crédit photo: Jesse Di Meo
Sarah McLachlan

Sarah McLachlan à la Place Bell | Retomber en amour

Sarah McLachlan a marqué les années 90 avec des albums emblématiques comme Fumbling Towards Ecstasy et Surfacing. Récipiendaires de multiples récompenses, dont deux Grammy Award, sa contribution à la musique a transcendé sa propre carrière.

C’est avec un album dans les fourneaux que McLachlan fait une tournée de 31 villes américaines et canadiennes afin de célébrer le 30e anniversaire de son mythique album Fumbling Towards Ecstasy. Un album qui a propulsé sa carrière et qui a marqué au fer rouge la vie de beaucoup d’autres. Durant cette tournée, c’est une spectacle de plus de deux heures qu’elle offre à ses admirateurs et admiratrices ravi.es de son retour sur scène, une occasion de  retomber pour un amour de jeunesse.

Savoir faire durer le bonheur

C’est dans une atmosphère de fébrilité que l’artiste de 56 ans a fait son entrée sur scène dans une élégante robe aux reflets métalliques. Les années ne marquent pas la native de Halifax de la même manière que le commun des mortels. Sa voix, sa grâce et son charme n’ont pris aucune ride dans les trois dernières décennies: ils se sont même affinés.

Tout de suite après avoir frappé fort avec un trio de ses plus grands succès – Sweet Surrender, Building a Mystery et I Will Remember You – elle a candidement avoué vouloir nous faire languir avant de se lancer dans l’interprétation intégrale de Fumbling Towards Ecstasy. Il est important de « build a momentum » a-t-elle dit. Ce fût une généreuse mise en bouche de près d’une heure où les moments forts s’enchainaient.

Un moment particulièrement touchant a été l’interprétation d’Answer pendant laquelle les cinq musiciens et musiciennes qui l’accompagnent se sont regroupés autour d’un microphone pour fournir des chœurs pendant que McLachlan chantait et jouait du piano.

Fumbling Towards Ecstasy, comme sur un Discman

Sortie de scène après le premier acte pour réapparaître en pantalon noir vêtu d’une chic et très ornée camisole, McLachlan et sa bande ont joué l’album vedette de la soirée comme on l’écoutait en 1994 sur un CD : de la première à la dernière piste.

Les arrangements musicaux sur scène laissaient beaucoup de place aux jeux des guitares électriques, ce qui conférait à l’album une sonorité plus moderne et adaptée pour un aréna, sans toutefois altérer l’essentiel pour que toutes et tous puissent y trouver ses repères.

Sarah McLachlan a su donner une dimension intime au spectacle en relatant différentes anecdotes sur sa vie, ses filles, et les chansons qu’elle a composées pour s’exorciser de moments sombres.

Elle a également rappelé que l’album avait été enregistré non loin d’ici (plus précisément au feu Le Studio à Morin-Heights). Par excès de fierté, rappelons que c’est un artisan d’ici, Pierre Marchand, qui a produit cet album largement acclamé par la critique.

Tout juste avant le rappel, elle a invité ses admirateurs à chanter en chœur sur Ice Cream pendant que des images de couples, amis, familles chantant apparaissaient en mosaïque en arrière plan. J’aurais parié 100$ avant le spectacle qu’il y aurait un moment choral pendant ce titre. Un peu par bravoure, mais aussi parce que je le souhaitais.

Mais l’interprétation la plus forte a été durant Fear, alors que les arrangements musicaux ont monté la tension de manière incroyable jusqu’à ce que tous et toutes se lèvent simultanément de manière spontanée. Visiblement, McLachlan sait encore comment soulever les foules.

Marquer au fer rouge la vie de beaucoup d’autres

Sarah McLanclan l’a dit plusieurs fois en entrevue et l’a redit sur scène hier soir : la musique lui a sauvé la vie. Reconnaissante de ce que la musique a fait pour elle, elle a toujours voulu offrir ce salut à d’autres.

D’abord à la fin des années 90, alors qu’elle a contribué significativement à l’émancipation des artistes féminines en créant le festival Lilith Fair. Frustrée face aux promoteurs de concerts et aux stations de radio qui refusaient de présenter deux musiciennes d’affilée, ce festival a pendant quelques tournées mises en scène exclusivement des artistes féminines.

Puis depuis 2022, elle finance les frais administratifs de l’École de musique Sarah McLachlan qui offre un programme de musique communautaire gratuit aux enfants et aux jeunes défavorisés d’Edmonton, de Vancouver et de Surrey. Une partie des recettes de la tournée vont d’ailleurs au financement de cette école.

Sur une note plus intime, plusieurs de ses admirateurs et admiratrices ont au cours des années affirmé avoir eu la vie sauve grâce à ses chansons (notamment Darryl McDaniels de Run-DMC).

Pour ma part, je n’avais pas écouté Sarah McLachlan depuis au moins 25 ans. Je suis allé au concert par curiosité, pour tester et vivre le pouvoir de la nostalgie et pour écrire cet article. Au final, ça aura été un concert bouleversant et émouvant. Cette soirée a dépoussiéré un moment de ma jeunesse que j’avais oublié difficile. J’ai bien dû me rendre compte que pour moi aussi cet album, et celui qui suivi quelques années plus tard, avait été plus important que je l’aurais pensé.

À voir les visages bouleversés autour de moi et les larmes qui se faisaient discrètes, je constate que je n’ai pas été seule à le constater. C’est aussi à cela que sert parfois la musique.

Jolie prestation de Feist en première partie

C’est à travers les nombreux murmures de la salle que l’auteure-compositrice-interprète du succès mondial 1234 a tenté de faire sienne la Place Bell.

Comme un mince filet d’eau qui tente de faire céder la digue de l’inattention, elle y est parvenue à coup de multiples gouttes pop-folk joliment interprétées, mais sans ce qu’il faut pour lever un aréna.

Évidemment, c’est en interprétant 1234 qu’elle a suscité les plus chaudes réactions du public. En terminant avec Let it Die, une balade très MacLachlannéene dans son interprétation, la table était mise pour nos retrouvailles avec sa collègue néo-écossaise.

Grilles de chansons (Sarah McLachlan)

  • Sweet Surrender
  • Building a Mystery
  • I Will Remember You
  • Drifting
  • Song for My Father
  • World on Fire
  • Adia
  • Beautiful Girl
  • Answer
  • Witness

Fumbling Towards Ecstasy

  • Possession
  • Wait
  • Plenty
  • Good Enough
  • Mary
  • Elsewhere
  • Circle
  • Ice
  • Hold On
  • Ice Cream
  • Fear
  • Fumbling Towards Ecstasy

Rappel

  • Gravity (nouveau titre)
  • Angel

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Feist (Première Partie)

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