Entrevue avec Yelle à Coachella
Deux semaines avant de venir faire un tour au Québec (le 2 mai au Cercle, à Québec; le 3 mai au National, à Montréal), le groupe dance français Yelle était de passage au festival Coachella.
Seule artiste chantant en français à la programmation du festival de musique californien, Julie Budet (la Yelle du groupe) s’est entretenue avec Sorstu.ca pour parler de sa 2e participation à Coachella, ainsi que du spectacle en lien avec son nouvel album Safari Disco Club, lancé en mars dernier en Amérique du Nord.
T’es la seule artiste qui chante en français à Coachella et c’est ta deuxième présence au festival. Comment les gens réagissent à ce que tu leur proposes?
En 2008, ça s’était vraiment bien passé. C’était pour nous un baptême de feu parce que, vraiment, on n’avait fait que 3 dates aux Etats-Unis. On revenait pour 8 dates et ça commençait par Coachella. Et c’était complètement fou. On avait rarement eu un concert aussi fou, c’était complètement dingue. On en garde un souvenir très marquant et du coup, ça nous a vachement donné envie de revenir.
C’est eux qui vous ont réinvités?
C’est eux, oui. On a vraiment tissé une relation avec eux. Il y a quelque chose de cool qui s’est mis en place et ils aiment bien le nouvel album donc c’était un petit clin d’œil de nous faire revenir cette année.
Nous, on adore cet endroit : on est venus l’année dernière en tant que festivaliers. (rires)
D’ailleurs, ta prestation n’a lieu que demain et c’est aujourd’hui qu’on se rencontre…
On voulait en profiter pour aller voir des spectacles parce que c’est vrai que les jours de concerts, on n’a pas vraiment le temps d’aller voir ce qui se passe parce que t’es un peu obnubilé par ce que tu vas faire.
C’est vraiment un festival que j’adore. J’aime pas trop ça, les festivals, je suis un peu claustro, un peu agoraphobe. Dès qu’il y a trop de monde, ça m’angoisse. Ici, c’est tellement vaste que t’as de la place, ce n’est pas étouffant.
J’imagine que lorsque tu prépares une prestation pour un des rares festivals auxquels tu participes, ce doit être différent de ta préparation pour un spectacle en salle.
Il y a des conditions particulières à Coachella : il y a 45 min, 20 min d’installation sur scène, et il n’y a pas de test de son. Pour les techniciens, c’est hyper speed pour eux. Il n’y a pas de lumière (ou presque pas) parce qu’on joue à 6 heures et demi alors il fait encore jour.
Il y a plein de petites choses comme ça qui sont stressantes et en même temps, on a envie de faire quelque chose de bien et de ne pas refaire ce qu’on a fait. On a des nouveaux morceaux.
C’est un challenge parce que ce n’est pas le spectacle qu’on avait pensé avec une heure et des interventions préparées. Là il faut faire un truc particulier.
Ce doit être différent aussi de s’adresser à un public presque entièrement anglophone.
On ne change pas les paroles de nos morceaux. On ne les traduit pas alors qu’ils comprennent, qu’ils comprennent pas, tant pis pour eux (rires). Moi, je parle anglais mais enfin, pas hyper bien. Donc j’ai envie de pouvoir communiquer quand même avec les gens.
Et puis, c’est un festival particulier où t’as envie qu’il se passe un truc avec le public aussi. Ç’avait déclancher quelque chose pour nous en 2008 et j’espère qu’on va conquérir encore un nouveau public en venant ici, parce qu’on aime beaucoup les Etats-Unis. Ç’a été une belle découverte pour nous, sans compter qu’on voyage beaucoup sur la route, en caravane de ville en ville.
En 2008, c’était différent : t’étais un peu une découverte. Il y avait sans doute moins de pression. Tandis qu’avec les habitués du festival, c’est possible que des gens se rappellent de la prestation de 2008 et aient certaines attentes. Est-ce que ça change ta façon d’aborder le spectacle?
Un petit peu. C’est vrai que c’est plus stressant. On va refaire des chansons qu’on a déjà faites parce qu’on n’a que 2 albums. Et on sait qu’il y a des gens qui veulent entendre Je veux te voir ou À cause des garçons, mais en même temps on a envie de faire des nouveaux morceaux et c’est très court alors on essaie de faire quelque chose de fort.
En même temps, les gens qui ont envie d’en entendre plus pourront venir voir le spectacle en salle. Ça sert aussi à ça, les festivals : ça sert à découvrir des artistes, des groupes, te faire une idée.
Vous avez fait la première partie de Katy Perry en tournée en Angleterre. Qu’est-ce que cette expérience vous a apporté, outre une certaine reconnaissance?
Ç’a beaucoup aidé à roder tout l’aspect technique, notamment. Souvent, on avait droit à une certaine balance de son, mais d’autres fois, c’était un peu comme ici (à Coachella) : il y a des soirs où c’était super speed. Alors il fallait s’ajuster facilement.
Mais au niveau de la reconnaissance, c’est vrai qu’il se passe un truc un peu fou : elle « retweete » souvent des trucs qu’on fait, comme notre vidéoclip. Tu te dis : elle a 6 millions de « followers ». Nous on en a, disons, 100 000. Tu ne touches pas du tout le même nombre de personnes et on s’est rendu compte de cet effet-là.
C’est important au sens où elle ne nous a pas choisis comme ça par hasard; elle suit ce qu’on fait depuis longtemps. Elle aime notre musique et elle connaît nos morceaux. Ce n’est pas juste la fille à qui son label a dit : « tu dois prendre tel artiste en raison de telle connection ». Je trouve ça super important, c’est flatteur et la façon dont elle communique a un impact sur notre succès.
Tu viendras nous voir au Québec bientôt. À quoi peut-on s’attendre?
Ce sera plus long qu’ici (à Coachella), en partant. On proposera un mélange de nouvelles chansons et d’anciennes.
Il y a toujours eu une relation très puissante avec le Québec, dès le départ. Quand on est venu jouer là les premières fois, ç’a été très émouvant. Je me rappelle, la première fois que j’ai pleuré sur scène, c’était au Club Soda. C’était tellement intense, tellement fort le moment d’échange avec le public que ça m’a ébranlée.
Le public donne tellement au Québec que c’est toujours agréable pour un artiste d’y venir. En France, les gens sont plus timides, moins spontanés. Il leur faut plus de temps pour se lâcher.
Il y a tout un truc d’énergie qui passe. Moi je bouge beaucoup, j’aime danser sur scène. Je crois qu’il y a un échange avec le public au Québec qui me permet de me laisser aller davantage, et les gens aussi.
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