
Cigale – Jour 3 | Chaleur accablante, moments magiques et clôture en grande pompe avec Foster the People
À la Baie de Beauport, le dernier souffle du Festival Cigale 2025 s’est posé dimanche dernier sous un soleil implacable, avec une chaleur qui collait aux vêtements, et une ambiance qui collait au cœur. La plage, déjà magnétique en soi, vibrait au rythme de performances bien distinctes, chacune offrant son univers, sa couleur, sa façon d’entrer en connexion avec une foule bigarrée. Entre les brises rares, les vagues qui s’écrasaient mollement sur le rivage et les festivaliers oscillant entre danse et quête d’ombre, cette dernière journée à offert de véritables instants suspendus, gravés dans les mémoires.
Foster The People : danser jusqu’à la dernière note
Tâche redoutable que celle de clore un festival entier: Foster The People a relevé le défi avec l’énergie contagieuse d’un groupe qui sait exactement comment tenir le public par les hanches. Même si tous les spectateurs ne pouvaient se targuer de connaître l’intégralité de leur répertoire, impossible de résister à ces rythmes ciselés, portés par une production qui donne envie de bouger, peu importe la fatigue accumulée au fil des trois jours.
* Photo par Dominic Courchesne.
Le groupe californien, formé autour du charismatique Mark Foster, a généreusement puisé dans son premier album culte Torches. Les morceaux s’enchaînaient comme un enfilage de perles pop éclatantes, ravivant souvenirs et découvertes. Quand les premières notes de Don’t Stop (Color On The Walls) ont retenti, un frisson collectif a parcouru la foule, déclenchant un mouvement ondulant et spontané, comme si tout le monde se souvenait soudain de pourquoi il était là:pour vivre.
* Photo par Dominic Courchesne.
Entre deux chansons, Mark Foster a pris le temps d’échanger avec la foule, visiblement touché par l’accueil qui lui était réservé. Les rires fusaient, les cris montaient de tous côtés, et l’on sentait cette proximité rare qui se crée parfois entre un artiste et son public. La plage s’illuminait par moments de centaines de téléphones brandis, formant un ciel artificiel au-dessus des têtes, tandis que les rythmes électropop du groupe se mêlaient au roulis lointain de l’eau.
* Photo par Dominic Courchesne.
Le clou du spectacle, pourtant, était attendu. Et Foster The People ne s’est pas fait prier pour l’offrir. Au final, Pumped Up Kicks a transformé la plage en un chœur immense, les voix se mêlant à la brise, chacun scandant les paroles de ce succès planétaire. Sous le ciel qui croulait sous les étoiles, cette conclusion avait tout d’un instant de cinéma, celui où la lumière baisse lentement et où l’on reste planté là, encore étourdi, à applaudir sans vouloir partir.
Mark Ambor : l’incident qui a soudé la foule
Si Mark Ambor avait déjà conquis le public par sa simplicité désarmante et son talent d’auteur-compositeur-interprète, c’est un petit incident technique qui a scellé l’histoire de son passage à Cigale. À 19h33, alors que la chaleur de la journée écrasait encore chaque souffle, le son se coupe. Plus de micro. Plus de repères. Un silence étrange s’abat sur la scène.
* Photo par Dominic Courchesne.
Plutôt que de se laisser désarçonner, l’artiste new-yorkais descend vers la foule, monte sur la base de la clôture et, guitare en main, entonne un morceau directement pour les gens massée devant lui. Sans ampli, sans barrière autre que le métal sur lequel il s’appuie. Sur les écrans, le message tombe : « Spectacle interrompu ». Mais, sur le sable, un autre spectacle naît : celui d’une communion imprévue entre un artiste et son public. Quelques minutes suffisent pour que tout rentre dans l’ordre, mais l’instant, lui, est gravé dans les mémoires.
* Photo par Dominic Courchesne.
Vêtu d’un t-shirt noir à fines lignes rouges et d’un long jeans tout aussi noir, Mark Ambor ne se départira jamais de sa douceur et de sa chaleur humain malgré les 28 degrés suffocants. Autour, des parents bercent leurs bébés coiffés de coquilles protectrices, un contraste tendre avec l’énergie de la foule.
Tout au long de sa prestation, Mark Ambor reste fidèle à sa guitare acoustique, offrant des interprétations uniques où chaque mot trouve sa place. Son single Our Way déclenche de larges sourires et quelques danses assumées. Puis, à 20h14, il s’assoit au bord de la scène, accompagné seulement de son guitariste, laissant les autres musiciens en retrait. Là, il reprend Drops Of Jupiter de Train, et, au beau milieu du morceau, lance un vibrant « I love you Cigale » qui fait vibrer la plage entière.
