Bluesfest d’Ottawa 2013 – Jour 3 | Belle & Sebastian, Amadou & Mariam, Neko Case, Sharon Van Etten

Avec Belle & Sebastian, Sharon Van Etten, Amadou & Mariam, Justin Townes Earle et Neko Case à l’horaire, le Bluesfest d’Ottawa n’avait vraiment rien à envier aux autres festivals de l’est canadien en ce chaud samedi soir de juillet. Retour sur le troisième jour du festival ottavien, qui se poursuit jusqu’au 14 juillet.

Le groupe écossais Belle & Sebastian poursuivait sa petite tournée canadienne avec un arrêt sur les Plaines Lebreton, après un concert au Festival d’été de Québec jeudi et un autre au Festival de Jazz de Montréal vendredi.

Photo par GjM Photography

Belle and Sebastian – Photo par GjM Photography

Pour leur toute première présence à Ottawa, Stuart Murdoch et sa bande jouissaient d’une plage horaire enviable sur la scène secondaire : celle de 20h. « Nous allons glisser vers l’obscurité avec vous », lançait Murdoch entre deux chansons, lui qui avait visiblement l’esprit à la fête.

D’ailleurs, après avoir dansé joyeusement sur I Didn’t See It Coming vers la fin de la prestation, Murdoch a invité quelques spectateurs à en faire autant en montant sur scène afin qu’il ne soit plus seul à se dandiner le popotin. Une dizaine de fans ont saisi l’occasion, ce qui a eu pour effet de transformer la scène en piste de danse pour The Boy with the Arab Strap et Legal Man.

La grille de chansons était bien différente de celles proposées à Québec et Montréal cette semaine. Actif depuis plus de 15 ans, Belle & Sebastian dispose d’un vaste répertoire (7 albums) et n’hésite pas à l’exploiter. Les pièces récentes comme Funny Little Frog, l’excellente I Want The World To Stop et I Didn’t See It Comin côtoient d’anciens extraits comme ExpectationsLike Dylan in the Movies et la jolie Judy And The Dream Of Horses tout juste avant le rappel.

Le groupe semble inspiré, vivifié et dans un bon état d’esprit, ce qui augure bien pour la parution d’une compilation de pièces inédites intitulée The Third Eye Centre, le 27 août prochain, sous l’étiquette Matador Records. En espérant que l’envie de revenir au Québec leur reprennent bientôt.

Photos en vrac
(par Greg Matthews)
Belle and Sabastian - Photo par GjM Photography Belle and Sabastian - Photo par GjM Photography Belle and Sabastian - Photo par GjM Photography Belle and Sabastian - Photo par GjM Photography

 

Sharon Van Etten et Neko Case

Deux des meilleures auteures compositrices interprètes indie folk-rock du moment étaient également au menu de la soirée.

Photo par GjM Photography

Sharon Van Etten – Photo par GjM Photography

Sharon Van Etten concluait la soirée sur la scène de la rivière, à 21h, devant une petite foule. Encore méconnue, certes, mais il y avait une autre raison majeure : c’est que les Dixie Chicks semaient l’hystérie ontarienne sur la grande scène au même moment. Le vacarme du spectacle country s’infiltrait dans le sympathique espace où Van Etten tentait de créer sa propre ambiance, avec un succès mitigé.

« Nous ne sommes pas les Dixies Chicks, non, a-t-elle répondu à un fan au milieu de sa prestation. Nous sommes plutôt une version nineties des Dixie Chicks », rajoute-t-elle en boutade, ignorant probablement que le méga-succès commercial des Dixie Chicks est justement survenu vers la fin des années 1990.

Quoi qu’il en soit, il existe de meilleurs contextes pour tomber sous le charme de l’ensorcelante Sharon Van Etten. Les fans de Nick Cave s’en sont rendus compte en mars dernier alors qu’elle assurait sa première partie au Métropolis.

Photo par GjM Photography

Neko Case – Photo par GjM Photography

La Brooklynoise a tout de même profité de l’occasion pour éblouir les quelques curieux avec des titres comme Peace Sign, Ask, Don’t Do It et une charmante nouvelle chanson, que Van Etten « chantait pour la toute première fois devant des gens », mais qui n’a jamais été nommée.

