Bluesfest d’Ottawa 2014 – Jour 7 | Young The Giant, Blondie et Gogol Bordello
Il y avait foule sur les Plaines Lebreton, jeudi soir, pour le septième jour du Bluesfest d’Ottawa. Menu pour le moins éclectique, alors que Gogol Bordello partait le bal, Blondie revisitait ses grands succès et Young The Giant épatait la galerie, à l’abri d’un concert country-pop de The Band Perry.
18h : Gogol Bordello
D’habitude, c’est assez tranquille lorsque les premiers groupes débutent à 18h. La programmation du Bluesfest est généralement bâtie en crescendo, avec le meilleur pour la fin.
Mais jeudi, c’était différent. Gogol Bordello n’allait pas se la jouer mollo, ce serait contre nature. Au contraire, Eugene Hütz s’en est donné à coeur joie avec sa bande bigarrée à interpréter les classiques Not A Crime, Immigraniada, et autres Pala Tute, ainsi que quelques-unes plus récentes, tirées de Pura Vida Conspiracy, paru en 2013.
On se demande bien où ils puisent toute cette énergie. Mais si un concert complet de Gogol Bordello sait très bien soutenir l’intérêt, c’est encore plus efficace en moins de 60 minutes.
Les membres du groupe prennent tour à tour les devants de la scène pour un solo d’accordéon par-ci, de violon par-là, quand ce n’est pas la chanteuse chinoise Elizabeth Sun qui vient battre un immense tambour à l’effigie du groupe sur la petite plateforme au-devant de la scène pendant l’explosive Start Wearing Purple. Hütz aussi battait le gros tambour… avec sa bouteille de vin !
Le concert aurait peut-être dû se conclure avec Mishto!, de loin la plus entraînante du lot, mais toutes les chansons de Gogol Bordello sonnent comme des fins de shows.
Belle façon de démarrer la soirée.
19h : The Paper Kites
Petit détour du côté de la scène River, où se produisait le groupe indie-folk australien The Paper Kites, dont on dit beaucoup de bien récemment.
C’est sans doute un goût qui s’acquiert au fil des écoutes de l’album. Parce que pour une première impression en spectacle extérieur, c’est plutôt ardu. On ne peut pas dire que ce soit la bande la plus énergique du festival, loin de là, mais leur musique est délicate et requiert une écoute attentive, ce qui était pratiquement impossible tant la petite foule jasait pendant les chansons.
Les arrangements semblent jolis, tout comme les harmonies vocales, mais on ne constate pas vraiment de grande originalité à la première écoute.
Intrigant sans plus. Peut-être pas le type de concert à écouter au gros soleil non plus. On imagine un résultat plus convaincant dans l’intimité d’une salle fermée. Le Bluesfest aurait peut-être dû les présenter dans la salle Barney Danson, à l’intérieur du Musée de la guerre.
States, leur premier album complet, était lancé en octobre 2013.
20h : Blondie
De retour du côté du terrain principal. Ça s’est rempli en une heure !
Blondie était attendue de pied ferme par une foule composée de gens de la génération X, tout comme de jeunes curieux, qui venaient étudier un chapitre de l’histoire du rock. Visiblement, certains ne passeront pas ce cours : « C’est bizarre qu’ils commencent avec une reprise de One Direction », de dire la jeune blondinette à son amie identique. Non, jeune dame : One Way or Another n’a pas été écrite par les jeunes garçons britanniques. C’est l’inverse… (soupir)
« Blondie ressemble à ma vieille tante après deux dry gins », de lancer une autre demoiselle. On aurait le goût de lui souligner que Blondie est le nom du groupe et non de la chanteuse… mais en revanche, elle n’a pas tout faux : il est vrai que Debbie Harry ressemble à notre vieille tante après deux drinks…
Si Blondie donnait dans la chanson à texte, on ne le soulignerait pas. Mais pour une musique rock (parfois punk) qui carbure à la fougue et au sex appeal, c’est un peu étrange de voir Debbie se dandiner maladroitement comme une dame frôlant la soixante-dizaine, vêtue comme la chienne à Jacques, avec la coupe au carré blond platine, presque blanc. Son « bustier » constitué de bouts de ceinture met étrangement en valeur ses bouts de sein, alors qu’une lisière de cuir lui traverse la fourche comme un g-string. Quel étrange accoutrement.
