Voiture américaine à La Licorne | Les rapports humains en temps postapocalyptiques
Dans un monde postapocalyptique, les huit personnages de Voiture Américaine tentent de survivre. Chacun essaie du mieux qu’il peut de trouver sa parcelle de bonheur, de retrouver ses repères maintenant que plus rien ne se ressemble; les portions sont rationnées, les biens de consommation n’existent plus.
Plonger ses personnages dans un univers aux ambiances de fin du monde a permis à l’auteure Catherine Léger d’explorer de nombreux thèmes. Que ce soit la peur de vieillir, de perdre sa jeunesse, la passion qui dévore, le besoin de soumission, le féminisme – sujet abordé dans une scène savoureuse où il y est question de voiture et d’épouse – les rapports humains dans toute leur simplicité et leur complexité.
Les protagonistes s’affrontent dans des face-à-face où la loi du plus fort règne, ils affrontent également leur propre démon. Suzanne va tenter de sortir de chez elle, pour la première fois depuis des années. Garance se marie à l’homme le plus influent, pour survivre. Julie boit, pour retrouver un peu de légèreté. Dans cette ville anonyme, on ne peut se cacher derrière aucun faux-semblant, aucun artifice.
Décor et jeu épurés
Cette absence d’artifice se retrouve autant dans le décor que dans la mise en scène très épurée de Philippe Lambert. Sur scène, quelques chaises posées à l’arrière dans la pénombre, les personnages y sont assis et attendent leur tour. Au milieu de l’espace se trouve un piano et au fond au grand mur empli de bouteilles d’alcool.
Avec Voiture américaine, on retrouve un théâtre très sobre et très épuré, l’accent est mis sur les acteurs et le texte. Les simples effets d’éclairage marquent avec brio les changements d’un lieu à un autre.
Le jeu des comédiens est lui aussi tout en retenue et en sobriété. Cette façon de jouer très contenue, avec très peu de variations dans l’intensité, empêche de garder l’intérêt du public tout au long de la pièce et provoque un certain détachement. Et puis, voilà que se fait entendre une mélodie douce et accrocheuse au piano; la beauté de la musique apporte le dynamisme qu’il manquait et vient raviver la flamme. On en aurait pris davantage de ces moments!
La prestation des acteurs s’en fait aussi ressentir, il devient plus difficile de s’attacher à l’un ou à l’autre par la distance qu’impose le ton. La timide et apeurée Suzanne, interprétée par Amélie Bonenfant, devient presque trop effacée, même secondaire à l’histoire. Alors que d’un autre côté, certains interprètes arrivent à se démarquer, le colérique Bathak porté par le charismatique Sébastien Dodge ressort du lot.
Malgré ses quelques lacunes, Voiture américaine tire sa force de sa simplicité, de son utilisation épurée du théâtre. Ici, ce n’est pas parce qu’il est question de violence ou de nudité qu’on les montre, pour autant. Franchement, ça fait du bien de retrouver ce type de spectacle où on laisse toute la place à des acteurs de talent.
Malgré les thèmes sombres abordés, il y a une bonne dose d’humour qui vient alléger le tout, quoique parfois c’est davantage des rires jaunes. Il est parié qu’en sortant de la salle, Voiture américaine ne vous aura pas laissé indifférent d’une manière ou d’une autre.
- Artiste(s)
- Voiture Américaine
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- La Licorne
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