Allah-Las

Allah-Las au Théâtre Corona | Quand la foule vole (un peu trop) le show

C’est toujours l’fun, un concert qui a une bonne ambiance. Quand les artistes font un spectacle à couper le souffle, ça énergise la foule, de même qu’une foule animée donne du jus à ceux sur scène. Mais qu’arrive-t-il quand les spectateurs sont sursaturés d’énergie?


High School Never Ends

Vendredi dernier, au Théâtre Corona, une foule ornée de tuques se passe des bières en attendant de se baigner dans la plage californienne des Allah-Las. Pendant un court instant, Mapache & Tim Hill prennent possession de la scène, mais c’est loin de dire qu’ils prennent possession de la salle. Celle-ci, pleine de jasette, semble à peine avoir remarqué la présence de musiciens à l’action. On se croirait à l’école secondaire où tout le monde parle, que des avions en papier volent partout, et que le professeur a abandonné tout espoir de discipline dans sa classe.

 

Le rayon d’énergie se dirige

Le tout commence à prendre plus de sens quand les Allah-Las marchent sur la scène. L’énergie de la foule est maintenant dirigée vers l’avant. Le quintette rayonne déjà son énergie décontractée de la côte ouest en ouvrant avec Sacred Sands, un classique de leur LP homonyme. La foule ne se contient plus. Elle crie de joie à l’écoute des guitares chaleureuses et ce n’est pas long avant qu’elle danse en unisson.

C’est beau à voir, cette belle vague californienne sur laquelle surfent les membres du groupe musical, et à laquelle répond la foule par un tsunami. On dirait un vrai beach party, moins le sable, la mer et la météo clémente, mais avec en masse de festivité pour compenser.

Les Allah-Las continuent de surfer sur leurs ondes sonores, imperturbables. Leur zénitude est quasiment inspirante. Il y a seulement Miles Michaud, le chanteur principal du groupe, qui se montre un peu plus influençable. Au fil de sa prestation, l’intensité avec laquelle il gratte sa guitare augmente progressivement.

 

«You guys are crazy»

C’est ce que finit par dire Michaud au micro entre quelques «thank you» et un «this is the best show we’ve played this tour». Pourtant, il n’avait encore rien vu de ce qu’était capable son auditoire.

Qu’ils jouent des pièces de leur fameux album à image d’un coquillage ou d’une autre compilation, la foule devient encore et toujours plus éclatée. Il ne semble pas y avoir de patron précis pour que s’élève l’énergie de la salle en Kelvins et en décibels, sauf pour le fait que la soirée avance.

C’est encore beau à voir. La masse de fanatiques des Allah-Las se met à se dandiner de gauche à droite en même temps. Ou, plus tellement en même temps. On dirait que les gens se bousculent. On dirait… un mosh pit? Un mosh pit pour les Allah-Las? Un mosh pit pour un des groupes les plus détendus de la planète? Mes yeux ne me jouent pas des tours. Ils me confirment de temps à autres que c’est bel et bien une formation de gens qui se poussent dans toutes les directions par pur plaisir, qu’il y a devant moi.

Ça devient plus tellement beau à voir. Je ne peux m’empêcher de sentir un malaise face à la dissonance de la salle, de ce que dégage les Allah-Las comparativement à la réponse de la foule.

Entre des vagues de crowd surfing, une spectatrice décide d’embarquer sur la scène, de reculer jusqu’à la moitié de celle-ci pour prendre son élan, puis de courir se jeter dans la foule. Ce n’était d’ailleurs pas sa première embarquée sur scène, et ce numéro ne fut pas non plus son dernier. Cette surfeuse a même sorti son téléphone pour se filmer pendant son voyage sur les mains d’inconnus.

Plus tard, un spectateur se tient debout grâce au soutien des mains d’une poignée de personnes pour envoyer de gros «Rock on!!!» à la formation Los Angelienne. À croire que le noyau de la salle faisait un spectacle pour lui-même plutôt que démontrer leur appréciation pour l’autre spectacle, celui pour lequel ils avaient acheté un billet.

 

Les Allah-las restent sur la plage

Les membres du groupe, qui s’échangent les instruments de temps à autres, restent impassibles. S’étant tous vêtus d’un morceau de bleu, ils semblent demeurer dans l’atmosphère de beach bums qu’ils trainent dans le baluchon de leur musique. Même en revenant sur scène après qu’un tremblement de terre les aient appelés pour un encore, ils sont toujours dans cette même bulle de côte ouest californienne.

Cependant, nous n’exprimons pas tous notre appréciation de la même manière. Si les Allah-Las demeurent relativement neutres sur scène, peut-être que leur manière de démontrer leur amour à la foule est de revenir pour un rappel en performant plusieurs chansons d’affilée. C’est exactement ce qu’ils font.

Peut-être que leur soirée à Montréal fût réellement la meilleure expérience de leur tournée, finalement.

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