Si on ferme les yeux, c’est beaucoup mieux : la chanteuse a encore de la voix – peut-être pas comme à ses beaux jours, mais ça demeure respectable – et la musique a du mordant. Il faut dire que les vieux Chris Stein (guitariste et membre fondateur) et Clem Burke (batteur, aussi là depuis les débuts) se sont adjoint les services de quelques jeunots, dont le guitariste Tommy Kessler. Tout un contraste côté look, avec son gaminet CBGB et sa chevelure nouveau genre. Fait cocasse, Kessler fait parfois partie du Blue Man Group à New York.
Quoi qu’il en soit, son jeu de guitare convient parfaitement aux chansons de Blondie, contrairement à son collègue Matt Katz-Bohen, dont le solo de guitare-piano lors de Call Me semblait sorti de nulle part, tout comme ses bruits électro-douchebag durant Mile High.
Le groupe a aussi eu la drôle d’idée de transformer Rapture en Fight For Your Right (to Party) des Beastie Boys. Pourquoi ? On se le demande encore, surtout en voyant la pauvre Debbie gesticuler frénétiquement, comme si elle paniquait à l’idée d’avoir oublié comment on fait le party…
La perfo s’est terminée avec Heart of Glass, évidemment, et au rappel (ce n’est pourtant pas la tête d’affiche…), Dreaming. Debbie remercie chaleureusement Ottawa pour ce beau moment, alors que la tournée 40e anniversaire s’achève bientôt.
Blondie a connu des meilleures années, entendons-nous. Mais si d’autres groupes légendaires ont droit à un dernier tour de piste, Blondie le mérite amplement.
21h30: Young The Giant
Si on devait remettre un prix au groupe le plus convaincant en spectacle à comparer aux albums, Young The Giant gagnerait sans doute la palme. Tout comme Sameer Gadhia pourrait gagner le prix du frontman le plus charismatique du circuit indie rock.
Quand on parle d’un chanteur « investi » dans son spectacle, Gadhia devrait faire école. C’est fou ce que sa performance est engageante sur scène. Courtois, drôle, touchant, énergique et généreux, il se comporte comme un gentleman qui y met tout son coeur sans jamais fausser la note. Muni de deux micros, dont un qui est branché dans un dispositif à effets que Gadhia peut contrôler en direct, il se sert de sa voix comme d’un instrument, ce qui ajoute beaucoup à la prestation.
Même sur le plan musical, les chansons de Young The Giant sont bonifiées sur scène. On y trouve (finalement) ce mordant qui manque aux disques, et les arrangements brillent par leurs subtilités. Et ce n’est pas peu dire : en l’absence du guitariste Jacob Tilley, qui s’est fracturé le bras en plein milieu de la tournée, le groupe a fait appel à … son tour manager Stu Berk ! Le gérant de tournée a appris les chansons à pied levé en quelques jours, et se tire plutôt bien d’affaire.
La grille de chansons proposée jeudi soir était fort bien constituée : It’s About Time tôt dans le set, Cough Syrup au terme d’une série de quatre nouvelles chansons, ainsi qu’une finale avec Apartment, Mind Over Matter et My Body, coup sur coup. Le public a quitté les Plaines rassasié, contrairement au show de The Killers la veille…
Photos en vrac
par GjM Photography
Grille de chansons
Blondie
One Way or Another
Rave
Hanging on the Telephone
Mile High
Call Me
What I Heard
Maria
Euphoria
A Rose by Any Name
Rapture (avec Fight For Your Right (to Party) des Beastie Boys)
Atomic
Sugar on the side
Heart of Glass
Rappel
Dreaming
Young the Giant
Anagram
It’s About Time
I Got
Eros
Guns Out
Teachers
Firelight
Cough Syrup
Strings
Crystallized
Paralysis
Apartment
Mind Over Matter
My Body
- Artiste(s)
- Blondie, Bluesfest d'Ottawa, Gogol Bordello, Paper Kites, Young The Giant
- Ville(s)
- Ottawa
- Salle(s)
- Plaines LeBreton
- Catégorie(s)
- Indie Rock, Musique du monde, Pop, Rock,
Vos commentaires