
Entrevue avec Isabelle Charlot | Le public comme ambassadeur des artistes
Après un lancement réussi à Rimouski le 3 mai 2025 dernier, l’artiste bas-laurentienne Isabelle Charlot se prépare à deux autres dévoilements de nouvel album Pour éblouir la fin du monde et du spectacle qui l’accompagne à Montréal et Québec, respectivement les 29 et 31 mai à la Casa de Popolo et au Hub Créatif.
La musicienne a mis le paquet pour l’occasion. On n’accotera pas les 20 quelques musiciens de son entourage, soit tout le monde qui aura touché de près ou de loin à l’album pendant sa conception et sa genèse, mais on pourra voir dans ses toutes premières représentations la nouvelle scénographie préparée par l’artiste. Après une résidence de création avec Pimp ton show, un organisme offrant des services de coaching scénique, Isabelle Charlot s’est dit que tant qu’à déjà jouer des pièces un peu prog avec beaucoup d’ambiances, pourquoi ne pas leur ajouter encore plus de théâtralité. Le résultat? « Un opéra rock qui vise au-delà du quatrième mur, pour que la foule fasse partie du show. »
Ça suit mon allure, ma démarche un peu punk. On en fait beaucoup avec peu de budget.
La « bibitte de scène » souhaite ainsi que la mise en scène permette au public de comprendre chaque moment musical, malgré la durée parfois assez longue des morceaux qui pourrait en rebuter plus d’un. Et ce souci du public, c’est vraiment un élément central de la démarche d’Isabelle Charlot avec Pour éblouir la fin du monde : « je veux que le public puisse devenir les ambassadeurs des artistes qu’ils écoutent. »
L’aspect le plus notable de l’idéation et de la démarche entourant cette nouvelle sortie, outre l’aspect scénique, c’est une volonté de déjouer les codes désormais traditionnels de l’industrie en évitant les plateformes de streaming. Un pari risqué, mais assumé à 100% par l’artiste.
J’aspire à ce qu’on revienne à une écoute plus éthique. Je veux pas constamment juste vouloir récolter des écoutes sur Spotify.
Se concentrer sur son art plus que sur ses streams donc. Démarche louable s’il en est une, et qui vise à chambouler les codes de la découvrabilité comme on la connait depuis quelques années. Isabelle Charlot n’est pas non plus la seule à parler de tout ça récemment, alors qu’on s’est entretenu avec elle au lendemain du dépôt du nouveau projet de loi sur la découvrabilité des contenus francophones du ministre Mathieu Lacombe. Si l’artiste endosse le principe, ce n’est toutefois pas une finalité pour elle : « c’est une avancée, mais on se retrouve encore à quémander de l’argent aux plateformes. La découvrabilité, ça veut pas dire plus de revenus aux artistes. C’est la rémunération le problème. »
Sa solution? En revenir à une démarche de proximité. Pour éblouir la fin du monde n’est disponible sur aucune plateforme en ligne (sauf pour un single), avec pour simple exception Bandcamp, le site le plus éthique d’entre tous comme on sait. Ça c’est pour le numérique, pour le reste, la musicienne s’est alliée avec quelques disquaires d’un peu partout au Québec pour distribuer des copies physiques de l’album, en plus d’en vendre comme merch lors de ses spectacles. A-t-elle peur de perdre des ventes ou des revenus ainsi? « Y’a déjà un regard différent qui est porté vers moi. Je reste dans le Bas-Saint-Laurent, je fais des longues chansons, j’ai fait le choix de rester en région. Je veux juste faire de l’art au final, c’est ça qui me nourrit. »
Outre ses lancements à Montréal et Québec la semaine prochaine, Isabelle Charlot sera également de la prochaine édition du Festival de la chanson de Tadoussac le 13 juin au Gibart et le 14 sur le traversier pour des mini-concerts, ainsi qu’à l’Église de l’Anse-Saint-Jean dans le cadre de l’International périphérique le 17 août en première partie de René Lussier, un autre artiste « qui a fait le pari de l’indépendance presque toute sa carrière ».
Le lancement à la Casa Del Popolo sera précédé d’un « pré-lancement acoustique » en mode 6 à 8 au disquaire l’Oblique. En plus d’interpréter quelques chansons en formule acoustique, l’artiste permettra une prise de parole par certains intervenants de l’écosystème musical, dont notre collègue Arnaud Nobile d’atuvu.ca. Une belle initiative qui démontre une fois de plus la volonté d’Isabelle Charlot de rallier les forces de la communauté culturelle de proximité. Des invitations gratuites pour cet événement préliminaire sont disponibles sur le site d’atuvu.ca.
À Québec, un événement semblable se tiendra au Knock-Out, disquaire dans St-Roch.
Pour plus d’infos au sujet de tous les spectacles, visitez le site web de l’artiste dès maintenant.
* Cet article a été produit en collaboration avec la Coop Raquette.
- Artiste(s)
- Isabelle Charlot
- Ville(s)
- L'Anse-Saint-Jean, Montréal, Québec, Tadoussac
- Salle(s)
- Casa Del Popolo, Scène HUB Créatif
- Catégorie(s)
- Francophone, Post-rock, Québécois, Rock,
Événements à venir
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vendredi
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