Godspeed You! Black Emperor

Critique album | Godspeed You! Black Emperor – Allelujah! Don’t Bend! Ascend!

Godspeed You! Black Emperor - Allelujah! Don't Bend! Ascend! Godspeed You! Black Emperor Allelujah! Don't Bend! Ascend!

Contre toute attente, le mythique groupe post-rock montréalais Godspeed You! Black Emperor lance Allelujah! Don’t Bend! Ascend!, premier album depuis 2002. Notre collaborateur Mathieu Romero et notre rédacteur en chef Marc-André Mongrain comparent leurs impressions de cette nouvelle oeuvre de GY!BE.

Mathieu Romero  http://1.gravatar.com/avatar/5759cdb2d9954fd3cc87c7efe4049400?s=46&d=http%3A%2F%2F1.gravatar.com%2Favatar%2Fad516503a11cd5ca435acc9bb6523536%3Fs%3D46&r=GÉtant l’un des groupes de post-rock les plus audacieux, mystérieux et sombres, Godspeed! You Black Emperor effectue un retour tout en beauté sur ce nouvel album.

Il y a bien sûr une petite déception à savoir qu’on a affaire à 2 titres principaux déjà entendus live: Mladic (anciennement Albanian) et We Drift Like Worried Fire (anciennement Gamelan). Mais une fois celle-ci passée, on réalise que Godspeed subjugue toujours autant.

Si les ambiances apocalyptiques et les hymnes révolutionnaires demeurent (bruit de casseroles à la toute fin de Mladic), ils s’effacent au profit des nombreuses et magnifiques effusions sonores qui dévoilent plus que jamais ce que la musique du groupe doit au rock des années 70.

Il y a un retour des insertions de monologues occultes, qui viennent illustrer la peur d’une guerre nouvelle pendant les 30 premières secondes de Mladic. Aussi, ce bruit de goélands, joué au violoncelle, qui annonce un danger qui est tout proche.  On est vraiment dans l’esprit de Godspeed.

Un élément dans l’album surprend énormément: après plusieurs écoutes attentives, l’extrait, à 18:50, de We Drift Like Worried Fire, ressemble étrangement à un extrait, à 3:20, de The Shock Of The Lightning d’Oasis.  Mais bon, on a déjà vu pire.

 

 

Marc-André Mongrain  Quiconque doutait de la pertinence du retour de Godspeed après 7 ans d’absence – doute raisonnable, étant donné l’épuisement relatif du mouvement post-rock – sera comblé par ce retour en forme.

Tout l’album est effectivement inspiré par l’esprit de « petite révolte » du printemps érable.

Magnifique oeuvre d’ouverture, Mladic cultive une tension presque insoutenable pendant 20 minutes et prend la forme d’une composition progressive ponctuée de déflagrations musicales électriques et parsemée de bourdonnements angoissants. Vers 9:00, l’aventure musicale passe par une évocation d’un autre Printemps – plus lointain pour nous, mais aussi plus intense –  par le biais d’un thème aux effluves anatoliens. Le tout se termine par un rythme de casseroles auquel les Québécois s’identifieront à coup sûr. Le groupe l’avait interprétée au FME. On en tremble encore… maintenant dans notre salon.

Their Hellicopters’ Sing exploite un seul accord pendant 6 minutes 30. Escalade nerveuse qui se conclut par ce qui s’apparente à un bruit de réveil-matin.

We Drift Like Worried Fire est la pièce la plus mélodique et dramatique de l’ensemble. Elle contient bien sûr des crescendos de guitares, mais on vise davantage la splendeur que l’angoisse en quatre mouvements bien distincts mais finement rassemblés. En fait, le troisième contient des battements de caisse claire style musique militaire, mais on est loin de la panique de Mladic.

Les contrastes entre les guitares distordues et la splendeur des instruments à cordes (violon, violoncelle, contrebasse) ont évidemment fait l’objet d’un travail d’orfèvre sur le plan des arrangements.

À l’instar de la deuxième piste, la finale est un long ronronnement d’une virulence graduelle, qui se brise vers les 4:30. Au terme de cette pièce intitulée Strung Like Lights At Thee Printemps Erable, l’auditeur est laissé à lui-même avec un souvenir tiraillé entre l’apaisement et le malaise.

Exigeant, mais vibrant. 

* Disponible en version CD ou vinyle dès le 16 octobre sous l’étiquette Constellation Records.

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