crédit photo: Sasha Onyshchenko

L’imposante Carmina Burana de retour aux Grands Ballets

Jusqu’au 20 avril, les Grands Ballets canadiens misent sur un classique, la pièce de résistance de leur saison 2019-2020 : Carmina Burana, du chorégraphe slovène Edward Clug. Ne serait-ce que pour la force de l’union entre le corps de ballet, l’orchestre et les chœurs, on a ici une œuvre qui vaut le coup d’être revisitée.

On le dit et le redit, chorégraphier sur les airs de Carmina Burana, cantate classique extrêmement populaire dont on reconnaît tous et toutes le mouvement d’ouverture O Fortuna, représente un défi qui frôle l’inatteignable. La musique du compositeur allemand Carl Orff, en plus d’être saisissante, est surutilisée. En faire une proposition nouvelle est risqué, surtout après la version à succès de Fernand Nault, présentée aux Grands Ballets pour la première fois en 1966.

Comme l’avait mis de l’avant notre collaboratrice Luca Max, qui avait assisté à la première de Carmina Burana en 2019, la force de la pièce réside dans sa fibre grandiose. Il est rare de voir en même temps sur scène 150 artistes : 70 qui composent l’orchestre, 40 le corps de ballet et 40 les chœurs.

On n’a pas l’impression de n’assister qu’à un évènement de danse. Souvent, même, les yeux sont attirés hors de scène : l’impressionnant chef d’orchestre Jean-Claude Picard donne un spectacle à lui seul. Les chœurs de part et d’autre de la salle Wilfrid-Pelletier élèvent la musique déjà monumentale, les solistes performent sans faille. L’intensité de la rencontre entre les trois ensembles est indéniable.

La chorégraphie d’Edward Clug ne parviendrait pas à émouvoir à ce point à elle seule. Le directeur artistique du ballet du Théâtre national slovène de Maribor s’était ouvert à ce sujet lorsque Carmina Burana allait être présenté pour la première fois : il n’ambitionne pas d’accoter les compositions de Carl Orff, mais plutôt de les faire vivre autrement.

Pour ce faire, il mise sur une pièce plutôt minimaliste, autant dans la gestuelle géométrique que dans les formations. Les interprètes sont la plupart du temps disposé.es en grand cercle ou en lignes. Un imposant anneau de métal, censé symboliser le cycle infernal de l’existence, pivote sur son axe et ajoute au ton dramatique de la mise en scène. Les tuniques rouges volent au gré des corps qui arpentent la scène, la précision est chirurgicale. Bien sûr, le résultat est impeccable, mais laisse parfois un peu sur sa faim, comme si les mouvements tombaient juste à côté de la musique.

Jeunehomme

Alors qu’en 2019, Carmina Burana était précédée d’une pièce du même chorégraphe, Stabat Mater, elle est cette fois-ci en programme double avec Jeunehomme. Le ballet du défunt chorégraphe Uwe Scholz, créé en 1986, est un brillant hommage aux compositions de Mozart.

Les pas de deux, riches et ténébreux en comparaison au reste plutôt flottant et léger de Jeunehomme, sont de vrais bijoux. La danseuse principale Maude Sabourin brille, fidèle à son habitude. Le choix d’une œuvre plus classique en début de soirée prépare bien le terrain pour la singularité de Carmina Burana. Le crescendo est subtil et réussi.

Carmina Burana est présentée à la salle Wilfrid-Pelletier jusqu’au 20 avril prochain. Vous pouvez vous procurer des billets en suivant ce lien.

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