
Saya Gray au National | Entre talent, énergie et candeur
Après un rendez-vous manquer au FIJM l’an dernier, la Torontoise Saya Gray était enfin de passage à Montréal jeudi dernier, le 1er mai 2025. C’était un spectacle attendu, comme en témoigne la décision de déplacer l’événement de la Sala Rossa au National et la mention sold out affichée à l’entrée de la salle.
Mais parlant d’attente, on aura dû en faire preuve avant l’entrée en scène de la musicienne. La soirée s’ouvre sur deux premières parties qui n’étaient pas annoncées et dont on aurait honnêtement pu se passer. Son claviériste viendra tout d’abord présenter quelques pièces électro en mode soliste, prometteuses et techniquement impeccables, mais scéniquement problématiques : le musicien jouera l’ensemble de son set d’une vingtaine de minutes assis au sol. Impossible de le voir, malgré l’inclinaison pourtant avantageuse du parterre.
S’ensuivra une prestation de quelques compositions de son guitariste en mode chansonnier, moment questionnable et peu intéressant.
Lorsqu’elle se présente enfin sur scène, le public est visiblement soulagé. Gréée d’une guitare à deux manches, elle lance son set sur les chapeaux de roues avec la chanson PUDDLE ( OF ME ), l’un des singles les plus apprécié de son album SAYA, paru plus tôt cette année. Bon début, mais gâché d’emblée par une série d’exercices de respiration proposée par sa choriste, moment drôle au départ, mais qui viendra totalement casser le rythme et l’énergie qui venaient pourtant tout juste de s’installer en s’étirant inutilement. On aura en effet droit à seulement trois chansons dans les 22 premières minutes du spectacle… Considérant la durée souvent très courte des chansons de Saya Gray, ça en dit long.
Qu’à cela ne tienne, les fans ne dérougissent pas. Le groupe enchaîne avec deux extraits du dernier album avant de retourner au premier, 19 MASTERS, paru en 2022, le temps de nous présenter une convaincante rendition de SADNESS RESIDUE (ERASER ROOM). On a ensuite droit à des versions dépouillées, avec une musicienne soliste et assise, de deux pièces, dont la désarmante PAP TEST. C’est beau et ça met de l’avant la voix de l’artiste, même si le moment sera tranquille un peu.
Ça se gâte toutefois à nouveau quelques instants plus tard. La musicienne lance au micro que si certains fans l’avaient découverte avec son album de cette année, ils n’allaient rien comprendre de ce qui allait suivre, drôle de façon d’introduire des chansons. Qu’elle ait eu raison, ou que ce soit son intervention qui ait joué dans la tête du public, beaucoup ne comprendront effectivement pas grand-chose aux deux chansons tirées de ses EPs QWERTY et QWERTY II qui suivront. Ce sera personnellement mon moment préféré de la prestation : on y voit le talent de guitariste et de bassiste de l’interprète, qui alternera d’ailleurs entre les deux tout le long du spectacle, de même que sa capacité à composer des chansons aux formes libres et étonnantes dans une esthétique jazz fusion assumée. L’excellente AA BOUQUET FOR YOU 180 FACE détonnera particulièrement du reste, pour le meilleur ou pour le pire.
Le problème (ou l’avantage, selon comment vous vous situez) avec la musique de Saya Gray, c’est qu’à moins d’être familier avec l’ensemble de son œuvre, plusieurs chansons finissent par se ressembler dans leur version scénique. En retournant à ses pièces moins expérimentales, ce qui ramènera toutefois la majorité du public à l’énergie initiale, on coupera dans les étranges nuances qui font pourtant la beauté de la musique de l’artiste à mon avis.
Le spectacle continuera ainsi pour quelques pièces encore, avant de se conclure sur une très belle version de LIE DOWN.., puis sur un rappel attendu, alors que le groupe sera visiblement heureux lui aussi de remonter sur la scène du National. Au final, ça aura été une belle soirée musicalement parlant, la musicienne n’ayant pas peur de modifier le caractère de certaines chansons, par exemple SHELL ( OF A MAN ) qui prendra une surprenante, mais solide, direction country dans son interprétation, ce qui témoigne de ses talents d’arrangeuse et de composition. Elle devra par contre ajuster le rythme et la direction générale du spectacle si elle veut réellement intéresser le public en dehors de ses fans déjà conquis.
SETLIST
PUDDLE ( OF ME )
..THUS IS WHY ( I DON’T SPRING 4 LOVE )
SHELL ( OF A MAN )
SADNESS RESIDUE (ERASER ROOM)
LINE BACK 22
SHALLOW (PPL SWIM IN SHALLOW WATER)
PAP TEST
DIZZY PPL BECOME BLURRY
AA BOUQUET FOR YOUR 180 FACE
ANNIE, PICK A FLOWER.. (MY HOUSE)
10 WAYS ( TO LOSE A CROWN )
H.B.W
PREYING MANTIS !
IF THERE’S NO SEAT IN THE SKY (WILL YOU FORGIVE ME???)
LIE DOWN..
HOW LONG CAN YOU KEEP UP A LIE?
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