Voivod

Critique album | Voivod – Target Earth

Voivod - Target Earth Voivod Target Earth

C’est un des albums les plus attendus de l’année sur la planète metal. Le légendaire groupe Voivod est de retour avec un nouvel opus, le premier depuis la mort du guitariste Piggy. Cible atteinte : après trente ans de carrière, les gars sont de retour au sommet avec un album remarquable.

D’abord, une petite mise en contexte pour ceux qui auraient hiberné les 30 dernières années. En 1982 à Jonquière naît la formation Voivod, groupe qui atteint rapidement des sommets et tourne dans le monde entier aux cotés des plus grands du genre comme Kreator ou Testament.

Au gré des albums, Voivod se démarque par son coté progressif, et le jeu de guitare singulier de Piggy. La carrière du groupe prend un tournant tragique avec le décès de ce dernier, de son vrai nom Denis d’Amour, en 2005. Le groupe décide finalement de continuer en embauchant Dan Mongrain, alias Chewy.

C’est ce qui fait aujourd’hui que Target Earth est tant attendu, car c’est le premier album composé avec le nouveau guitariste, et le challenge de chausser les souliers de Piggy est énorme, tant son jeu et ses compositions étaient uniques. Les fans du monde entier seront évidemment très critiques envers le « petit nouveau ».

Eh bien disons que les gars ont eu du flair en dénichant Chewy, car ce dernier a réussi l’exploit de faire revivre Voivod, aidé par le retour du bassiste original Blacky qui avait quitté le groupe en 1991.

C’est ce dernier qui attaque l’album avec un gros son de basse cinglant et saturé dans un riff assez groovy. Et c’est parti pour 56 minutes de pur Voivod !

Le timbre de voix reconnaissable de Snake, le jeu puissant, simple mais efficace de Away, mais surtout… la guitare de Chewy, incroyablement authentique, relativement à la musique de Voivod. Ce genre de riffs dissonants, ce son de guitare à la fois cru et travaillé : on croirait vraiment entendre le jeu de Piggy et les fans en seront ravis.

Il faut aussi préciser le retour de Blacky dans la composition, peut-être la combinaison parfaite des éléments, l’alignement de planètes nécessaire. Après un début très rentre-dedans, Target Earth dérive agréablement dans une mouvance plus progressive.

Klusap o kom s’inscrit dans une tendance plus thrash metal et rappelle les débuts du groupe. Empathy for the Enemy ralentit dans une passe plus mélodique, avec un refrain vraiment accrocheur, et toujours un enchaînement assez incroyable de parties différentes. C’est ce qui fait le génie de Voivod : cette capacité à jouer un style progressif mais sans tomber dans des structures incompréhensibles et complexes, ni d’abuser de démonstrations techniques interminables et finir pour aboutir avec un produit sans queue ni tête.

Au contraire, Voivod mène sa barque avec ses morceaux variés, gardant toujours son coté direct et pur, son essence thrash et punk. La voix de Snake est mise en valeur, agressive mais mélodique et assez riche pour donner de l’émotion au tout, s’ajustant parfaitement sur les riffs.

Le jeu de basse de Blacky est lui aussi remarquable, avec juste ce qu’il faut de distorsion pour s’équilibrer parfaitement avec la guitare. Les lignes de basse sont généralement très intéressantes et parfois très guitaristiques, n’hésitant pas à s’éloigner des riffs de Chewy. C’est là une autre richesse de cet album, comme en témoigne l’excellente Mechanical Mind, où on découvre peut-être plus de personnalité dans le jeu de Chewy à travers ses solos.

Warchaic dévoile un coté plus lent et psychédélique, d’arpèges en solos graves et planants. Resistance revient dans un registre plus rock et direct qui fait bouger la tête avec un des meilleurs riffs de l’album, suivi de Kaleidos qui contient aussi son lot de riffs et de mélodies remarquables.

Arrive alors un moment fort de l’album, Corps Etranger, la première chanson en français de Voivod en trente années de carrière. Une idée qui peut paraître étrange, et même
un challenge pour un groupe de ce style de metal. Un défi totalement réussi par Snake qui nous livre une performance incroyable, que ce soit sur le plan textuel que vocal, se
permettant même de placer avec brio une mélodie presque pop au beau milieu d’un morceau d’une veine plutôt trash, redoutablement efficace et accrocheur!

Artefact et Defiance viennent conclure ces 10 titres envoyés avec une grande maîtrise par 4 musiciens excellents. Ni trop court ni trop long, Target Earth s’impose comme une brique à l’édifice, un solide morceau de la discographie du groupe, rappelant les époques Nothing Face ou Dimension Atross, et honorant la mémoire de Piggy.

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