Patrick Watson et l’orchestre FILMharmonique à la Maison Symphonique | L’enfant prodige
La Maison symphonique semblait être un véritable terrain de jeu pour l’artiste Patrick Watson lors de son spectacle de jeudi soir, première de cinq représentations à guichets fermés. « C’est un enfant », pouvait-on entendre de la part du public en regardant l’homme de 45 ans n’en faire qu’à sa tête sur la prestigieuse scène où régnait l’Orchestre FILMharmonique. La façon dont il passait de la blague à la mélancolie était impressionnante, mais déstabilisante. Difficile de ne pas simplement se laisser guider de chanson en chanson, en acceptant que, pour ce soir, ce sera lui notre chef d’orchestre.
La magnifique salle de la Maison symphonique affichait complet pour notre grande fierté montréalaise, Patrick Watson. L’orchestre s’affaire déjà à accorder comme il se doit ses instruments alors que le public prend place. Les lumières flashent, le spectacle commence dans les prochaines minutes.
À l’arrière, le Chœur des Mélomanes prend place, cartables à la main. Un homme aux cheveux poivre et sel entre ensuite sur scène et prend place sur le socle du chef d’orchestre. On reconnaît Patrick Watson, qui ne manque aucune occasion de faire rigoler la foule. Il fait ensuite entrer en scène le jeune chef prometteur Francis Choinière.
Une voix tirée d’un rêve
Assis au piano, Watson laisse tomber les mèches de ses cheveux sur les touches et joue les premières notes de Lost With You. L’orchestre épouse la voix enveloppante du chanteur et il est clair que le public n’a qu’à bien se tenir pour ce qui s’en vient.
Il y a quelque chose de mythique dans la voix de Patrick Watson. Quasi indescriptible, elle pourrait être le talon d’Achille des cœurs de pierre : personne ne peut rester indifférent en l’écoutant. Les fausses notes n’étant pas dans son vocabulaire, il s’amuse à jouer avec ce chant qui semble venir d’un rêve. Suite à son interprétation d’un medley de sa chanson Dream for Dreaming et de Creep de Radiohead, il s’adresse à la foule : « Qu’est-ce qui se passe, Montréal ? », dit-il. « Je suis entouré de tous mes amis ce soir, ça fait du bien de jouer dans sa propre ville. » Visiblement ému de jouer dans sa ville natale, il s’adresse au public comme un membre de sa famille pour la première fois, mais certainement pas la dernière.
Il offre ensuite une interprétation magistrale de Big Bird In A Small Cage, dans laquelle les flûtes s’amusent à imiter des gazouillis d’oiseaux, et le chanteur nous invite à faire de même. La Maison symphonique devient alors un paradis de petits « cui-cui », au plus grand bonheur de Watson.
« C’est intimidant de jouer sur une scène avec des personnes toutes aussi talentueuses les unes que les autres », mentionne le chanteur. Il remercie par le fait même l’orchestre de l’accueillir si chaleureusement et quitte la scène afin de permettre à celui-ci de rayonner lors d’une pièce instrumentale à couper le souffle.
Patrick se réinstalle ensuite sur scène pour un moment plus intime. Accompagné de sa choriste et d’une guitare acoustique, la salle est plongée dans le noir et seule une lumière accrochée au micro enveloppe le trio, donnant l’illusion qu’ils sont alors seuls au monde. L’ambiance parfaite pour interpréter la fameuse chanson Melody Noir, tirée de son album Wave.
Mais le moment qu’on ne peut passer sous silence, la pièce maîtresse de la soirée : To Build A Home. Ce morceau résonne déjà jusqu’au fond de l’âme, mais accompagné d’un orchestre, il la prend et il l’élève. Quel moment touchant ! Une entracte s’imposait, la foule ayant définitivement besoin d’une pause pour se remettre de ses émotions.
La Maison Symphonique comme terrain de jeu
Les entractes sont souvent dangereux pour l’attention d’un public. Il est parfois difficile de se remettre dans le bain après une pause toilette, mais pas dans ce cas-ci. Patrick Watson, assis en hauteur, jouant de l’orgue, ne tarde pas à ramener les émotions de la première partie. Comme s’il avait deviné qu’il fallait replonger la salle dans son monde au plus vite, il pianote les célèbres notes de Je te laisserai des mots, son œuvre la plus connue et l’une de ses seules œuvres chantées en français. Il y a de quoi être fier !
En chantant Man Like You, pièce écrite pour son fils, le Montréalais s’amuse à travers la scène. Chantant tantôt au micro, tantôt a cappella, il rappelle à tous qu’il est le maître du terrain de jeu qu’est la musique pour lui. C’est réellement ce qui ressort du spectacle : la manière dont il rigole avec le public, rit après chacune de ses interprétations et nous fait entrer dans ce monde si unique qu’est le sien. Justement, il retombe particulièrement en enfance alors qu’il présente Where The Wild Things Are, expliquant qu’il s’agit d’un hommage à Bugs Bunny et au conte Max et les Maximonstres. Alors que l’orchestre s’amuse à travers l’instrumental assez particulier de cette chanson, la chorale sort de ses poches des ballons que les choristes gonflent un à un. Une vraie fête !
Patrick Watson annonce que le spectacle tire à sa fin, remerciant l’orchestre, les techniciens, les choristes et enfin ses fans, qui lui ont permis d’afficher complet pour trois soirs consécutifs. Il termine donc avec ce qu’il appelle « l’hymne de ta vie quand elle est une catastrophe », Here Comes The River. La pièce porte bien son nom, puisque partout autour, on peut apercevoir des spectateurs sécher leurs larmes.
Ça ne peut être fini. Après une ovation qui semble durer une éternité, le chanteur revient pour un rappel où il interprète sa chanson Lighthouse, un mélange entre ballade intime et instrumental prenant.
Patrick Watson est réellement un être captivant, tant par son authenticité et sa générosité scénique que par son immense talent comme auteur-compositeur-interprète. La collaboration entre l’Orchestre FILMharmonique et le chanteur apparaît comme une évidence. Ils s’apportent tellement l’un à l’autre qu’on ne peut que souhaiter qu’ils se retrouvent encore et encore à travers les années. Le public repart le cœur rêveur, à la fois porté par les ambiances mélancoliques des chansons de Watson, et heureux de faire partie des chanceux qui ont pu assister à ce spectacle féerique.
- Artiste(s)
- Orchestre FILMharmonique, Patrick Watson
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- La Maison symphonique
- Catégorie(s)
- Classique, Classique,
Événements à venir
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