Les Zapartistes

Critique | Les Zapartistes présentent Zap 2012 au Métropolis de Montréal

Après une année 2012 particulièrement mouvementée au Québec, la traditionnelle revue de l’année des Zapartistes, Zap 2012, aurait bien pu durer 12 heures.  Le tri éditorial des humoristes engagés a finalement donné lieu à un spectacle grinçant de près de 3 heures, principalement axé sur la crise étudiante et les élections provinciales. 

« Lumineuse » : c’est le terme employé par Christian Vanasse pour qualifier 2012. Il faut dire que lorsqu’on fait de la satire politique son gagne-pain, les remous du printemps et de l’automne sont finalement de bien bonnes nouvelles.

C’est d’ailleurs avec une certaine dose de malice que les Zaps se réjouissent tout haut des nombreuses têtes qui roulent: le maire de Laval Gilles Vaillancourt, celui de Montréal Gérald Tremblay, la ministre libérale Line (« Liche ») Beauchamp (représenté par une marionnette) et, bien sur, Jean Charest, dont la fameuse perruque frisée passe un mauvais quart d’heure.

Lors de cette première heure, Vanasse, François Patenaude, Brigitte Poupart, Vincent Bolduc et Jean-François Nadeau abordent surtout la crise étudiante, avec une présence soutenue de Jean Charest, bien imité par Jean-François Nadeau.  L’ex-Premier ministre, présenté comme un opportuniste tentant de gagner ses élections sur les dos des étudiants, chemine vers une défaite stratégique bien illustrée, avec beaucoup de mordant et de sarcasme. Une judicieuse réflexion sur l’infâme « majorité silencieuse » frappe très fort.

En ce qui a trait aux personnalités étudiantes, le jupon des Zaps dépasse de façon démesurée, il fallait s’y attendre. Les leaders étudiants sont dépeints comme autant de messies, les carrés rouges comme une troupe de visionnaires victimes d’un dénigrement injuste par la classe politique. Les carrés verts, eux, ont plutôt droit à un traitement assez cruel merci.

Cette première moitié de spectacle, qui comportait également une hilarante parodie des débats électoraux provinciaux, se termine sur l’évocation d’un événement assez délicat, surtout en ces lieux : le discours d’élection de Pauline Marois, interrompu par l’incident qu’on connaît. Les Zaps abordent le questionnement presque tabou : s’agissait-il d’un attentat politique?  Étrangement, on ne sait pas trop où les Zapartistes veulent en venir.

 

Après l’entracte: les scènes fédérales et municipales

La deuxième partie sera davantage punchée et variée. On reprend avec un Ron Fournier découragé du lock-out et qui invite ses auditeurs à « jaser d’autre chose », ce qui donne évidemment lieu à de nombreux gags politiques employant habilement le lexique sportif.

La politique municipale y passe aussi : Bolduc est très convaincant lorsqu’il prête ses traits à un Régis Labeaume un peu simplet, puis d’un Jean « Là Là » Tremblay clérical.  Jean-François Nadeau, lui, éblouit avec sa parodie du discours de démission du maire de Montréal Gérald Tremblay, (volontairement) long et sans punch. Très réussi.

La scène fédérale n’y échappe pas: un Stephen Harper autoritaire (encore une fois Nadeau) nous rappelle que pendant que les Québécois ne portent pas attention à ce qui se passe à Ottawa, son pouvoir et ses idéologies gagnent du terrain.  Un vibrant monologue de Nadeau (toujours lui) dans la peau d’un pêcheur néo-brunswickois contraint de combler la saison morte en acceptant un job d’esthéticien à 37km de chez lui aborde également les lourds effets des lois omnibus de Harper. « Quand l’homme est trop occupé à regarder son nombril, il ne voit pas passer les mammouths », souligne-t-il avec justesse.

Toujours frondeurs, Les Zapartistes affichent cette année une acerbité renouvelée, presque mal intentionnée en début de spectacle. Les textes sont toujours très habiles et le jeu généralement réussi, même si certains punchs tombent à plat. Assez rarement, toutefois.

Les nouveaux venus de l’an dernier (Bolduc et Nadeau) semblent de plus en plus à l’aise avec la formule, ce qui augure bien pour la suite des choses. À lui seul, Jean-François Nadeau comble très bien l’absence de François Parenteau, dont le retrait des Zaps en 2011 semble bel et bien définitif.

Visiblement le capitaine du bateau, Christian Vanasse n’a plus de preuve à faire en tant que maître de cérémonie, ni dans ses nombreux personnages colorés, alors que ses acolytes François Patenaude et Brigitte Poupart brillent dans leurs rôles récurrents.

Zap 2012 sera présenté au Métropolis à nouveau vendredi, samedi et dimanche soirs (28, 29 et 30 décembre), ainsi qu’à Terrebonne, Québec, Gatineau, Sherbrooke, Joliette et Trois-Rivières en janvier 2013 (voir dates ci-bas). Fortement recommandé pour les adeptes d’humour politisé.

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