Apocalyptica

Apocalyptica & Nita Strauss au MTelus | Virtuosité magnifiquement métallique

Visiblement, cette charmante soirée métal a impressionné plus d’un·e. Et pas seulement les nombreux musiciens et musiciennes présents au MTelus hier soir. Car les mélomanes fanatiques de musique lourde et véhémente ont eu droit à de saisissantes performances. D’entrée de jeu, nous avions au programme le groupe de Nita Strauss, une flamboyante et émérite guitariste native de Los Angeles. Par ailleurs, pour un concert métal, le pourcentage de femmes était de loin supérieur à l’accoutumée (votre scribe était accompagné de la fille et de la femme de sa vie).

Oui, on parle bien de celle qui a été repêchée à l’âge de 27 ans alors qu’elle jouait au sein du groupe hommage 100 % féminin The Iron Maidens, pour rejoindre le groupe de nul autre qu’Alice Cooper, dont elle fait partie depuis plus d’une décennie déjà. Au fait, en connaissez-vous beaucoup d’artistes qui ont démarré leur carrière solo en réussissant à 800 % leur campagne Kickstarter visant à financer la production de leur premier album ? En 2018, elle est également devenue la toute première femme à avoir sa propre guitare signature (chez Ibanez).

En concert, sachez que la magnifique et souriante blonde ne s’accompagne pas de manchots (ni de bassiste !). Aux chœurs et claviers, on retrouvait Katt Scarlett (avec qui Strauss a joué dans le groupe Femme Fatale), ainsi que le guitariste Johnny D Young (Death Pilots) et le batteur Josh Villalta (accessoirement aussi le mari de Strauss), qui nous a joué l’intro de Painkiller de Judas Priest pendant son solo ! Et ça sonnait comment ? Quelque part entre le hard rock et le heavy metal à grosses guitares des années 1980 et la technicité agressive du métal extrême le plus pop d’aujourd’hui. L’essentiel de son set se concentrait sur les pièces de son deuxième album, The Call of the Void (2023), qui inclut plusieurs chanteurs et chanteuses invité·es, dont le chanteur de Disturbed sur Dead Inside, dont le succès fit de Strauss la première artiste solo féminine à atteindre la pole position du palmarès mainstream du Billboard en 32 ans.

Or, c’était une toute petite chanteuse, la dynamique Kasey Karlsen (Deadlands), qui a pris le micro hier pour les quatre dernières pièces du concert. Ce qui nous a emmenés dans le territoire de groupes comme Evanescence et Lacuna Coil, avec quelques cris bien gras en bonus pendant la dernière chanson, The Wolf You Feed — on suppose que la Montréalaise Alyssa White-Gluz (Arch Enemy) n’était pas en ville hier pour venir pousser la note comme sur l’album (et au Théâtre Beanfield en 2023).

En nous offrant des tonnes de rutilants riffs et d’inspirés solos, Strauss prouvait qu’elle méritait sa place aux côtés de pros de la 6-cordes comme les Friedman, Satriani, Wylde, Slash et autres John 5. En plus de poser joliment pour les photographes et vidéographes amateurs présents, la bien maquillée guitariste rockait nonchalamment sa vie. Elle a même pris la peine de s’adresser à la foule en français, reconnaissante de tourner avec les virtuoses d’Apocalyptica et envers ses fans d’avoir bravé le froid pour être là, en plus de les inviter à passer la voir au kiosque de marchandise après le concert. Bref, on a passé un pas-mauvais-du-tout trois-quarts d’heure avec Miss Strauss, qui s’est assurément gagné des adeptes hier, grâce à sa générosité et à ses prouesses musicales.

Retour aux sources

Les fans de Metallica étaient là pour voir et écouter Apocalyptica, qui revenait en ville après leur passage en 2022, pour nous jouer un set composé exclusivement de classiques du plus populaire groupe métal de la planète, comme il y a 8 ans au Théâtre St-Denis. Vous savez, c’est probablement la faute du groupe fondé en 1993 si l’album en concert S&M de Metallica existe, ayant repris pas mal de succès de la bande à Kirk Hammett depuis la parution de leur première galette, Plays Metallica by Four Cellos (1996). S’ils incluent également quelques reprises supplémentaires, leurs albums subséquents furent principalement composés de matériel original. Or, les pièces de Metallica ont toujours eu une place de choix dans les concerts d’Apocalyptica. Qui plus est, le groupe donna l’an dernier une suite officielle à son tout premier album, avec Plays Metallica Vol. 2, qui s’articule, comme son prédécesseur, principalement autour des cinq premiers disques du quartette de James Hetfield.

Accompagnés depuis 2024 d’un nouveau batteur, le balèze barbu Mikko Kaakkuriniemi, les membres fondateurs Eicca Toppinen (le leader et violoncelliste rythmique aux longs cheveux pâles) et Paavo Lötjönen (le violoncelliste aux cheveux courts, qui joue les rôles de bassiste et de doyen du groupe) étaient en pleine forme hier, mais pas autant que l’hyperactif Perttu Kivilaakso (leur très stylé violoncelliste soliste aux cheveux aussi foncés que soyeux). On n’échappa évidemment pas aux classiques, soit les indémodables Enter Sandman et Master of Puppets (et son rapide et dangereux prélude Battery) en tête, en plus de For Whom the Bell Tolls, Creeping Death et Seek & Destroy. C’était justement l’hymne tiré de Kill ‘Em All qui fermait ces magnifiques hostilités, juste avant que One soit joué en rappel.

Celleux qui étaient au concert de 2017 ont également pu entendre quelques nouveautés : on eut droit à la pièce titre de Ride the Lightning (qui ouvrait le concert), avant d’enchaîner The Call of Ktulu (que Toppinen dédia à la mémoire de Cliff Burton, l’immense bassiste décédé tragiquement en 1986), la pièce titre du détesté St. Anger (bien que solidement interprété) et les brûlots bien rentre-dedans que sont The Four Horsemen et Blackened.

On ne peut passer sous silence leur irréprochable interprétation de l’habituellement imbuvable balade qu’est Nothing Else Matters, qui a obtenu la plus grosse réaction du public. Ce dernier s’est littéralement transformé en chorale, avant d’offrir au groupe de spontanés applaudissements pendant le solo. On aurait dit que la pièce avait été écrite pour Apocalyptica. Sur toute la durée de la grosse heure et demie que dura le concert, on constata encore une fois à quel point la musique du groupe américain se prête admirablement bien aux relectures des virtuoses finlandais, qui magnifient métisse métal et classique si efficacement depuis bientôt trois décennies.

P.S. Sachez que ça sonnait infiniment mieux que Metallica au Stade Olympique en 2023.

P.P.S. Et si Voïvod recrutait Apocalyptica pour tourner la planète et interpréter les nouveaux arrangements symphoniques de leur musique futuriste? Ça serait clairement fantastique, non? On dit ça, on dit rien.

Apocalyptica | liste de chansons :
1. Ride the Lightning
2. Enter Sandman
3. Creeping Death
4. For Whom the Bell Tolls
5. Battery
6. The Call of Ktulu
7. St. Anger
8. The Four Horsemen
9. Blackened
10. Master of Puppets
11. Nothing Else Matters
12. Seek & Destroy
Rappel:
13. One

NITA STRAUSS

 

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