
Patrick Watson | Un vaisseau électro flottant dans une apesanteur musicale
Plongée dans le noir. Un souffle de piano, une voix suspendue. L’espace se dilate, habité de textures mouvantes. Le live sampling s’installe, tisse une trame sonore où chaque son semble naître sous nos yeux. Le groupe Patrick Watson nous emmène dans un état de suspension, entre rêve et réalité, entre textures électroniques et moments acoustiques plus dépouillés. Retour sur le passage à l’Impérial de l’artiste le 16 mars 2025 dernier.
La foule, compacte et attentive, connaît le répertoire. À chaque introduction, des soupirs de reconnaissance s’élèvent, comme un chœur d’initiés. Certaines chansons semblent attendues comme des retrouvailles. D’autres surprennent, dévoilant l’exclusivité d’un nouvel album. Le public de Québec a eu l’honneur d’assister à la première présentation de pièces inédites d’un album à venir que Watson qualifie de « the weirdest album yet ». Et puis, un moment de légèreté : Watson s’essaie à la traduction spontanée de son titre Big Bird in a Small Cage en français. L’échange vire à l’absurde, le public hilare, applaudissant cette improvisation involontaire.
Sur scène, un foisonnement d’instruments et de machines électroniques. Câbles et pédales s’entrelacent dans un chaos savamment orchestré. La création, nourrie d’images et de photographies, se déploie en tableaux sonores. Entre l’extrême épure et l’électrification totale, la balance est constante : acoustique contre électronique, silence contre saturation, intime contre grandiose. Tout cela repose sur l’écoute d’une précision absolue des musiciens, incroyablement présents. Leur soutien tisse un dialogue subtil et organique, une communication fluide où chaque nuance est ressentie, anticipée, amplifiée.
Dans la salle, un public de toutes générations, réuni dans une même ferveur. Comme si chacun portait en lui une part de ces chansons, les voix s’élèvent plusieurs fois à l’unisson, habillant les interludes avec une justesse presque irréelle. Surpris et amusé, Watson s’en empare, joue avec la foule pour créer un arrangement spontané de cette polyphonie inattendue. L’échange devient jeu, la chanson se transforme sous leurs souffles mêlés. Joie partagée, éclats de rire en fin de morceau. Rien n’est figé. Même les imprévus techniques deviennent prétextes à l’improvisation, à un dialogue spontané avec le public. Communion joyeuse et sincère entre l’artiste et ceux qui le suivent depuis toujours, ou viennent tout juste de le découvrir.
Hier soir, à l’Impérial de Québec, le groupe tant attendu a su faire vibrer la salle, pleine à craquer, dans une atmosphère en clair-obscur. La voix, douce et maîtrisée, s’élève, libre. Un dernier souffle, et déjà, il faut quitter ce rêve éveillé. Comme une berceuse pour clore le dimanche, glisser doucement vers la semaine à venir.
Fernie : une première partie habitée par l’émotion
En ouverture de la soirée, Fernie s’avance sur scène, accompagné par Wiser Time à la guitare et de séquences audios. Cinq chansons pour faire résonner une voix à la fois puissante et vertigineuse, oscillant entre douceur et intensité. Dans un « broken french », il s’essaie à quelques mots, un clin d’œil au public, une tentative sincère qui le rend instantanément attachant. Les paroles s’effacent presque derrière la musique, se devinent plus qu’elles ne s’entendent, comme fondues dans un univers sonore qui privilégie l’émotion brute. Il déroule des progressions musicales simples et statiques, enveloppées de textures soignées.
Né au Brésil et grandi à Montréal, Fernie porte en lui une histoire marquée par la diversité linguistique et une enfance parfois difficile. L’écriture est devenue son refuge, un exutoire qui lui a permis d’explorer des thèmes lourds avec une sincérité désarmante. Son premier album, Aurora (2021), l’a propulsé sur la scène internationale, acclamé par Rolling Stone France, Radio Nova et bien d’autres. Son lien avec Patrick Watson s’est matérialisé dans leur collaboration sur Pain, parue en 2024. Une ascension fulgurante pour un artiste à la voix singulière, entre puissance et vulnérabilité.
Photos en vrac
- Artiste(s)
- Fernie, Patrick Watson
- Ville(s)
- Québec
- Salle(s)
- Impérial de Québec
- Catégorie(s)
- Indie Rock,
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