Bell Orchestre

Bell Orchestre à la Maison symphonique | Rencontre fortuite entre deux ensembles de taille

Il pleut, il fait froid et la noirceur est bien installée depuis 16h30. Pourtant, peu nous importe puisqu’en cette soirée du 25 novembre, on se dirige vers la Maison symphonique pour voir l’Orchestre symphonique de Montréal (OSM) accompagner le groupe Bell Orchestre.

La soirée s’amorce avec L’oiseau de feu (suite, 1919) de Stravinsky, que l’on avait d’ailleurs eu la chance de voir plus tôt cet été au Parc Olympique, le tout dirigé par le nouveau chef Rafael Payare. Cette fois, l’ensemble de l’OSM était dirigé par le chef allemand André de Ridder.

Arrivent ensuite sur scène les six membres de Bell Orchestre: Stefan Schneider, Pietro Amato, Michael Feuerstack, Kaveh Nabatian, Sarah Neufeld et Richard Reed Parry. Les deux derniers font notamment partie de la formation montréalaise Arcade Fire. Tous vêtus d’un complet bleu à l’exception de Sarah Neufeld dans sa robe noire à fleurs rouges, l’ensemble détonne des musiciens de l’OSM, tous en noir.

Le sextuor entame leur denier album House music, sorti en mars 2021, dont les arrangements sont une gracieuseté d’Owen Pallett. On est à mi-chemin entre une musique classique jazzée et le début d’une chanson de Radiohead. Les sons et les textures fusent de partout; on est aussi absorbé par la musique de Bell Orchestre qu’eux le sont avec ce qu’ils produisent. Ils sont en symbiose totale avec leur instrument et pourtant, la façon dont ils communiquent entre eux est impressionnante. Tout se passe dans les regards lancés entre deux notes, entre deux coups de cymbales ou de contrebasse.

L’éclairage, tantôt plus sobre sur la pièce de Stravinsky, est maintenant ponctué de teintes orangées; le tout forme un halo chaud sur l’ensemble musical. Par moment, on se demande s’il est nécessaire d’écouter Bell Orchestre en salle puisque l’on pourrait tout aussi bien transporté être seul, avec nos deux écouteurs. Puis on comprend vite que la musique du groupe se veut une expérience communautaire, universelle même. Elle mérite d’être partagée et appréciée à plusieurs, surtout dans une salle du calibre de la Maison symphonique. Un regard vers la salle et on voit bien que tous sont captivés.

La complexité de la musique du groupe montréalais ne la rend pas pour autant inaccessible ou prétentieuse. On remarque d’ailleurs un garçon d’une dizaine d’années dans la foule, hypnotisé par les notes qui s’enfilent devant lui; il hoche la tête au rythme des percussions de Stefan Schneider, qui est une des étoiles de la soirée. Les expressions faciales de ce dernier nous prouvent qu’il ne fait qu’un avec sa batterie.

Tout de la musique de Bell Orchestre a un but; chaque sonorité est calculée, placée avec minutie. Les musiciens jouent d’un bout à l’autre leur opus sans faille. C’est une musique techo orchestrale qui mérite d’être écoutée et réécoutée.

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