Critique album | A$AP Rocky – Long.Live.A$AP
Long.Live.A$AP, premier album en règle du rappeur A$AP Rocky, incarne le rap nouvelle-vague, et a tout pour fêler les haut-parleurs appartenant autant au d’habitude retissant amateur de hip-hop vielle école qu’au jeune fana d’indé. La performance d’A$AP n’est pas en soi un lingot, mais l’œuvre prise dans son ensemble brille.
L’album en question n’offre peut-être pas de technique ou concept inédits, mais résume à lui-seul le mouvement pouvant être qualifié de « post-rap » qui s’infiltre dans les sphères populaires des dernières années. Univers musical glauque faisant de l’œil au grave wave, tempos lents et lourds, ton de voix constamment descendu. En tout ceci assez semblable aux Mellowhype et autres fragmentations du collectif Odd Future.
Mais A$AP apporte, plus que ses confrères d’OFWGKTA, une armée de collaborateurs venant élargir l’éventail des directions sonores possibles. Santigold, 2 Chainz, et, sur la version deluxe, la de-plus-en-plus-rap (elle est aussi samplée sur le dernier album de The Game) Florence Welch (de Florence & The Machine).
Malheureusement, à vouloir s’entourer des plus talentueux et/ou plus excentriques, il est possible de rencontrer le problème suivant : Ça se peut que certains membres de cette élite te fassent de l’ombre.
C’est à peu près ce qui arrive ici.
Sur 1 Train, ce sont des Kendrick Lamar et Yelawolf particulièrement en forme qui relèguent A$AP au rang de stagiaire qui fait le café. Lamar fait d’ailleurs la même chose sur F**kin’ Problems et confirme son titre d’éclipse.
Skrillex appose quant à lui, de force dirait-on, sa signature sur Wild For The Night, « photobombant » un cliché qui au départ aurait dû inclure Rocky et Birdy Nam Nam.
Mais c’est la seule collaboration qui semble imposée, et peut-être n’est-ce que de par la sursaturation de touches dubstep larguées à toutes les sauces depuis la montée au top de ce genre, ou simplement parce que Skrillex possède un son trop distinct pour être placé au deuxième rang.
N’en reste pas moins que côté purement musical, production et construction, l’album en jette. Il fige le rap dans son incarnation la plus contemporaine et nous permet de nous faire une idée de ce qui s’en vient à court/moyen terme pour la musique urbaine.
Et Goldie est une sacrée bonne chanson.
* A$AP Rocky assurera la première partie de Rihanna au Centre Bell, le 17 mars.
ASAP Rocky – Goldie (Explicit) from Kimao on Vimeo.
- Artiste(s)
- A$AP Rocky, Birdy Nam Nam, Florence + The Machine, Santigold, Skrillex, The Game, Yelawolf
- Catégorie(s)
- Rap/Hip-hop,
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