Festival International de jazz de Montréal 2025 – Jour 10 | Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp comme conclusion alternative au festival

Pour ce dernier jour de l’édition 2025 du Festival International de Jazz de Montréal, plusieurs (dont notre collaboratrice Karine Champagne) pouvaient opter pour l’excellente Esperanza Spalding. Mais j’ai choisi de terminer avec l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp. Le collectif suisse composé de douze musiciens sur scène nous a livré une musique très écrite et enlevante en contraste avec les thèmes sombres des paroles.

Fondée en 2006 par le contrebassiste Vincent Bertholet, l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp s’inspire de l’esprit des grands orchestres africains des années 60 et 70 avec un collectif de douze musiciens sur scène. On retrouve ainsi deux cuivres (trombone et bugle), deux cordes (violoncelle et alto), deux marimbas, deux batteries, deux guitares électriques, une contrebasse et une chanteuse! Sachant que tout ce monde chante et fait des chœurs, il y a de l’animation sur scène. De plus avec cinq femmes pour sept hommes, on se rapproche de la parité!

Les arrangements sont riches et j’apprécie que les paires de mêmes instruments aient des parties différentes et complémentaires : ainsi les joueuses de marimba se répondent et avec la spatialisation de la stéréo, l’effet est particulièrement bien utilisé. Lorsque les deux femmes jouent des parties de claves, c’est à la fois d’une simplicité désarmante et d’une efficacité redoutable. Les deux guitaristes aux sons post-rock usent du même principe avec beauté.

La sonorité de l’ensemble est hors de l’ordinaire et les divers instruments sont très bien exploités malgré leurs différences sonores. Cela rappelle effectivement l’esprit des grands orchestres africains mais avec une touche clairement européenne et un côté dadaïste assumé avec la référence directe à l’artiste et grand dadaïste Marcel Duchamp.

Et si la musique se veut largement festive et dansante, les thèmes des textes sont, eux, bien plus chargés et lourds, comme l’éco-anxiété ou le côté sauvage de l’humain. Le contraste fait un peu grincer des dents. Et encore, je n’ai pas compris toutes les paroles car elles sont proposées dans un multitude langue : outre le français et l’anglais, il y avait de l’espagnol, du letton et je soupçonne avoir entendu un dialecte suisse proche de l’allemand.

J’avoue être surpris que cette formation provienne de la Suisse et qu’elle nous offre une telle richesse d’influences et d’originalité! À date, de ce pays, je ne connaissais que les banques, le gruyère, le chocolat et Lucien Dubois, un excellent joueur de clarinette contrebasse qui a tout de même enregistré avec Marc Ribot.

Comme l’orchestre nous offre deux concerts ce soir, le premier à 21h00 et le dernier à 23h00, je décide d’aller écouter l’Afro-beat multiculturelle de la Montréalaise Salin entre les deux sets. Malheureusement pour moi et tant mieux pour elle, le studio TD est déjà plein à mon arrivée et je ne peux y entrer. Ça sera pour une autre fois!

Pour ce deuxième concert, malgré ma mémoire de poisson rouge, il y a comme un goût de déjà-vu : je reconnais au cours de la première demi-heure quatre titres déjà joués auparavant. Bon, ça a l’air que la liste des titres est très proche si ce n’est identique au premier show de la soirée… C’est plutôt décevant de leur part. Et même si je les ai appréciés une première fois, la deuxième est de trop et je rentre chez nous.

L’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp m’a fort agréablement surpris par la richesse de ses arrangements et l’originalité de son propos avec de bons musiciens qui sont tout autant chanteurs. Le côté dansant et fort joyeux de l’ensemble ne peut laisser totalement immobile. C’est cependant dommage d’avoir choisi la redite pour leur deuxième concert de la soirée.