* Photo par Dominic Courchesne.
Le set se termine avec Belong Together. Bras levés, la foule ondule de gauche à droite, bercée par l’instant. Avant de quitter la scène, l’artiste confie qu’il fera une pause après ce spectacle pour se consacrer à son prochain album, un au revoir qui se veut une promesse.
Walk Off The Earth : quand la famille s’invite sur scène
Avec Walk Off The Earth, la scène devient un terrain de jeu où tout est possible. Les premières notes de Red Hands installent d’emblée un rythme enlevé, et la chanteuse Sarah Blackwood attire tous les regards. Deux toques sur la tête, bas blancs tirés jusqu’au genoux, espadrilles blanches maculées, son tambourin à la main, elle entraîne la foule dans un geste collectif, bras balançant de gauche à droite jusqu’à ce que le mouvement devienne presque hypnotique.
* Photo par Dominic Courchesne.
Le groupe canadien ne se contente pas de son propre répertoire. Entre deux compositions originales, il offre des reprises parfaitement calibrées : Crazy de Gnarls Barkley, Stick Season de Noah Kahan, et, inévitablement, Somebody That I Used To Know de Gotye, la chanson qui les a catapultés sur la scène internationale, revisitée à leur sauce. La version est accueillie comme un cadeau attendu, provoquant un enthousiasme palpable jusqu’au fond de la plage.
* Photo par Dominic Courchesne.
Mais c’est un moment attendu qui vole presque la vedette : les trois enfants de la chanteuse et de son partenaire Gianni Luminati montent sur scène pour interpréter My Stupid Heart. Deux jeunes prennent les guitares et chantent, un autre s’installe à la batterie, tandis que leur père recule volontairement pour leur laisser toute la lumière. La scène prend des airs de fête de famille, et la foule fond devant cette spontanéité.
* Photo par Dominic Courchesne.
Le set se conclut avec Rule The World, un hymne à la joie simple, parfait pour refermer cette parenthèse bigarrée.
Fuso : chaleur et vibrations tropicales
Plus tôt, quand Fuso est sur scène, la plage semble plus légère. Le chanteur, déjà bien installé dans le paysage musical québécois avec ses sonorités teintées de chaleur tropicale, fait danser la foule dès les premières minutes. Les fans attendaient Love, et quand elle arrive, les applaudissements couvrent presque la musique.
* Photo par Dominic Courchesne.
Le point culminant survient avec Coffee, véritable carte de visite de Fuso. Les voix s’unissent, la rythmique puise jusque dans le sol, et même les plus réticents finissent par esquisser quelques pas de danse. C’est court, intense, et ça laisse cette sensation agréable d’avoir voyagé loin, sans quitter la plage.
Clodelle : élégance à contre-courant
Clodelle a ouvert cette dernière journée, entrant sur scène, bras levé pour saluer… Mais la chaleur a eu raison de la foule qu’elle croyait voir devant elle. Peu importe, l’ancienne mannequin, au port altier et à la voix suave, déploie ses chansons comme on déroule un foulard léger. Sa musique, minimaliste et délicate, évoque un peu celle de Carla Bruni, avec des mélodies simples et un phrasé presque murmuré.
* Photo par Dominic Courchesne.
Ce n’est sans doute pas le type performance qui attire spontanément les foules des festivals, mais elle charme ceux qui l’écoutent. Et quand elle entonne son excellente reprise de I Lost My Baby de Jean Leloup, elle parvient à créer un petit cocon d’intimité au milieu du tumulte.
Avec cette troisième journée, Cigale 2025 a refermé son livre sur un chapitre éclatant. Malgré la chaleur écrasante, malgré les défis logistiques inhérents à tout événement de cette ampleur, la programmation a tenu ses promesses et plus encore. Foster The People a offert une clôture digne de ce nom, Mark Ambor a transformé un incident en moment d’anthologie, Walk Off The Earth a réaffirmé sa créativité tout terrain, Fuso a mis du soleil dans les corps, et Clodelle a offert un instant suspendu.
Au final, ce n’est pas seulement la musique qui résonne encore, mais l’ensemble des instants partagés, ces petits moments imprévus qui font la magie des festivals. Cigale, cette année, n’a pas seulement été un succès. Il a été un rappel vibrant que, sur une plage en août, tout peut arriver.
- Artiste(s)
- Amber Mark, Clodelle, Foster the People, Fuso, Walk Off The Earth
- Ville(s)
- Québec
- Catégorie(s)
- Festival, Folk pop, Indie Pop, Indie Rock, Pop, Soft rock,
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