Alestorm

Alestorm au MTELUS | Flibustiers, canards gonflables et tequila

Les désormais maîtres, ou plutôt capitaines du pirate métal étaient de passage en ville et ont encore réussi à mettre un joyeux bordel. Retour sur un mardi soir qui sentait le rhum et la poudre à canon.

Quoi de mieux qu’un concert de Alestorm pour égayer la grisaille et la pluie d’un pauvre mardi soir de novembre. Les pirates anglais traversent le Canada d’est en ouest pour boire nos bières et voler notre rhum avec leurs hymnes épiques et alcoolisés. Après le Nouveau-Brunswick et Québec, la tournée s’arrêtait au MTELUS ce 5 novembre.

Metal scandinave… du sud de la France

La première partie était confiée aux Toulousains et Toulousaines de Aephanemer. Récemment signés chez Napalm Records, les Français évoluent dans un style death mélodique aux touches symphoniques, qui ne serait pas sans rappeler les presque-finis Children of Bodom. Mené par une guitariste-chanteuse souriante mais hurlante à souhait, le quatuor défend avec brio ses compositions. Dommage que le claviériste soit un ordinateur, mais il faut avouer que le tout est bien exécuté et sonne solide (et puis après tout c’est chiant à traîner en tournée un clavier). Les gars et les filles se font plaisir et enchantent la foule avec leur metal aux influences scandinaves et certains titres très efficaces comme le redoutable The Sovereign. Nul doute qu’on les reverra bientôt. Et si vous avez du mal à retenir ou prononcer leur nom, l’équipe de Alestorm les a déjà renommés « Apehammer ».

 

Alestorm à l’abordage!

Les pirates se font attendre assez longtemps avant d’embarquer sur scène, faisant jouer un album entier de Queen (j’exagère, mais au moins 4 morceaux dont Bohemian Rhapsody, qui est long et difficile à chanter), puis encore une intro interminable, avant de finalement prendre la scène sous une ovation. Le bal démarre avec Keelhauled et la folie commence. Un canard gonflable géant trône en fond de scène, mais sans finir explosé dans le public comme c’était devenu la tradition. Apparemment la compagnie aurait arrêté de les produire. Une autre rumeur lancée par notre photographe Thomas stipule que c’est en fait les Français de Ultra Vomit qui les aurait tous collectionnés…

Le joyeux bordel est lancé, et ce n’est pas dans tous les concerts qu’on peut voir un row pit, où quand tout le monde s’assoit par terre et rame, sur Nancy The Tavern Wench. Casquette « Oh Wow », keytar en bandoulière, Christopher Bowes mène son navire qui nous fait voyager dans un océan de metal folklorique et oublier la grisaille dehors. La reprise du morceau pop Hangover fait sauter la foule de plus belle alors que le Beef Guy officiel du groupe, un immense Australien qui fait juste partie de l’équipe pour caler des bières sur scène (oui, sa job c’est juste de se saouler la gueule), se vide trois ou quatre canettes dans le gosier. Le plus power metal Black Sails At Midnight fait redoubler de taille du mosh pit. Un mosh pit massif et plusieurs wall of death ce soir, mais toujours dans la camaraderie et la bonne humeur. Loin de la violence meurtrière d’un pit de 1349.

Les musiciens se font toujours autant plaisir sur scène. « Vous adorez jeter des trucs sur scène ! » s’exclame Chris en ramassant un genre de petit lama en peluche, qu’il lance vers son guitariste, qui l’attrape dans une belle reprise de volée, envoyant le petit lama haut dans les airs avant de retomber pile sur la tête d’un agent de sécurité. Fou rire du groupe. « Vraiment désolé, vous êtes là pour nous protéger et vous prenez des lamas sur la gueule ! »

 

La piraterie pour s’évader

Une tournée de shots de tequilas arrive sur scène, évidemment pour introduire le tube Mexico, champion de l’appropriation culturelle, et c’est encore un morceau au refrain imparable qui fait monter la température dans la salle. Alors certes, si vous avez vu Alestorm dans les trois ou quatre dernières années, c’est plus ou moins le même spectacle, avec les mêmes classiques, certains pourraient trouver ça prévisible. Mais qu’importe, au final : dans ce monde triste et pollué aux quotidiens pas toujours joyeux, n’est-ce pas agréable de pouvoir décrocher pendant quelques heures et se laisser aller dans la piraterie folklorique de Alestorm ?

Dans un monde où même les crowd-surfers sont réprimés? L’expérience d’un crowd-surfing, c’est juste quelques secondes d’adrénaline et de liberté, un court espace-temps où on s’évade de la réalité dans une dimension un peu chaotique et dangereuse, défiant la gravité dans une marée humaine. Mais non, au MTELUS, si jamais t’as un peu trop de fun, tu vas te le faire rappeler par la sécurité et menacer de prendre la porte. Alors si on ne peut même plus crowd-surfer librement, il ne nous reste qu’à s’abandonner au Captain Morgan (Captain Morgan’s Revenge) et piller un navire échoué (Shipwrecked) tels des loups de mers (Wolves Of The Sea) en buvant du rhum (Drink) et en gueulant à nos ennemis de se mettre une ancre où j’pense (Fucked With An Anchor). Merci Alestorm pour cette tempête qui fait toujours du bien, cheers!

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