
Bluesfest d’Ottawa 2025 | L’efficacité multigénérationnelle de Green Day
Après avoir joué en exclusivité au FEQ en 2023, puis à Osheaga en 2024, Green Day s’arrêtait dans une seule ville canadienne encore une fois cet été : Ottawa, pour le Bluesfest. Pour leur première apparition dans la Capitale nationale depuis 2009, Green Day a rempli un immense bassin de festivaliers sur les plaines LeBreton vendredi dernier. Le trio était très attendu, tant par les X nostalgiques des années Dookie (puis Insomniac et Nimrod), que par les millénariaux qui ont vibré au son d’American Idiot (puis 21st Century Breakdown quelques années plus tard). Et même par les plus jeunes encore, qui se soucient très peu de ces barrières entre les deux périodes dorées du groupe.
On en croisait partout sur les plaines Lebreton : des parents venus voir Green Day avec leur ado.
Quand on demande à ces derniers quelle période du groupe ils préfèrent, la question leur paraît futile : pour eux, Green Day, c’est un paquet de chansons à succès pêle-mêle sur les services d’écoute. Contrairement à leurs parents, Welcome to Paradise et Jesus of Suburbia, c’est essentiellement la même matière, pas de distinction à faire. Ils n’aiment pas que le Green Day des années 1990 ou le Green Day des années 2000. Ils aiment Green Day, tout entier.
Et avec le temps, et surtout l’immense visibilité des chansons de presque tous les albums sur les radios commerciales et un peu partout, on se retrouve un peu tous à ce même niveau dans une foule de Green Day de nos jours. Même le plus occasionnel des fans qui croit ne connaître que deux ou trois chansons du groupe finit par réaliser qu’il en connaît une bonne dizaine, si ce n’est plus. Le dude qui ne jure que par Dookie se surprend en chanter en choeur Wake Me Up When September Ends, et la fille qui revit son adolescence emo en nostalgie connaît très bien toutes les paroles de Basket Case, parue possiblement avant même sa naissance.
Je repensais à ces ados qui étaient nombreux sur le site des Plaines Lebreton. Plusieurs d’entre eux vivaient probablement leur premier grand concert à vie. Et disons que la barre sera haute pour les prochains!
Parce que Green Day est devenu une machine de guerre en show, une troupe rodée qui en met plein la vue et plein les oreilles : des hits mur à mur, des confettis, des feux d’artifice, du feu, des projections éblouissantes sur les immenses écrans, une fille TRÈS enthousiaste qui monte sur la scène pour chanter avec Billie Joe Armstrong sur Know Your Enemy, un immense ballon publicitaire en forme de dirigeable “Bad Year” qui flottait au-dessus de la foule pendant When I Come Around… La totale!
Mise en bouche énergique
Le ton était donné dès l’ouverture : après une visite éclair de la mascotte de lapin exubérante à l’esprit festif pour énergiser la foule au son Blitzkrieg Bop des Ramones, l’ambiance montait d’un cran alors qu’un immense poing gonflable tenant une grenade-coeur saignante se gonflait. Quand Billie Joe Armstrong, Mike Dirnt et Tré Cool ont pris place, accompagnés par leur line-up élargi (Jason White, Kevin Preston, Jason Freese), l’excitation était à son comble.
Ils ont attaqué avec American Idiot, s’attendant à des cris « I’m not a part of a MAGA agenda! » retentissants dans le public. Le rythme n’a jamais faibli, enchaînant immédiatement sur Holiday, puis des titres percutants de leur dernier album Saviors comme One Eyed Bastard et Look Ma, No Brains!. Contrairement à leur performance à Osheaga, qui était davantage axée sur les albums Dookie et American Idiots (qui célébraient tous deux un anniversaire), Green Day pigeait davantage dans l’ensemble de son répertoire.
Évidemment, Green Day a accordé une place importante aux premiers succès : Welcome to Paradise et même I Was There, obscure titre de 1990, créant un flashback pour les vieux fans hardcore. Mais c’était pour le moins équilibré.
En tout cas, leur capacité à ouvrir le cœur du public est manifeste. Cet équilibre entre dynamisme et souvenirs est la marque d’un groupe maîtrisant parfaitement l’art du concert festival.
