The Cranberries

Critique Album: The Cranberries – Roses

The Cranberries - Roses The Cranberries Roses

Le 27 février dernier, le groupe irlandais The Cranberries nous revenait avec Roses, son sixième album studio et ce, après une absence sur disque de dix ans. Réalisé par Stephen Street, l’homme derrière la plupart de leurs précédentes œuvres, Roses n’offre malheureusement que bien peu de plaisir à quiconque s’attendait à un retour en force du groupe. Au contraire, le tout est très mou et manque définitivement de mordant.

Un groupe ne peut-il évoluer? Doit-il continuellement répéter ad nauseam la formule qui lui a valu le succès? Non, bien sûr. Il aurait été irréaliste de s’attendre à trouver une autre Zombie ou même une Linger sur ce nouvel album. En comparaison, plusieurs formations nées à la même époque ont fait prendre différents chemins à leur musique avec succès. C’est le cas de Radiohead, qui s’est éloigné très tôt du style de Creep.

Mais les derniers albums de The Cranberries, il y a dix ans, nous avaient laissés avec un arrière-goût un peu désagréable, avec leur côté prêchi-prêcha ennuyeux, ou encore leur tendance à mettre l’emphase sur les joies de la maternité et de la vie, gracieuseté d’une Dolores O’Riordan qui s’enlisait dans une vie plus « adulte ». Alors on espérait que, après leur réunion il y a deux ans et une tournée mondiale à jouer soir après soir leurs grands succès, ils auraient retrouvé la flamme des débuts.

Mais force est d’admettre que ce n’est pas le cas. D’un côté, on retrouve avec plaisir la voix de Dolores O’Riordan, toujours bien en place, aussi belle qu’avant, plus mature et plus contrôlée. Et le jeu des frères Hogan (Noel à la guitare et Mike à la basse) ainsi que celui de Fergal Lawler à la batterie se marie toujours aussi bien à la voix de la chanteuse. Sauf que le groupe a opté pour une approche plus soft rock, et non le côté revendicateur qui l’a fait connaître. L’ensemble
manque définitivement de tonus.

La réalisation de Stephen Street sert quand même bien le groupe et les chansons, mettant beaucoup l’emphase sur la douceur des guitares et autres instruments à corde (le groupe a fait appel au Duke Quartet pour certaines pièces). On reconnaît bien le groupe et ses sonorités typiques. Écouter Roses est un peu comme mettre des pantoufles confortables pour quiconque a connu la grande époque de la formation.

Cependant, c’est lent, ça manque de nerf. Et un disque des Cranberries ne devrait rien avoir de confortable. Dolores chuchote souvent les paroles. On est très loin de ses hymnes enragés à la I Just Shot John Lennon, Salvation ou Free To Decide. Rien d’aussi accrocheur ici.

Il y a bien Show Me The Way qui fait un peu penser au vieux Cranberries, mais la pièce retient notre attention probablement parce qu’elle joue à la radio depuis plusieurs mois et est ancrée dans notre esprit. Ceci dit, c’est l’une des pièces les plus up-tempo de l’album (avec Tomorrow), et une bonne chanson somme toute, quoiqu’un bien pâle reflet de ce que le groupe nous a déjà offert dans le passé.

La pièce titre, qui clôt le tout, est un autre beau moment de l’album, une pièce acoustique au texte émouvant. D’ailleurs,  si on prend le temps de l’apprivoiser, c’est un disque plutôt agréable, mais il ne faut pas s’attendre au Cranberries revendicateur d’antan.

Contrairement à Sinead O’Connor, autre irlandaise qui vient de lancer un disque provocateur, The Cranberries s’enlise dans un son mollasson un peu trop propre et gentil.

Ce n’est pas un mauvais disque en soi. C’est simplement… lassant. Du point de vue sonore, on y retrouve le son distinctif de la formation, sans le côté corrosif des débuts. D’un point de vue thématique, le disque n’offre rien de pertinent en 2012. Le groupe n’a visiblement rien à dire sur notre époque, comme si les membres de The Cranberries avaient cessé d’évoluer, ou laissé tomber le combat, il y a belle lurette.

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