Francouvertes 2016 – Soir 2 | Miss Sassoeur & les Sassys, Sarahmée et Guillaumansour Experience
Si certains perçoivent les Francouvertes comme une affaire de dudes blancs montréalais qui font de l’indie-folk tristounet, la deuxième soirée des préliminaires cassait cette impression, lundi soir au Lion d’Or. Rappeuse sénégalaise, musiciens colombiens et de Baie-Comeau (!), majorité féminine, toune de mangeage de raies et quatuor néo-gospel-jazz-cabaret, la variété régnait entre Miss Sassoeur & les Sassys, Sarahmée et Guillaumansour Experience. Retour sur une soirée imparfaite, mais divertissante et rafraîchissante.
Miss Sassoeur & les Sassys
Miss Sassoeur est une jeune dame à la silhouette de brindille et au grain de voix excorié qui écrit des chansons ludiques en franglais. Son piano électrique est le seul instrument que l’on entendra durant les 30 premières minutes, à moins que l’on compte les « cuivres » des Sassys, qui sont en fait des bruits de bouche caricaturant des trompettes.
Ces Sassys, c’est un choeur de ruelle formé de la voix grave de Rose Royce, le chant de gars de Féline Dion et le timbre cristallin de Tiny Turner. C’est aussi des p’tites chorégraphies un peu quétaines, mais clairement assumées. On s’amuse avec les codes du Motown, de la variété et du jazz, avec un esprit théâtral et une bonne humeur apparente.
Musicalement, la proposition est un peu mince, et pas seulement parce que le piano est le seul instrument sur scène. Les compositions sont un peu limitées, tournicotent autour des mêmes accords et mériteraient un peu plus d’arrangements, mais les textes en franglais sont ludiques et regorgent de jeux de mots habiles, appuyés par des harmonies vocales bien pensées, mais à resserrer. Il ne faut pas y chercher de messages bien profonds, on s’amuse plutôt avec les mots, dans un esprit de poésie de la rue et un plaisir évident à manier le mélange entre l’anglais et le français.
Le quatuor tient un bon filon, et devrait faire son petit bonhomme de chemin dans ces Francouvertes. Espérons qu’ils en profiteront pour bâtir sur la formule de base et étofferont un peu plus la proposition artistique.
Sarahmée
De loin la plus « pro » de la cuvée 2016 – du moins, à date – Sarahmée débarque sur scène telle une panthère, belle, lumineuse, pleine d’assurance.
Son album Légitime, paru en septembre dernier, laissait entrevoir une artiste plutôt R&B/soul, mais c’est davantage en mode hip-hop que Sarahmée s’est présentée sur la scène du Cabaret Lion d’Or.
Supportée par des trames préenregistrées et accompagnée de deux musiciens (qui ont semblé se battre contre des pépins sonores tout au long de la performance), Sarahmée a fait fi des problèmes techniques et a su assurer sur scène, bien préparée, dynamique et charismatique.
Ses chansons traitent des aléas de la féminité et de l’intégration, des textes plutôt bien ficelés au ton un peu franchouillard mais livrés avec un bon flow.
Le set de 30 minutes était bien construit, montant en intensité jusqu’à Des Hauts, qui dégage le sentiment d’entendre un hit radio, et se terminant avec une version acoustique de la courte Vérités, comme pour mieux atterrir. Le public n’était pas gagné d’avance, mais s’est ouvert assez naturellement à cette prestation vivifiante.
La Guillaumansour Expérience
Guillaume Mansour a tôt fait de souligner que lui aussi, il vient de Baie-Comeau, à l’instar de deux des membres de Miss Sassoeur et les Sassys. « Maintenant, quand vous allez entendre parler de la Baie-Comeau wave, vous allez pouvoir dire que vous savez c’est quoi », de s’exclamer le sympathique grand gamin.
Entre deux chansons, une de ses musiciennes souligne, elle, la présence majoritaire de femmes sur la scène du Lion d’or ce soir. « C’est plate que je doive le souligner tellement c’est rare que ça arrive », dit-elle. Effectivement. « On se part un band les filles ». Guillaume la trouve bin drôle.
Aux côtés de Mansour, donc, se trouve un band un peu hétéroclite mais diablement sympathique : 2 basses (!), 1 sax, une batterie, des guitares. C’est un peu pêle-mêle, style bazar musical, et ça part dans tous les sens, dans toutes sortes de chansons psyché-prog. Les chansons manquent de hook, mais regorgent de moments musicalement éclatés. On sent l’influence évidente d’un certain Navet Confit, en moins désinvolte.
Le tout se termine sur une courte chanson dynamique et joyeusement crasse : une toune de raie. De mangeage de raie, pour être plus précis. « On aime se manger la raie / Entre nous deux y’a plus aucun secret / On lèche avant, on parle après / On se connaît comme deux grands indiscrets ».
C’est ainsi que se termine la soirée, laissant un drôle de goût dans la bouche. Façon de parler.
Verdict
Sarahmée a visiblement fait bon effet, se hissant au premier rang parmi les 6 premiers artistes des préliminaires. Miss Sassoeur & Les Sassys se glissent au 3e rang derrière Nicolet, et La Guillaumansour Expérience vient tout de suite après au 4e rang.
Classement provisoire
- Sarahmée
- Nicolet
- Miss Sassoeur & Les Sassys
- La Guillaumansour Expérience
- Vincent Appelby
- Éric Charland
- Artiste(s)
- Francouvertes, Guillaume Mansour, Miss Sassoeur & Les Sassys, Sarahmée
- Ville(s)
- Montréal
- Catégorie(s)
- Chanson, Rap/Hip-hop, Rock,
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