Antoine Corriveau au Ausgang Plaza | Oiseau un peu sage
Jeudi soir, Antoine Corriveau a invité le public du Ausgang Plaza dans l’univers déjanté de son Oiseau de nuit, cinquième opus long en carrière. Rien à redire sur la musique. Mais le show en soi manquait de mordant, de grandiose.
On aurait dit que l’industrie musicale en entier s’était réunie au Ausgang Plaza. Musiciens émergents comme artistes établis, journalistes, RP… Tous y sont. Sans savoir qu’Antoine Corriveau se produira dans quelques minutes devant nous, on pourrait croire à un 5 à 7 des principaux acteurs de l’industrie.
Pas de première partie : Pat Lag jubile.
Corriveau et ses cinq musiciens entrent sur scène sur Moscow Mule.
Quand la musique surpasse le spectacle
Oiseau de nuit est sans doute l’un des albums les plus musicalement éclectiques et créatifs sortis au Québec cette année. Des vers, livrés entre chant, spoken word et rap, s’entrechoquent dans des chansons aux accents free jazz, trip hop, hard rock, soul… Parfois dans un seul morceau! (écoutez Suzo pour comprendre)
Les chansons valent la peine d’être entendues, Antoine Corriveau ne manque pas de charisme. Mais nous sommes plus proche d’une suite de morceaux livrés sans énormément de magie entre eux que d’un Show avec un « S » majuscule. Ça manque de jams, de surprises, de prise de parole éclatante.
* Photo par Marc-Étienne Mongrain.
Je ne demande pas forcément des concepts aussi fou que le Show chié de Brach ou Lone Ride de Dear Criminals pour chaque spectacle auquel j’assiste. Je n’ai pas des attentes aussi démesurées. Mais il est certain, avant le lancement de Corriveau hier soir, après avoir écouté Oiseau de nuit d’une traite pour me préparer au spectacle, que j’envisageais une scénographie un tantinet plus brillante pour accompagner une musique aussi diablement originale.
Maintenant, allons-y avec les acteurs de soutien s’étant démarqués pendant la soirée.
Cherry Lena, choriste affublée du même long manteau rouge que porte Corriveau, a offert un penchant vocal intéressant et plus mélodique, contrastant avec la voix plus rocailleuse de la tête du projet. Stéphane Bergeron, batteur de Karkwa qui tourne aussi depuis des années avec Antoine Corriveau, également coréalisateur d’Oiseau de nuit, a offert de belles performances derrière la batterie, particulièrement sur Tu es comme la nuit, où son solo était accompagné de jolies baguettes phosphorescentes dans ses mains, traçant dans l’obscurité!
Et puis, on le souligne quand c’est mauvais, mais soulignons-le aussi quand c’est bon : le son opéré par Karolane Carbonneau (comment debord et NOBRO) était parfait hier soir, mais je ne commenterais pas les éclairages. Tout simplement parce que celui qui s’occupait des consoles d’éclairage est mon frère. Et, en journalisme, nous le savons, la neutralité est reine.
* Photo par Marc-Étienne Mongrain.
Et puis zut, arrêtons de faire semblant deux secondes. Les éclairages étaient tout aussi parfaits que le son!
Le journaliste est biaisé. Pour le coup, je n’avais pas besoin de l’être, mais sachez que tout journaliste est un peu biaisé.
Dans l’une de ses rares interventions au micro, Antoine Corriveau raconte, au public, une histoire ancienne. Le Trifluvien s’inspire des propos d’un vieux chanteur qu’il a vu, jeune, en concert, pour présenter une chanson faisant partie d’un des ses albums précédents. Ce fameux vieux chanteur les appelait des « succès-souvenirs ». Mais, pour sa part, Corriveau modifie le terme à sa propre sauce, le raccourcissant avec humour.
« La prochaine est un souvenir », lance-t-il, en enchaînant directement sur Deux animaux.
Une mention aux très rock Parc avenue et Albany, particulièrement la première, à l’envoûtante et écrasante ambiance installée magnifiée par des éclairages rouges comme la vague de sang dans Shining.
Ou peut-être est-ce seulement votre rédacteur salivant sur chaque miette de rock, les mettant forcément de l’avant sur chaque article. Le chroniqueur musical est naturellement un peu biaisé, mais ça, vous le saviez déjà.
* Photo par Marc-Étienne Mongrain.
Après avoir terminé la section régulière de son spectacle avec Balcon, Antoine Corriveau revient sur scène en rappel, d’abord seul à la guitare, puis en duo avec son guitariste, Simon Angell, pour interpréter Le nouveau vocabulaire et En plein cœur de la nuit.
Un bon spectacle, mais qui aurait mérité un traitement plus audacieux.
Grille de chansons
- Moscow Mule
- Imprudences
- Deux oiseaux
- Ambulance
- Parc avenue
- Albany
- Deux animaux
- Un jardin
- Interruption
- Argentine
- Le bruit des os
- Maladresses
- Tu es comme la nuit
- Suzo
- Pastorale
- Balcon
Rappel
- Le nouveau vocabulaire
- En plein cœur de la nuit
- Artiste(s)
- Antoine Corriveau
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Ausgang Plaza
- Catégorie(s)
- Alternatif, Chanson, Experimental, Free jazz, Psychedelique, Québécois, Rock,
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