crédit photo: Pierre Langlois
Nils Frahm

Nils Frahm au M Telus | Paysages sonores panoramiques luxuriants et vibrants

Nils Frahm est un artiste unique en son genre. Le célèbre compositeur, pianiste et producteur allemand fait un retour à Montréal en performant deux soirs au M Telus. Retour sur le premier de ces deux évènements qui a été offert dans une salle bondée hier, le 10 mai 2025, offrant un cadre dynamique et chaleureux.

Le musicien est monté sur scène sous des applaudissements nourris et a pris place au milieu d’un assemblage de boîtes et de tables en bois sur lesquelles sont déposé toutes sortes de claviers, d’appareils et d’équipements. Chacun était installé avec un objectif précis : créer un son différent. Il a enfilé des gants spéciaux et s’est mouillé les mains, jetant de l’eau dans la foule, comme pour la baptiser.

Le premier morceau du nouvel album live s’intitule à juste titre Prolog. À l’écoute, on pourrait croire qu’il est joué sur un synthétiseur, mais il s’agit en réalité d’un harmonica de verre, un instrument fascinant qui crée des sonorités surnaturelles. Inventé en 1761 par Benjamin Franklin, il a été remis au goût du jour dans les années 1980 par Gerhard Finkenbeiner, maître verrier.

Concernant l’armonica de verre qui connaît aujourd’hui une seconde jeunesse, cet instrument insolite revient de loin. Tombé en désuétude au cours du XIXe siècle, l’armonica de verre était considéré comme un instrument maudit. Interdit par ordre de police pour cause de troubles sur la voie publique, l’instrument cristallin avait la réputation de rendre fou ceux qui en jouaient.

Revenons dans le présent puisqu’après une introduction en douceur à son univers, L’Alemand nous a offert Right Right Right, un morceau plus épique d’une quinzaine de minutes, composé de différents mouvements. D’abord un morceau de piano épuré, il s’est progressivement enrichi de rythmes légers et flottants, sur lesquels il a déposé des notes de synthétiseur.

S’en est suivi le moment cocasse de la soirée, Frahm nous a demandé de se transformer en animaux sauvages. « C’est pour pouvoir vous échantillonner et incorporer les sons au mix », a-t-il expliqué. « S’il vous plaît, pas de singes, de chats, de chiens, ni de choses agressives. » La foule ne s’est pas fait prier et la salle s’est transformée en une ménagerie de toutes sortes de créatures. Il a intégré cet échantillonnage a la pièce briefly, un excellent morceau qui contient des lignes de synthé en boucle, légèrement flottantes et qui était occasionnellement accompagnées des samples de la foule.

Avec tout l’attirail installé sur scène, il a pu jouer, sampler, mixer et peaufiner les effets à sa guise. Il se déplaçait entre deux « postes » distincts, entouré de claviers, jouant parfois sur deux à la fois, bras tendus, puis tournoyant sur sa chaise et passant à un autre, ajoutant une nouvelle dimension au mix. C’était tout simplement incroyable d’assister à sa magie en live, au cœur de tout cela ; sa maîtrise magistrale de son espace de création.

À cette époque où l’exaltation est une carte souvent jouée, Frahm nous a plutôt offert une expérience multisensorielle loin des bruits de la ville et de la surexcitation.

Notez qu’il remet ça ce soir, le 11 Mai 2025 au M Telus !

 

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