Concert de l’OSM | Brahms selon Vasily Petrenko

L’Orchestre Symphonique de Montréal a cette semaine un invité de choix en la personne de Vasily Petrenko que nous entendons régulièrement à la tête de cet orchestre. L’un des préférés du public montréalais a encore une fois fait honneur à l’estime qu’on lui voue dans un programme très romantique autour de Schumann et Brahms ponctué d’une oeuvre du grand compositeur québécois Serge Garant. La série de trois concerts a également mis en vedette mercredi soir le violoniste Blake Pouliot, vainqueur du concours OSM-Manuvie, édition 2016 puis le pianiste Javier Perianes jeudi et samedi soirs.

Le soliste de jeudi, le pianiste Javier Perianes d’origine espagnole, faisait ses débuts avec l’OSM dans le concerto pour piano de Schumann. Cette large pièce, emblématique du romantisme classique, demande beaucoup de délicatesse et de sensibilité. On y retrouve aussi, à certains endroits, la folie caractéristique de l’esprit tortueux du compositeur (il est décédé dans un asile très jeune) et c’est ce qui en fait un chef d’oeuvre.

Malheureusement, l’interprétation de Perianes, fut, à notre humble avis, convenue et parfois sèche, alors qu’à d’autres moments, le jeu était bien trop maniéré. Schumann est difficile à interpréter puisqu’il faut trouver l’équilibre entre le romantisme exacerbé et l’intime tendresse. Jeudi soir, le concerto a été déroulé de manière fluide mais justement un peu trop. On aurait souhaité plus de recherches et de variétés dans les qualités du son, plus de contrastes dans les nuances douces et une sonorité plus ample et moins raide dans les passages éclatants. Il nous a manqué la folie de Schumann même si on peut reconnaître au pianiste une grande aisance technique et un jeu très clair.

Vasily Petrenko cependant a supporté son soliste dans ses choix de tempo. Dirigeant d’une manière souple, il a réussi à produire un accompagnement élégant et bien dosé tandis que les solos des instruments à vent ont été de haut calibre.

La pièce de Serge Garant, Plages, fut interprétée avec beaucoup de couleurs. Le titre ne se réfère pas aux grandes étendues de sable mais à une suite de cinq textures orchestrales différentes enchaînées les unes aux autres. Et justement, Petrenko a proposé de grands contrastes dans ces textures, rendant la musique colorée et beaucoup plus intéressante. Nul doute que cette interprétation a fait la fierté du public québécois.

La Symphonie n°1 de Brahms, quant à elle, fut grandiose. Très exigeante pour les pupitres des vents, on y a vu des musiciens impliqués et soucieux de rendre justice à cette magnifique musique. D’ailleurs, pas un seul incident ne fut à relever. Cette symphonie alterne passages bucoliques et moments tourmentés, presque angoissants. Bien qu’on considère Brahms comme l’héritier de Beethoven sur le plan orchestral et compositionnel, on ne peut s’empêcher de remarquer que l’on a déjà dépassé le compositeur pré-romantique dans le maniement des textures orchestrales.

Petrenko sait ce qu’il veut et comment y arriver. Il emmène ainsi l’orchestre dans de forts contrastes, lui donnant toute l’amplitude qu’on est capable d’en tirer afin de le faire sonner comme les grands. On y a senti une véritable connexion entre les différentes sections et de beaux échanges de thèmes dans cette interprétation qui fut, somme toute, assez classique.

Dans le long final, on pourrait regretter certaines petites baisses d’énergie mais ce n’est qu’un détail : on sait à quel point cette symphonie est difficile à mener de bout en bout et Petrenko a réussi à donner une belle cohésion à l’ensemble grâce à une direction ni trop exacerbée, ni trop peu engagée.

Le concert sera donné une dernière fois samedi soir, à la Maison Symphonique.

 

 

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