Kanye West

Critique album | Kanye West – Yeezus

Kanye West - Yeezus Kanye West Yeezus

Qui d’autre que Kanye West pour lancer un album au titre aussi suintant d’humilité que Yeezus, fin mix entre son propre nom et celui du fils du Créateur ? Probablement personne. Est-ce que l’album en question rend justice à cette prétention ? À moitié.

Peut-être le plus gros défaut de cet opus est-il par contre seulement d’être le successeur de My Beautiful Dark Twisted Fantasy. Parce qu’après avoir pondu une œuvre aussi encensée et novatrice, il faut particulièrement assurer dans le travail futur pour qu’on ne nous relègue pas sans cesse au rang de l’artiste qui a déjà pressé tout son jus et qui n’est plus capable de rien d’aussi magistral.

Sauf qu’alors que sur My Beautiful Dark Twisted Fantasy on innovait, sur Yeezus, on retourne à l’inverse en terrains plus connus.

C’est la vengeance du Kanye West sous Auto-Tune. C’est l’apogée de l’utilisation de samples archi-connus (ceux de TNGHT, entre autres). C’est l’apothéose du rap égocentrique et mégalomaniaque (voir la pièce I Am God).

Mais c’est aussi, de manière plus intéressante, un disque plein d’électro à la limite du futuriste, d’un peu de reggae (I’m In It) et de trap pesant. Si les moments électros plus excentriques rendent d’ailleurs l’écoute un peu plus complexe, voire cérébrale, n’en reste pas moins que ces expérimentations font foi d’une recherche poussée, et annonce peut-être un renouveau qu’on n’aura même pas vu venir.

C’est le type d’album qui se découvre en fait avec les écoutes multipliées.

La brochette de copains que West a une fois de plus su concocter rend aussi l’œuvre plus diverse. Daft Punk, Justin Vernon, TNGHT, Kid Cudi, même s’ils sont pas mal tous des collaborateurs récidivistes, apportent une fraîcheur que West n’aurait pu apporter seul.

Bref, aussi sombre et punchée que sa précédente offrande, sans la grandiloquence qui caractérisait cette dernière. Plus proche peut-être de ce que laissaient miroiter Watch The Throne et la compilation Cruel Summer.

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