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Festival d’été de Québec 2025 – Jour 7 | Kygo, Don Diablo, Sam Feldt et Victoria Nadine : entre magie électronique, flammes et moments d’égarement

Un ciel doux au-dessus de Québec, une foule dense réunie sur les plaines d’Abraham, et une soirée consacrée aux rythmes électros, à la nostalgie remixée et aux pulsations enivrantes. Le 9 juillet 2025, le Festival d’été de Québec proposait une soirée électrisante en compagnie de quatre artistes: la norvégienne Victoria Nadine, les DJ néerlandais Sam Feldt et Don Diablo, et en tête d’affiche, la super-vedette Kygo. Une soirée attendue, un crescendo de sons, d’images et d’émotions, mais aussi une série de contrastes, entre spectacles léchés et moment désincarnés.

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Kygo : douceur tropicale et hommages vibrants

À 22h, le roi du tropical house a fait son entrée dans une mer d’ovations. Kygo, silhouette calme derrière ses platines, a offert un moment suspendu dans le temps, comme s’il était parvenu à ralentir le rythme cardiaque collectif pour l’aligner sur celui de ses mélodies planantes. À un moment dans son set, il a revisité à sa manière le succès Beautiful Things de Benson Boone en y injectant sa touche atmosphérique si distinctive, enveloppant la foule dans un cocon sonore doux-amer.

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Mais la soirée n’a pas été que tendresse et envolées aériennes. Kygo a enchaîné ses propres hymnes, ceux que tout le monde attendait: Whatever, It Ain’t Me, Casing Paradise. Des classiques désormais, qu’il livre avec une simplicité maîtrisée, comme s’il voulait rappeler que parfois, la puissance vient du contrôle plutôt que de l’excès.

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Toujours entre deux couches de piano et de percussions profondes, il a touché une corde sensible avec un hommage à Avicii. Les premières notes de Wake Me Up ont fait frissonner la foule, tout comme Levels, offert avec respect. L’émotion était palpable. Aussi, un autre clin d’œil émouvant, cette fois à Tina Turner, What’s Love Got to Do With It est apparue comme une brise chaude au cœur de la nuit, portée par des visuels solaires et une touche délicate au clavier.

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Pas de fioritures, pas de provocations inutiles. Juste un artiste en pleine maîtrise de son art, qui reçoit d’autres artistes sur scène, qui connaît la puissance des silences comme celle des beats. Un moment grandiose qui rappelait que l’élégance peut être une arme de séduction massive, même dans l’univers souvent exubérant de l’électro.

Don Diablo : entre visions apocalyptiques et feu sacré

Si Kygo apaisait, Don Diablo, lui, est arrivé pour déranger. Dès 20h44, une trame sonore digne d’un film d’horreur a commencé à se faire entendre, sourde, grave, presque oppressante. Quelques minutes plus tard, le DJ néerlandais est apparu, vêtu d’un genre de grand gilet boutonné lousse, recouvert de graphiques informes, comme si un tableau abstrait s’était transformé en vêtement.

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Il a salué la foule d’une voix déformée, presque méconnaissable. Impossible de distinguer les mots. Une forme d’incantation sans langage. Dès les premières basses, le sol a semblé vibrer sous les pieds. À plusieurs reprises, de gigantesques jets de feu ont jailli au devant de la scène, arrachant des reculs de surprise à la foule. Une chaleur soudaine, presque brutale, qui ajoutait à l’expérience sensorielle intense.

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Sur l’écran géant, les images défilaient comme dans un rêve fiévreux. Un Christ couronné d’épines est apparu, regard perdu, encadré de lumière vive. Sacré ou profane? La frontière se brouillait. Plus tard, enfin, il a salué la foule en se présentant juste avant d’entamer une ébauche de Around the World, hommage subtil à Daft Punk.

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Son set était dense, parfois cacophonique, alternant entre des moments très sombres et des séquences presque spirituelles. Une performance étrange, déroutante, mais cohérente dans sa volonté de bousculer. Don Diablo ne cherche pas à plaire. Il cherche à marquer, et cette nuit-là, il l’a fait au fer rouge.

Sam Feldt : chaleur humaine et euphorie partagée

Avant que la noirceur ne s’installe complètement sur les plaines, Sam Feldt a fait une entrée remarquée. Il a surpris tout le monde en hurlant: « QUÉBEC FAITES DU BRUIT » d’une voix rauque en enthousiaste, grimpé sur sa console, les bras levés au ciel. Une énergie débordante, immédiatement contagieuse. Il aura également enchaîné ses slogans fédérateurs: « Tout le monde! Tout le monde! », en frappant dans ses mains pour entraîner la foule dans son tourbillon de bonne humeur.

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Des flammes ont jailli du sol à quelques reprises, sans excès, mais suffisamment pour souligner les moments clés de sa performance. Puis, quand les premières notes de Mystical Magical se sont fait entendre, ce fut la folie. Danse, cris, bras en l’air, la foule était en transe.

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Sur les écrans géants, des fleurs éclataient en rafale, en contraste total avec l’introspection suggérée par l’image d’un sablier liquide, formé de gouttes d’eau. Un moment poétique, presque méditatif, au cœur d’un set euphorique.

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À 20h22, sans prévenir, Sam Feldt a lancé une chanson des Cowboys Fringants. Les premières notes ont provoqué une clameur instantanée, un réflexe d’identité collective. Il a accompagné ce clin d’œil local de feu et de jets de fumée, accentuant l’instant. Ce mélange de sensibilité internationale et d’ancrage local a fait de son passage un moment sincère, bien senti, et particulièrement apprécié.

Victoria Nadine : une erreur de casting

Victoria Nadine a ouvert la soirée, mais le cœur n’y était pas. Vêtue d’un petit haut style corset et d’une mini-jupe qui semblait tout droit sortie d’un vidéoclip TikTok, elle ne fittait tout simplement pas avec l’ambiance. Le public, qui ne semblait pas la connaitre, lui a réservé une indifférence polie.

photo : stéphane bourgeois* Photo par Stéphane Bourgeois

Ses mimiques semblaient mécaniques, répétées par automatisme: main qu’elle passe dans ses cheveux, main sur la poitrine, déplacement à gauche, retour à droite… Chaque geste donnait l’impression d’avoir été pratiqué encore et encore, sans y croire vraiment. Quinze minutes après le début de son spectacle, elle a lancé un timide « Ça va Québec? » dans un micro qui ne renvoyait presque aucun écho. Silence gênant. Peu de réactions.

photo : stéphane bourgeois* Photo par Stéphane Bourgeois

Il arrive que certaines prestations manquent simplement le bon moment, le bon lieu, le bon public. C’était le cas ici. Malgré ses efforts, Victoria Nadine semblait ailleurs, dans un autre décor que celui des plaines. Et le public l’était aussi.

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En somme, cette soirée du 9 juillet au FEQ a été un véritable voyage en montagnes russes. Entre l’élégance aérienne de Kygo, l’intensité quasi mystique de Don Diablo, l’euphorie solaire de Sam Feldt et la performance effacée de Victoria Nadine, les plaines ont vécu un arc narratif complexe, parfois contrasté, mais assurément mémorable. Comme quoi, dans le monde de l’électro, chaque battement peut marquer un tempo différent dans le cœur de chacun.

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