Critique album | Lorde – Pure Heroine
Difficile d’aborder le sujet du premier album de Lorde sans souligner à double trait son âge. Après tout, un album pop tout à fait accompli, bien écrit, aux arrangements inspirés et aux sonorités en diapason avec son époque, ce n’est généralement pas l’affaire d’une jeune fille de 16 ans. C’est pourtant le cas d’Ella Yelich-O’Connor, jeune prodige néo-zélandaise qui débarque dans l’industrie de la musique avec un premier album électro-pop remarquable.
À une époque où les starlettes trentenaires agissent comme des gamines et misent sur la vacuité pour attirer l’attention, la maturité d’une jeune mineure a de quoi fasciner. Que ce soit construit ou non, le « personnage » Lorde est rafraîchissant : l’anti-héroïne, désabusée et fragile, qui observe avec un certain cynisme la réalité du quotidien et en fait des chansons finement construites, entraînantes sans la moindre trace de bling-bling.
Au-delà de l’image et du discours que l’on tente de nous vendre au sujet de l’authenticité de l’artiste, son premier album Pure Heroine aurait de quoi convaincre les plus sceptiques par le pure force des chansons qui y sont présentes.
Au niveau des ambiances musicales, la pop de Lorde se rapproche davantage des Lykke Li, Lana Del Rey, voire même The XX, que les insipides Britney, Miley ou Minaj. L’enrobage est à tendance électro-pop, les rythmes généralement mid-tempo et des effluves de R&B teintent quelques titres.
Les sonorités sont riches, et les propos aussi. Coécrits avec le producteur Joel Little, qui aurait apparemment « aidé à extirper les chansons de sa tête et en faire des petits vers d’oreille », les textes évoquent habilement l’ennui, la désillusion et les soucis ordinaires d’une jeunesse blasée mais davantage capable de réfléchir qu’on aurait tendance à l’imaginer.
Voilà qui est rassurant, à une époque où le « twerking » semble être davantage un gage de succès qu’un quelconque don musical…
À écouter : White Teeth Teen, Tennis Court, Royals, 400 Lux
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