Critique Publié le 14 avril 2025 @ 12h01

Killswitch Engage à la Place Bell | Texans en feu et sirènes métalliques

Killswitch Engage – avec en renfort Kublai Khan TX, Fit For A King et Frozen Soul – a enflammé la Place Bell avec une soirée métaleuse dans toutes ses déclinaisons les plus lourdes. Une affiche solide, compacte et texane, pour accompagner la sortie de This Consequence, dixième album de la formation originaire de Westfield, Massachusetts.

Je dois l’avouer : les quatre ou cinq derniers albums de Killswitch m’avaient un peu laissé sur ma faim. Le groupe, pilier du metalcore des années 2000, semblait s’être embourbé dans un son devenu trop générique.

Et pourtant, This Consequence ravive la flamme. Même si une question demeure : le groupe ne s’essouffle-t-il pas un peu ? Surtout quand on sait que le guitariste du groupe, Adam Dutkiewicz – alias Adam D –, multiplie les projets parallèles, dont Burn Eternal, une nouvelle aventure musicale avec Howard Jones, ex-chanteur de KE. D’ailleurs, dans un récent passage remarqué au Garza Podcast – véritable messe pour les amateurs de musique extrême –, Adam D laissait entendre qu’il avait peut-être fait le tour de l’aventure Killswitch Engage, nous verrons bien…

Souvenirs, breakdowns et convergence texane

Ma première rencontre avec le groupe remonte à 2013, au Métropolis (aujourd’hui M Telus), avec Lamb of God. Depuis, KE a pris de l’ampleur, et jouer dans des salles de taille modeste n’est plus vraiment envisageable. Véritables architectes du metalcore moderne, ils ont alterné deux voix marquantes : Jesse Leach, chanteur originel et revenu aux affaires, et Howard Jones, voix monumentale, toujours proche du groupe. Leur duo sur The Signal Fire (album précédent) est d’ailleurs un moment fort de la discographie récente – on rêve d’un album à deux voix ! Eh ben alors…

Ce soir, la formule classique à trois groupes en ouverture ; Frozen Soul, Fit For A King et Kublai Khan TX, qui ont tous une origine commune : le Texas. Une belle cohérence géographique.

Frozen Soul ouvre le bal avec autorité. Le ton est donné dès le premier morceau : un circle pit instantané, un mur du son old-school, une ambiance glacée mais chaude dans la salle. Le death metal lourd et groovy des Texans fonctionne à merveille.

Fit For A King, eux aussi du Texas, jouent une carte plus mélodique, entre metalcore moderne et deathcore. Leur maîtrise scénique est indéniable, avec des vocaux puissants bien calés sur des nappes synthétiques et une rythmique carré. Une prestation musclée, propre et calibrée.

Kublai Khan TX, dernier des groupes d’ouverture, arrive avec ses sonorités hardcore typées 2-step. Plus proches dans l’esprit d’un Madball, Hatebreed et Terror, leur présence sur la tournée de Killswitch peut surprendre. Néanmoins, sur scène, leur énergie fait mouche, même si le style tourne un peu en rond en version studio. Ils savent chauffer une foule, et leur dernier quart de set, avec la pièce The hammer, a parfaitement préparé le terrain.

Killswitch Engage : 25 ans de riffs et de mélodies

Lorsque Killswitch Engage débarque sur scène sous les notes de The Who, c’est Jesse Leach – parti puis revenu – qui prend le micro, là où il semble désormais indissociable du groupe. Adam D, en animateur de foule, ne déçoit pas : sirènes, blagues, bruitages absurdes, tout y passe pour galvaniser une Place Bell bien remplie.

Le set est ponctué de discours politiques subtils (notamment un « It’s not us » bien senti à l’attention de Trump), et de moments intenses comme The Aftermath, tiré du dernier album, qui fait revivre les grandes heures du genre. KE montre qu’ils peuvent encore porter haut les couleurs du metalcore, là où certains groupes peinent à se renouveler (Parkway Drive en mode introspectif douteux, ou Whitechapel en quête de leur son).

La force de KE ? Leur chanteur. Jesse est une bête de scène, capable de tout faire passer. Dans un genre où les riffs peuvent parfois se ressembler, c’est souvent la voix qui fait la différence – et ici, elle fait toute la différence.

Le concert se termine sur une surprise douce-amère : One More Night de Phil Collins, en musique de fond, pour clôturer la soirée.

Une soirée intense, une foule comblée, et surtout un rappel que, même après 35 ans d’existence, Killswitch Engage sait encore comment soulever une salle. Mission accomplie. le moi des années 2000 est ben content!