Bal Infernal aux Katacombes | Réception festive et futuriste !

Le Bal Infernal a embrasé les Katacombes vendredi soir. Présentant deux prestations (Psygore et End to End) et 3 DJ invités (Synescape, Ulcère Nucléaire et DJ KVK), la soirée fut un succès auprès des noctambules, vêtus de leurs plus beaux habits. Retour sur cette réception élégante, où la science-fiction et les ténèbres étaient mélangées, créant un tableau dystopique bien ficelé.

Psygore – Générique mais engagé

Les portes ouvrent avec une heure de retard, dû à des problèmes techniques… Les vampires s’arment de patience pendant que les minutes s’égrènent, n’en tenant pas rigueur. Psygore ouvre donc le Bal vers 22:40. Compositeur-interprète d’électro-industriel ontarien, il existe depuis 2012 et a sorti deux albums, le plus récent étant Simulacra and simulation.

Dès la première chanson, les gens embarquent. Psygore semble paré pour affronter une guerre nucléaire, avec son costume cyber-goth. Ses vocaux à la Dani Filth ont bien été maintenus tout au long de sa performance, malgré quelques petits problèmes techniques avec son micro. Ça fait un peu étrange, toutefois, de fixer un chanteur accompagné entièrement de musique enregistrée…

Une de ses compositions, dans laquelle il y avait des sons d’ordinateur (lorsqu’on branche/débranche un fil USB, ou lorsqu’un bug apparaît…) était particulièrement créative. Un «écran bleu» fait partie des projections durant cette chanson, avec une voix qui dit critical error sans arrêt. D’ailleurs, dans ses paroles, il dénonce les problèmes technologiques et soulève la question de la singularité. C’est quand même générique, les beats se ressemblent beaucoup, mais les gens dansent et ont beaucoup de plaisir.

Psygore a un bon contact avec la foule, et le raiser de la scène sur lequel il se tient semble devenir un soapbox. Son micro, tel un porte-voix, nous incite à vouloir participer à une manifestation… Derrière lui, les projections soulèvent de nombreuses problématiques sociales/environnementales, telles que le capitalisme, la guerre à outrance, ainsi que l’énergie pétrolière et nucléaire. On aurait vraiment pu se passer des projections de filles nues et violentées, toutefois.

Psygore : générique, mais résolument engagé.

 

End to End – Impeccable bataillon cybernétique

End to End entre sur scène et on atterrit dans un futur contre-utopique, où les groupes sont devenus robots. Ce groupe montréalais offre un mélange éclectique de rock/metal/dubstep. Il existe depuis 2014, et son premier album est à venir (plusieurs chansons ont déjà été dévoilées en ligne). Chaque membre se revendique comme étant une partie d’une même entité (cerveau, coeur, muscle, esprit) – un hydre cybernétique. Ainsi, Asimov (guitare), Velox (drum), Absolem (bass) et Grim (chant) nous entraînent dans un univers de science-fiction de qualité, digne d’une oeuvre de Phillip K. Dick ou de William Gibson.

D’abord, le style vocal fait beaucoup penser à Victor Love, de Dope Stars Inc, qui aurait été mélangé avec un Rammstein moins guttural et plus mélodique, tout dépendant des moments. Il sonne un peu power metal aussi et sa technique est impeccable. Ce commandant nous donne de nombreuses bûches pour alimenter notre feu intérieur. Il a aussi un bon contact avec le public (en anglais seulement, toutefois, tout comme Psygore).

Inattendu : la basse. Très souvent reléguée à l’arrière-plan, ou répétitive dans un tel style (beat EBM), ici, elle est très élaborée. La batteuse fait une bonne utilisation de sa cymbale chinese, ce qui rend les riffs percutants. Ces derniers sont quand même simples, mais émotionnels et puissants. Le public a d’ailleurs été captif du début à la fin, créant une variété de mouvements allant des trash, du headbang, de la danse tecktonik, ou même moyen-orientale… End to End touche un très large public.

Le guitariste et le bassiste semblent être programmés par la même mécanique (chorégraphiés). Cette façon de performer frôle le manque de spontanéité, mais étant donné le concept de robots, on comprend l’intention. De plus, ça ne dure pas tout le long du spectacle. L’effet est donc vraiment réussi et tout se tient de façon uniforme, tant du côté visuel que musical. Extrêmement bien rodé.

Lors des deux dernières chansons, le groupe lance des ballons verts et blancs dans le public. Cocasse, de voir tant de visages maquillés arrêter de faire la moue un instant, et redevenir des enfants! Bref, le son un peu «boboche» des Katacombes ne rend pas justice à End to End. Une performance sans faille, une attitude professionnelle… Un band d’envergure, qui mérite une plus grande scène. Une troupe futuriste prête à terrasser des armées de drones et de cyborgs malfaisants…

Fin de soirée et couronnement

Après les deux performances, on a droit à trois sets de DJ invités : Synescape , Ulcère Nucléaire et KVK. L’artiste multimédia torontoise Synescape est à la fois DJ, peintre, illustratrice et critique de culture alternative. Elle crée des beats minimalistes mais entraînants, avec du chant clean et des spoken words. Des sons purs, crémeux, tels des lourdes tentures qui tombent d’un haut plafond… qui n’auront toutefois pas été jouées, lors la soirée, remplacées par des compositions d’autres artistes.

Mais son site vaut la peine d’être visité: synescape.ca.

Ensuite, DJ Ulcère Nucléaire et DJ KVK (tous deux montréalais) ont su créer une ambiance déchaînée et libertine jusqu’aux petites heures, avec une bonne sélection de chansons harsh industrial, dark electro et de metal industriel. Le roi et la reine de Montreal Goth ont aussi été élus : Pierre Blanchet et Lydia Bourrassa. Félicitations aux couronnés!

Le Bal Infernal, une soirée festive et futuriste, où de joyeux vampires ont cotôyé des femmes cornues dansantes, des exposants passionnés, et des robots!

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