Angantyr et Monarque au Piranha Bar| L’hiver de retour en black metal

La froideur de l’hiver était de retour jeudi soir, lors d’une soirée largement dominée par le retour sur scène de Monarque, et la venue exclusive des Danois d’Angantyr, avec des prestations dans la grande tradition black metal, cru et froid, et une météo spécialement invoquée pour l’occasion par les dieux païens.

---

Sovannak Ké

La glace est brisée par un homme seul qui fera dos au public tout le long de sa prestation. Avec une guitare, un clavier, un micro et beaucoup d’effets, Sovannak Ké nous emporte 30 minutes dans une pièce sombre, noisy et atmosphérique.

Utilisant des boucles, il rajoute des nappes de sons et fait monter graduellement l’intensité, usant aussi de bribes de chant torturé, et violant le manche de sa guitare avec le micro. Une performance honorable, intéressante, qui aurait peut-être mérité un effort de mise en scène.

Black Empire

C’est au tour de la horde d’Abitbi de monter sur scène. Composé de membres de Cryptik Howling, le trio présente ici un matériel beaucoup plus cru et true black metal.

Chandelier, drapeaux noirs sur des supports de bois, corpse paint et bracelets cloutés, Black Empire n’hésite pas à sortir la totale pour nous plonger dans leur univers. Musicalement classique, leurs premiers morceaux sont efficaces, mais peinent à garder de l’intérêt. Il faut attendre le milieu du set pour voir les tempos s’accélérer et les morceaux varier plus. Les passages de chant à deux apportent définitivement une touche de puissance. Un concert assez bon, dommage que le public peine à se réchauffer, n’aidant pas à en faire une prestation plus remarquable.

Mentionnons au passage que les gars de Black Empire ont fait l’effort dédié d’allumer un feu dans la montagne, à Rouyn Noranda, pour invoquer les anciens dieux païens et accueillir comme il se doit la venue des vikings d’Angantyr en Abitibi (ndlr : concert le 26 mars).

Monarque

Pour certains, la prestation de Monarque était même plus attendue qu’Angantyr. Précisons que c’est le premier concert donné depuis 2011, ce qui a  largement contribué à remplir raisonnablement la salle du Piranha ce soir, à en juger le nombre de patches et chandails à l’effigie du black métal québécois. L’intensité monte alors d’un cran, même si le volume d’une guitare monte lui un peu trop. La pluie glacée et froide  s’abat, les éléments se déchaînant enfin.  Le chanteur de Monarque s’affirme avec un certain charisme, et cette voix torturée mais puissante, appuyé par 4 musiciens dont on sent parfois le manque d’expérience de concerts ensemble, mais cependant très en place.

Navigant entre Lys Noir et Ad Nauseum, Monarque nous écrase avec la noirceur et l’agressivité de pièces comme Quintessence du mal ou Vent Du Nord. Dans la foule c’est la guerre, avec un mosh-pit qui éclate entre plusieurs molosses bataillant pour la place du plus fort et du plus violent. L’ambiance atteint son pic d’intensité de la soirée, la foule répondant présent aux cris de ralliement de la meute black metal de Québec. Monarque termine avec Fier Hérétique, qui fait brandir les points dans les airs, et ajoute aussi une reprise de Darkthrone, Under A Funeral moon. Une fois de plus, Monarque s’impose comme un des fers de lance du métal noir québécois, volant un peu la vedette à la tête d’affiche ce soir.

Grille de chansons de Monarque

• Appel De La Nuit
• Vigor Mortis
• Quintessence Du Mal
• Vent Du Nord
• Je Ne Suis Pas
• Abysse Aux Charognes
• Fier Hérétique
• Under A Funeral Moon (reprise de Darkthrone)

Angantyr

Les danois sont de retour après leur passage à la Messe des Morts en 2015 pour deux dates exclusives en Amérique du Nord. Arborant d’étranges corpse paint plutôt gris et sales, les musiciens semblent sortir d’outre tombe, et nous captivent dès les premières notes. Niveau technique, on monte encore la barre d’un cran. Il faut dire que les hommes ont du métier, puisque le groupe existe depuis 1997. Le batteur blastera sans répit pendant la grosse heure de concert, impassible et imperturbable, une machine. Le bassiste communique beaucoup avec le public, d’une bonne présence scénique, ont voit plus d’expérience de scène chez Angantyr, qui domine la soirée techniquement et scéniquement, même si le public est moins présent et nombreux que pour Monarque.

En effet, entre les morceaux, on entend un brouhaha au fond de la salle près du bar, un peu dommage de constater ce manque d’intérêt de certains alors qu’un groupe venu nous rendre visite du Danemark se donne sur scène. Il faut dire que la tempête créé par Monarque est difficile à égaler. Le chanteur-guitariste est assez impressionnant, gérant ses milliers de changements d’accords sans aucune faute sur une étrange guitare custom à 4 cordes (apparemment de luthiers californiens nommés RM-Olson). Le black metal d’Angantyr est très mélodique, tout en restant noir et sale dans l’esprit traditionnel.

« Skôl ! », trinque le chanteur avec une Tremblay, en ajoutant la réplique de la soirée: « Et n’oubliez pas : plus vous buvez, mieux on sonne ! » Le danois s’excusera aussi de ne pas avoir ramené de nouvel album (ndlr : le dernier sorti date de 2012), mais Angantyr nous présentera quand même deux nouveaux morceaux, et conclura avec la pièce épique de 17 minutes, Blod for Blod, Liv for liv.

Grille de chansons Angantyr

• Laenkeit
• Slettes Skal Mindet
• Endelos
• Danermordet
• Vemods Hiemstavn
• Mi Lange Maetter
• Knaekkede Knogler Braekkeder Ben
• Stormen Fra Nord
• Foragt
• Blod For Blod, Liv For Liv
• Outro