crédit photo: Robert Etcheverry
Boucar Diouf

Boucar Diouf au Grand Théâtre de Québec | Le rire en équilibre sur la ligne humaine

C’était le 29 mars, dans le très confortable Grand Théâtre de Québec, mais Boucar Diouf nous a emmenés bien plus loin. Dans un espace où la science croise la sagesse, où l’humour embrasse la profondeur. Avec le spectacle Nomo Sapiens, qu’il présentera encore quelques fois avant de clore sa tournée, il offre bien plus qu’un spectacle : il propose une vision du monde, tissée d’intelligence, de tendresse et d’ironie douce.

Dès les premières minutes, une chose est évidente : Boucar est habité d’une gratitude sincère. Il s’adresse à nous comme à des amis qu’il est heureux de retrouver. Et ce lien, il le nourrit du début à la fin.

C’est un professeur-narrateur. Il guide, il explique, il illustre. Ce qu’il livre, c’est un exposé comique sur les fondements de notre humanité. Une leçon de biologie existentielle, saupoudrée d’anecdotes, d’images savoureuses et d’un rire contagieux. C’est lumineux, accessible, et profondément ancré dans une réflexion humaniste.

Boucar Diouf est originaire du Sénégal, mais c’est à Rimouski qu’il a appris à connaître les Québécois, dans le froid, les paysages ouverts, et la chaleur humaine du Bas-Saint-Laurent. Avec son regard à la fois curieux et affectueux, il propose une hypothèse pour expliquer certaines particularités du français québécois : selon lui, c’est le frette, le froid mordant, qui aurait influencé les changements linguistiques de cette belle langue bien à nous. Une langue que l’on manie tous les jours avec naturel, mais qui, à y regarder de plus près, regorge d’étrangetés savoureuses et de trouvailles ludiques. Si bien des mystères demeurent quant à son évolution, Boucar avance une théorie originale… qui, dans sa bouche, devient soudain tout à fait plausible.

Le décor, composé de deux demi-anneaux entrelacés, évoque les sphères d’influence de notre espèce : les bonobos d’un côté, les chimpanzés de l’autre. Au centre, l’humain, en quête d’équilibre, funambule fragile sur le fil de l’évolution. Ce n’est pas qu’un ornement scénique : c’est une métaphore habitée.

Il est difficile de résumer ce spectacle, tant il repose sur un fil logique et fluide, une pensée en mouvement où chaque rire prépare une idée, et chaque idée un autre rire. C’est un tissage fin, une narration en spirale. Et chacun dans la salle y trouve sa propre lecture.

Avec sa voix posée, son calme désarmant, et sa capacité à dire les choses les plus complexes avec simplicité, Boucar incarne ce qu’il transmet. Il rend hommage à la connaissance sans jamais écraser, et fait rire sans jamais diviser.

Et surtout, il nous rassemble. Il nous rappelle que rire ensemble, réfléchir ensemble, c’est ce que notre espèce sait faire de plus beau.

En fin de parcours, il confie à son public qu’il prépare ce qui pourrait être son dernier spectacle. Et, comme pour prolonger l’instant, il nous garde debout dans un long récit, les jeunes comme les vieux, suspendus à ses mots. Il partage avec générosité les racines de sa prochaine création, comme une promesse d’un dernier chapitre à venir.

Merci, Boucar, pour cette leçon d’humanité. Et pour ce moment précieux où chacun de nous s’est senti un peu plus… sapiens.

Prochains spectacles de Boucar Diouf

5 avril 2025 – Théâtre Manuvie – Brossard
16 avril 2025 – Salle Odyssée – Gatineau
25 avril 2025 – Centre des Arts Juliette-Lassonde – St-Hyacinthe
27 avril 2025 15:00 et 19:30 – Théâtre Hector-Charland – L’assomption
31 mai 2025 15h00 et 20:00 – Théâtre des Patriotes – Ste-Agathe
7 juin 2025 – Centre multifonctionnel Rolland-Dion – St-Raymond
7 août 2025 – La vieille usine – Cap-d’Espoir
8 août 2025 – La vieille usine – Cap-d’Espoir
21 août 2025 – Le Zénith – St-Eustache
22 août 2025 – Le Zénith – St-Eustache
11 septembre 2025 – Salle Désilets – Montréal
12 septembre 2025 – Théâtre Manuvie – Brossard
13 septembre 2025 –  Salle Albert-Dumouchel, collège de Valleyfield
19 septembre 2025 – Centre des arts Salle Philippe-Filion – Shawinigan
20 septembre 2025 – Théâtre Belcourt – Baie du Febvre
21 septembre 2025 – Salle Odyssée – Gatineau
25 septembre 2025 – Théâtre Lionel-Groulx – Ste-Thérèse
27 septembre 2025 – Grand Théâtre de Québec
28 septembre 2025 15:00 – Salle André-Mathieu – Laval
5 octobre 2025 16:00 – Théâtre Manuvie – Brossard

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