Ils nous ont offert en clôture Wake Me Up When September Ends suivie de la longue pièce en cinq actes Jesus of Suburbia, puis d’une version touchante de Missing You, un morceau rarement joué du disque ¡Tré! (2012) au rappel et d’une explosion d’émotion avec Good Riddance (Time of Your Life), accompagnée d’un feu d’artifice spectaculaire.
Green Day a donc offert au Bluesfest un concert à la hauteur, alternant nostalgie, furie punk et grandes émotions. L’équilibre entre hits phares, titres cultes et nouveautés (notamment de Saviors) a comblé tous les publics : les adolescents découvrant le groupe, les fans hardcore des débuts, et les festivaliers adeptes de performances scéniques impressionnantes. Tout le monde retournait chez soi assouvi, des confettis dans les cheveux et des airs familiers en tête.
La mise en scène, une combinaison d’interactions intimes et d’effets pyrotechniques, a fait sensation. Même s’ils sont loin d’être les punks rageux de leur jeunesse – à l’époque où Billie Joe était beaucoup plus imprévisible et explosif, mais beaucoup moins en forme! – les gars de Green Day sont aujourd’hui des maîtres du rock d’aréna et ça se transpose toujours aussi bien en festival, procurant au passage un moment fort de ce Bluesfest d’Ottawa 2025.
Des Lindas et des Shirley en ouverture
Le festival a eu la bonne idée d’inviter deux groupes de jeunes femmes punk aux noms de madames pour ouvrir la soirée sur la grande scène : Les Shirley et The Linda Lindas!
Le power trio féminin de punk rock montréalais a fait bonne figure en démontrant qu’elle sont fin prêtes pour les grandes occasions et pour jouer sur une grosse scène, enchaînant les chansons des deux albums More is More et Forever Is Now, ainsi qu’une reprise divertissante de All The Things She Said, succès souvenir des années 1990 du duo russe lesbien t.A.T.u, et aussi qu’une toute nouvelle chanson intitulée Not My Problem.
La finale avec Fuck It I’m In Love, Trigger et le classique Korben Dallas a bien conclu l’heure bien tassée des Shirley, qui ont sans doute récolté quelques nouveaux fans.
Les jeunes Linda Lindas, elles – les membres étant âgées entre 14 et 20 ans! – ont démontré que la jeunesse musicale américaine se prépare pour une féroce révolution culturelle! Les chansons ont beaucoup plus de mordant sur scène que sur disque, et ça donne un set fortement dynamique et politisé, sans perdre de vue qu’on est là pour avoir du plaisir aussi (comme en témoignait la chanson Nino, dédiée au chat d’une des membres).
Leur reprise de Found a Job des Talking Heads est plutôt réussie, et les chansons All In My Head, Oh! et Stop montrent du mordant à revendre, tout comme le brulôt Racist, Sexist Boy, qui prend des airs quasi-métal.
Après leur set, on a pu voir les membres des Linda Lindas s’amuser avec les fans dans la foule. La bassiste Eloise Wong s’est d’ailleurs retrouvée à faire du bodysurfing une bonne dizaine de fois durant le show de Green Day, frappant même accidentellement l’auteur de ces lignes à la nuque!
Après le spectacle, elle prenait des photos avec des fans, au beau milieu de la foule. Parlez-moi de ça, une fille de 17 ans qui a les valeurs et les ambitions à la bonne place!
Grille de chansons
Green Day
- American Idiot
- Holiday
- Know Your Enemy
- Boulevard of Broken Dreams
- One Eyed Bastard
- Look Ma, No Brains!
- Longview
- Welcome to Paradise
- Hitchin’ a Ride
- I Was There
- Brain Stew
- St. Jimmy
- Dilemma
- 21 Guns
- Minority
- Basket Case
- When I Come Around
- Wake Me Up When September Ends
- Jesus of Suburbia
- Bobby Sox
- Missing You
- Good Riddance (Time of Your Life)
Photos en vrac
Les Shirley
The Linda Lindas
- Artiste(s)
- Bluesfest d'Ottawa, Green Day, Les Shirley, The Linda Lindas
- Ville(s)
- Ottawa
- Salle(s)
- Plaines LeBreton
- Catégorie(s)
- Pop, Punk,
Événements à venir
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jeudi
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