Elisapie

Critique | Elisapie au Centre PHI

Jeudi dernier avait lieu le dernier concert de la tournée Travelling Love d’Elisapie Isaac au Centre Phi, dans le Vieux-Montréal. La chanteuse d’origine inuit a offert une prestation toute en force et en finesse, qui rendait l’écoute de ses chansons différentes de l’expérience CD. Plus d’émotion, plus d’effervescence malgré un dépouillement au nombre de musiciens, et c’est tant mieux.

Dans l’espace chaleureux et intime du Centre PHI, deux dizaines d’ampoules sont suspendues au-dessus de la scène.  Le tiers du public s’est installé directement parterre, comme pour patienter.  Mais quand la belle débarque, tout en rondeur, enceinte d’au moins six mois, personne ne songe à se lever, non pas par manque de ferveur, mais plutôt parce que c’est ce qu’inspire la musique d’Elisapie Isaac ; l’esprit de famille, de communauté.

Elle le souligne elle-même après la première chanson ; « qu’est-ce que vous faites par terre comme ça?  Vous faites comme dans le grand nord ! », se moque-t-elle, visiblement touchée de la présence de quelques dizaines de fans en ce dernier spectacle de sa tournée Travelling Love.

De sa voix cristalline se détache la force et la soif de vivre habitant cette artiste toute singulière, issue d’un petit village innuk.  Ses mélodies inspirées des étendues nordiques où le vent berce l’horizon font l’effet d’une enveloppante berceuse, jamais triste, toujours enivrante.

Il faut dire qu’elle s’est entouré de musiciens de talent qui passent d’un instrument à l’autre avec aisance.  Durant Moi, Elsie, Manuel Gasse fait preuve de virtuosité au piano, tandis que le rejoint Gabriel Gratton pour une interprétation à quatre mains de I’m Leaving You in Paris, absolument divine.

Les arrangements vocaux apportent aussi beaucoup de richesse à plusieurs morceaux, ajoutant émotions aux interludes musicaux chevauchant les paroles.  Parce qu’elle compose aussi ses vers en innu, les harmonies et le rythme nous charment totalement, sans avoir à comprendre le sens, tout comme une certaine Jorane il y a quinze ans.

Elisapie prendra donc une pause méritée, grossesse oblige, et pourra se rassurer que son public l’attendra, elle qui a remporté le Félix de l’album anglophone de l’année au dernier Gala de l’ADISQ.

Au-delà de sa personnalité rayonnante et rassembleuse, Elisapie Isaac peut se targuer d’offrir une musique pop unique, offrant sérénité et enchantement, fougue et sincérité, faite dans un souci de qualité artistique et musicale.

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