui nous emmènent à la rencontre de personnages amusants (mention spéciale aux siamois qui courent d’un bout à l’autre de la scène et qui rappellent énormément le tandem Tweedledee et Tweedledum du Pays des Merveilles d’une certaine Alice…). On se croit dès lors transportés dans l’univers des Temps Modernes de Chaplin, parmi les tas de ferrailles et les engrenages formant un décor ingénieux et efficace.

Les numéros d’ouverture et de retour d’entracte sont particulièrement intéressants, rassemblant tous les artistes et souvent même les musiciens sur la scène dans une ambiance de fête extrêmement contagieuse. Il faut dire que les numéros de groupe sont d’ordinaire assez réussis au Cirque.

L’élément clé ici, c’est la musique. Elle sert énormément la vivacité de KURIOS et lui insuffle une énergie irrassasiable. Délaissant les habituels rythmes du monde, le Cirque propose cette fois-ci des mélodies tantôt électro-swing, tantôt jazz manouche, qui font souvent penser à Caravan Palace ou Parov Stelar. Et ça dégourdit. Il y a longtemps qu’un spectacle n’avait pas suscité tant d’intérêt et de réaction de la part du public, les spectateurs unis à tout moment dans une même émotion frôlant la camaraderie.

Photo par Richard Mercier

Photo par Richard Mercier

La formule réussit même à rendre les numéros de contorsionnisme ou de trapèze (remplacé ici par un vélo) intéressants et ludiques, créant de superbes images. Et c’est sans parler des numéros d’équilibre qui sont littéralement à couper le souffle. Véritables tours de force et ingénieux concepts (on pense à l’effet miroir tridimensionnel du numéro des chaises).

Même le clown, interprété avec brio par David-Alexandre Després, a tout à fait sa place au Cabinet des curiosités du Chercheur. Si ces numéros humoristiques créent très souvent des longueurs dans les productions du Cirque du Soleil, dans le cas de KURIOS, on en redemanderait. Le cirque invisible est un bon « flash », mais le numéro qui vole réellement la vedette, c’est l’imitation féline absolument hilarante de Després qui fera assurément couler des larmes sur vos joues et gardera votre rate bien dilatée.

Photo par Richard Mercier

Photo par Richard Mercier

Avec KURIOS – Cabinet des curiosités, le génie de Michel Laprise permet au Cirque du Soleil de se réapproprier sa marque et surtout, sa réputation, qui l’a propulsé au rang des meilleurs producteurs de spectacle de cirque au monde. Un spectacle bien ficelé, qui passe trop vite et qui nous permet enfin de renouer avec l’essence et les racines même du cirque.

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