Pour sa part, la chanteuse alt-country américaine Neko Case a bénéficié d’une foule beaucoup plus imposante, vers 19h. Si Sharon Van Etten semblait peu familière avec la carrière des Dixie Chicks, Case en est une fan ; elle a même pris la peine de souligner son grand désarroi de devoir manquer la prestation étant donné que sa bande devait se diriger à Toronto aussitôt la prestation terminée, pour un test de son tôt le lendemain matin.

Neko Case a semblé trouver son public avec des titres comme Teenage Feeling, The Tigers Have Spoken (co-écrite avec The Sadies) et Don’t Forget Me, reprise de Harry Nilsson, qu’elle a surnommé « le roi des vauriens ».

C’est une façon de voir les choses.

Photos en vrac (par Greg Matthews)

Neko Case - Photo par GjM Photography Neko Case - Photo par GjM Photography Neko Case - Photo par GjM Photography

 

Amadou & Mariam et Justin Townes Earle

Sur l’heure du souper, un climat malien s’était installé sur les Plaines, probablement pour mieux accueillir adéquatement Amadou & Mariam. Ils devaient se sentir chez eux, à cuire comme ça sur la scène en plein soleil.

Photo par GjM Photography

Amadou & Mariam – Photo par GjM Photography

Réjouissante performance que celle du duo malien au Bluesfest : rythmée, ensoleillée et animée par des interactions qui viennent du coeur.

« Est-ce que çaaaa vaaaaaaaa? », demandait Amadou entre chaque chanson, pendant que sa campagne rigolait, ou lâchait un petit « amitié! ».

Les jams africains de la bande ont fait danser tout le parterre, qui se remplissait déjà massivement malgré l’heure. « On chante, on danse, on bouge », chantait Mariam, mission acceptée par Ottawa.

Juste avant, sur la scène de la rivière, Justin Townes Earle a démontré qu’il n’est pas que le fils de son père (le légendaire country-rockeur Steve Earle). Et ce n’est pas à défaut de mentionner le paternel dans ses textes.

« I Am My Father’s Son », souligne-t-il dans Mama’s Eyes, une chanson – vous l’aurez deviné – écrite pour sa mère, cette « femme étrange ».

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Justin Townes Earle – Photo par GjM Photography

« Hear my father on the radio singing ‘Take Me Home Again’  » sont aussi les premiers mots de Am I That Lonely Tonight.
Visiblement, le vécu du jeune homme a été marqué par la notoriété du père, jusqu’à en trouver son chemin dans les paroles de ses chansons.

Mais Justin Townes Earle possède son propre imaginaire, sa signature singulière, qui n’est pas sans évoquer les singer-songwriters d’une époque révolue. Son mélange de folk, de country et de blues semble tout droit sorti de l’Amérique des années 1960. One More Night In Brooklyn embrasse le country d’un Nashville encore pur, Ain’t Waiting patauge dans le vieux blues, Single Mothers est un slow rétro comme il ne s’en fait plus beaucoup.

L’interprétation du jeune trentenaire n’est pas ce qu’il y a de plus appliqué : son chant est souvent approximatif, son jeu de guitare parsemé (par chance, il est entouré de trois sapristi de bons musiciens!) et il lui arrive d’oublier ses textes, voire un couplet entier, comme ce fut le cas avec Harlem River Blues. « Il m’est déjà arrivé d’oublier comment chanter Ghost of Virginia. Je ne l’ai plus jamais chantée depuis ! », a-t-il partagé à la foule.

Mais l’esprit est là, et l’écriture en est une de qualité. Le meilleur moment de la prestation, l’excellente Midnight at the Movies, hommage au poète Beat Gregory Corso, en témoignait.

Justin Townes Earle sera en concert au Café Campus, à Montréal, dimanche soir, puis au Parc de la Francophonie dans le cadre du Festival d’été de Québec mardi prochain.

Photos en vrac
par Greg Matthews

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