Dream Theater

Dream Theater à Montréal | Du métal aussi virtuose que nostalgique

La formation prog métal Dream Theater faisait le mercredi 12 mars 2025 dernier un arrêt à Montréal dans le cadre d’une tournée célébrant à la fois la parution de Parasomnia, son 16e album studio paru en février dernier, et son 40e anniversaire. Une soirée avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de notes.

Formé en 1985 (le temps passe vite), Dream Theater est sur scène un genre d’olympiades de la musique. Les musiciens John Petrucci et John Myung sont reconnus comme étant certains des meilleurs interprètes de leurs instruments respectifs, soit la guitare et la basse, alors Jordan Rudess aux claviers reste trop souvent oublié, pourtant un incontestable virtuose lui aussi. Ce qui marque le plus toutefois, c’est le grand retour de Mike Portnoy au sein de la formation, lui qui était absent depuis 13 ans. Batteur, percussionniste et vocaliste, Portnoy est de loin l’un des musiciens les plus adulés de son instrument, au même titre que Neil Peart de Rush ou Danny Carey de Tool.

Il sera d’ailleurs la véritable star de ce spectacle. Les années ont fait leur passage sur James LaBrie, chanteur canadien du groupe. À 61 ans, celui qui a rejoint Dream Theater en 1991 en a certainement perdu depuis. Il faut dire qu’il n’a pas non plus la tâche facile : la majorité des chansons exigent un pitch assez haut, clairement difficile à entretenir avec l’âge. Portnoy l’assistera régulièrement, de même que Petrucci, grâce un intéressant dispositif automatisé de pied de micro suspendu qui ira se placer directement devant lui lorsque nécessaire.

Un début fort

Le spectacle commence de façon assez surprenante sur l’intense Prelude de Bernard Herrmann qui fera grincer les dents de plus d’un dans la salle Wilfrid-Pelletier, juste avant que le groupe ne commence sans attendre sur des pièces de leur pièce thématique multi-album Metropolis, proposant la Part 1 de l’album Images & Words (1991) puis les pièces I et II de la deuxième scène du premier acte de Metropolis, Pt . 2 : Scenes from a Memory, paru 8 ans plus tard et généralement reconnu comme l’un des meilleurs albums de rock progressifs de l’histoire. Le public se lèvera après quelques secondes seulement, chose surprenante lorsque l’on est habitué au décorum habituel de la salle. Après quelques salutations d’usage, la nostalgie se poursuivra avec The Mirror, un extrait de leur Awake de 1993.

Sélection variée

On sentira d’ailleurs bien la volonté de jumeler d’anciennes et nouvelles compositions tout au long du spectacle, bien plus que dans le cadre d’une tournée habituelle avec quelques autres chansons de leu répertoire des années 90 pendant la soirée. Le retour de l’entracte se fera même sur un vidéo de quelques minutes présentant une rétrospective des pochettes des 16 albums du groupe avec des extraits de chacun, une touche qui sera bien appréciée des spectateurs. Juste après, le groupe en profitera pour jouer deux extraits de leur nouvel album, soit les chansons Night Terror et Midnight Messiah.

Un album assez intéressant il faut dire puisqu’il est certainement l’un des plus métal de leur discographie alors que l’ensemble du groupe frôle la soixantaine, et qui se replonge par moments dans la nostalgie du thrash metal des années 80 qui les aura influencés aux débuts de Majesty, première itération de Dream Theater. Malgré le fait que Parasomnia ne soit sorti qu’il y a cinq semaines, on sentira tout de même un fort engouement de la part du public, qui en connait même déjà les paroles.

Un spectacle qui en met plein la vue

Les musiciens saisiront toutes les occasions pour bien se faire voir, à l’exception peut-être d’un Myung un peu effacé. Jordan Rudess, pourtant plus en retrait à l’arrière de la scène, sera le plus visible. Montés sur un système rotatif et angulaire, ses claviers sont connectés à un écran qui montre les notes et modulations qui sont jouées. Il sortira même une énorme keytar à un moment du spectacle.

Portnoy, comme je l’ai mentionné plus tôt, sera l’autre véritable star du spectacle, allant même jusqu’à parfois jouer debout pour mieux se faire voir du public qui saisira certainement toutes les occasions possibles de lui faire savoir à quel point son retour au sein de la formation est apprécié. LaBrie, quant à lui, saura quand même le reste de la bande en valeur, n’hésitant pas à sortir de la scène à de nombreuses reprises afin de leur laisser toute la place qui leur revient.

Mais outre les musiciens, se sont aussi les visuels qui marqueront, pour le meilleur ou pour le pire. L’éclairage est varié ainsi que l’utilisation de laser et lumières holographique prouvent le soin des détails du groupe et leur équipe. Les projections seront toutefois de qualité plus variable. Dans certains cas, on se retrouvera devant des images pensées en fonctions des chansons interprétées, notamment une esthétique de film noir sur les extraits de Metropolis ou de Chtulhu sur l’excellente Rite of Passage, l’un des points fort du spectacle. À d’autres moments, se seront plutôt des montages assez quelconques qui seront offerts, ou de simples projections psychédéliques plus décevantes.

Solide finale

Le spectacle se conclura sur Octavarium, l’une des chansons les plus connues du groupe malgré sa monumentale durée de 24 minutes et la complexité de ses arrangements. Le groupe reviendra aussi sur scène pour un rappel après un court interlude filmique sur des images du Magicien d’Oz pour deux autres sélections de Metropolis Pt. 2 de même que l’autre single le plus adulé de leur discographie, notamment grâce à son utilisation comme générique du jeu Guitar Hero 4 : Pull Me Under, que l’ensemble du public chantera à pleins poumons.

Ce que l’on retiendra de ce dernier passage en date de Dream Theater à Montréal, c’est l’engouement indéfectible du public pour le groupe, le passage du temps, que ce soit pour la variété du répertoire disponible ou pour les quelques difficultés de James LaBrie à bien suivre ses propres parties de voix, et l’orgie de notes jouées tout au long de la soirée, parfois au détriment de l’émotion, mais toujours dans un but d’impressionner et de marquer. Après tout, c’est ce qui a fait la popularité du groupe : un mélange de métal et de ballades rétro interprété par les meilleurs de leur domaine à la sauce nerd à fond.

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