crédit photo: Pierre Langlois
Cole Birney-Stewart Quintet(s)

Cole Birney-Stewart Quintet(s) à la Casa Del Popolo | Tension attention

En cette froide soirée d’hiver quoi de mieux que d’assister à un concert de jazz dans la chaleureuse Casa Del Popolo pour fuir la morosité ambiante. C’est devant une salle bien pleine que le contrebassiste Cole Birney-Stewart nous présente ses compositions d’un jazz complexe et très écrit, joué par deux quintettes différents. Si le principe surprend, le concert a été une belle réussite haletante et surprenante.

Le contrebassiste Cole Birney-Stewart présente ses compositions ce soir avec deux formations incorporant des musiciens de marque de la scène montréalaise. Pour le premier quintette de la soirée qui fait la part belle à l’harmonie, on retrouve Erik Hove (saxophone alto), Roman Munoz (guitare), Marie-Fatima Rudolf (piano), Cole Birney-Stewart (contrebasse, composition) et Aaron Dolman (batterie). Tous des musiciens chevronnés au curriculum vitæ bien remplis.

Dès les premières mesures, on peut remarquer le niveau de complexité des compositions, ce qui demande aux musiciens de s’ajuster et c’est après dix minutes, alors que le groupe est réchauffé, que la croisière prend sa vitesse de vol pour tourner à plein régime. Birney-Stewart offre des titres très écrits et complexes qui demandent une attention permanente, autant sur scène que dans la salle avec des arrangements surprenants et des changements réguliers. C’est un type de jazz qui me plaît particulièrement et lorsqu’il est joué par des musiciens de talents, ça prend toute son ampleur. Les interprètes sont aux aguets pour ne rien rater et cette tension est au final bénéfique, livrant des performances plus tendues mais aussi plus surprenantes.

Les joueurs restent très attentifs lors du set et les envolées se font plutôt sages au début pour devenir plus enflammées. On notera notamment une introduction d’Aaron Dolman exposant son style personnel de batterie très original et qui fait mouche à tout coup, ainsi les solos d’Erik Hove toujours très inspirés et impliqués. Je retrouve également le panache de la pianiste Marie-Fatima Rudolf qui nous offre quelques interventions palpitantes.

Deuxième quintet

Après une pause, la deuxième formation de la soirée monte en scène. Celle-ci se veut « sans accord » sans la présence d’instruments harmoniques pour contraster avec la première partie. La formation comprend un trio de saxophoniste avec une section rythmique : Erik Hove (saxophone alto), Jonathan Lindhorst (saxophone ténor), Samuel Blais (saxophones alto et baryton), Cole Birney-Stewart (contrebasse, compositions) et Guillaume Pilote (batterie).

Les arrangements joués par ce groupe font la part belle aux lignes de saxophones entremêlés et enchevêtrés et laissent aussi plus de place à des parties improvisées. Samuel Blais n’a plus rien à démontrer mais nous lâche quelques fulgurances pertinentes auxquelles ses comparses répondent avec bonheur. Erik Hove, à nouveau présent, nous offre toute la richesse de son inspiration et Jonathan Lindhorst n’est pas en reste, l’émulation entre les trois saxophonistes nous offre quelques parties mémorables.

Le tout est solidement soutenu par la batterie de Guillaume Pilote et la contrebasse de Cole Birney-Stewart qui s’offre un solo auquel il insuffle un petit supplément d’âme qui fait la différence. Les compositions sont principalement tirées de la fun serie de Birney-Stewart avec des titres comme FUN Didd ou FUN Key et si le premier titre de la soirée était Abracadabra II, elle se termine en apogée avec une longue version d’Abracadabra I, histoire de boucler la boucle!

Loin d’un set de jazz traditionnel, le contrebassiste Cole Birney-Stewart a su proposer un jazz moderne et plein de surprises, qui tient en haleine aussi bien ses interprètes que l’audience.

Avec deux formations particulièrement solides, il nous propose deux visions d’arrangements et de sonorités qui prouvent la solidité et la richesse du compositeur. Une fois les musiciens réchauffés, la musique de Birney-Stewart nous a délivré les trouvailles et richesses de ce jazz complexe et très écrit que j’ai particulièrement apprécié.

Et comme on a pu l’observer, ça peut être finalement positif d’être sur le fil du rasoir. J’ai hâte de voir l’évolution des interprétations lorsque les musiciens auront davantage les titres dans les doigts et que la tension sera moindre.

 

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