The Weeknd

Critique album | The Weeknd – Kiss Land

The Weeknd - Kiss Land The Weeknd Kiss Land

Pour faire suite au coffret-trilogie (nommé, eh bien, Trilogy) qu’il a lancé l’an dernier, le chanteur ontarien à la voix d’or The Weeknd propose Kiss Land, recueil sombre et sensuel de R&B moderne. L’adjectif « moderne » est important, puisque l’artiste est une des figures les plus importantes du renouveau de ce genre. Et avec Kiss Land, il s’installe en tant que roi et maître.

Parce que force est d’avouer que depuis le milieu des années 2000, le R&B qui fréquente les palmarès a stagné, voire est devenu la caricature d’un patron usé et surusé. Les voix toujours plus mielleuses, les arrangements toujours plus prévisibles, T-Pain…

À ceci Abel Tesfaye (parce que non, The Weeknd n’est pas son original patronyme) et quelques contemporains, Cocaine 80’s entre autres, mettent un frein. Au programme plutôt : ambiances électro planantes mais rock et parfois glauques, plus paroles crues.

Pensez Dirty Diana de Michael Jackson. En fait, cette chanson a très probablement servi de canevas pour tout le travail de Tesfaye tellement elle colle à son son. Les comparaisons avec le Roi de la pop sont d’ailleurs inévitables, surtout dans les pièces plus rythmées genre Wanderlust ou Odd Look, offrande de Kavinsky et de sa french touch.

Cette reprise d’Odd Look (la chanson existait déjà dans le portfolio de Kavinsky) est sans contredit le meilleur titre de l’album, peut-être même le meilleur de la jeune carrière de Tesfaye, disons-le. La mélodie vocale est dans le mille, et la production est simplement géniale.

Beaucoup des coups de génie de l’album viennent d’ailleurs de la portion instrumentale.  C’est le cas de Belong to the World, qui échantillonne Portishead. Ce qui discrédite un peu le chanteur, parce que sans ces rythmes, peut-être ne serait-il qu’une autre belle paire de cordes vocales.

Live For et son riff de guitare classique juxtaposé à une armée de percussions inventives donne pareillement l’impression qu’elle pourrait aussi bien vivre en tant que pièce instrumentale. Surtout qu’à peu près tout ce que répète The Weeknd pendant les 4 minutes qu’elle dure c’est « This is the shit that I live for », en boucle. Heureusement, le caméo rap de son confrère canadien Drake vient y ajouter un peu de vie.

Mais franchement, Kiss Land est un album d’une qualité exceptionnelle, surtout du fait qu’il amène un style musical entier dans une direction nouvelle.

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