crédit photo: Andy Jon
Le Couleur

Entrevue avec Le Couleur | Savoir tuer l’ennui

Le groupe nu-disco montréalais Le Couleur fait paraître aujourd’hui un quatrième album intitulé Comme dans un penthouse. Plus d’une décennie après sa formation, le trio se connaît sur le bout des doigts, et tente de garder la flamme artistique encore bien lumineuse. Sors-tu? a rencontré Steeven Chouinard et Patrick Gosselin pour discuter du projet.

Elle a besoin d’un petit thrill. Elle a besoin de se faire poursuivre, de fuir. Elle a besoin de sensations fortes. Elle aime la vitesse. Elle aime l’action, l’aventure. Et elle est revenue. On sait pas trop pourquoi.

Plus le batteur Steeven Chouinard nous décrit le personnage de Barbara, et plus nous avons l’impression de retrouver les aspects de cette fameuse crise vécue par tout bon quarantenaire qui se respecte, recherchant le piquant dans une vie devenue trop morne.

L’histoire de Barbara, secrétaire fictive remplie d’audace ayant vu le jour dans P.O.P., constitue le point d’ancrage de ce plus récent projet du trio, un album-concept chargé d’une introspection de la situation actuelle de Le Couleur.

« On voulait quelque chose d’un peu intemporel. Un peu dans l’image de la pochette, dans la DA des sons, dans la production. C’est un album de renouveau, sans doute. Pas de reset, mais de renouveau, énonce Chouinard. Chercher toujours l’aventure, la nouvelle aventure. »

« Je pense qu’en bout de ligne, tout le monde essaie de trouver une façon de faire en sorte que sa vie ne soit pas plate ou morose. T’as besoin de challenge, d’excitation. Il y en a pour qui ça passe par la drogue, il y en a pour qui ça passe par l’amour des fleurs, n’importe », énonce Patrick Gosselin, bassiste de la formation, qui aura heureusement posé un choix plus sage en passant par la musique.

Si l’idée d’écrire les textes d’un disque à thème restreint logiquement les limites artistiques, le batteur de Le Couleur voit le contexte d’un autre œil.

« En ayant ces boundaries-là, ce frame-là, ça peut d’abord paraître contraignant, explique-t-il d’emblée. Je ne pourrais pas parler, genre, des fourmis ou de l’océan, parce que là je n’aborde pas ça : on parle d’une femme qui vit dangereusement, continue le musicien. Mais en même temps, ça t’ouvre des portes. C’est vraiment inspirant, plus qu’on le pense, conceptualiser un album. Ça te permet de ne pas aller partout justement, ça te recentre », témoigne Chouinard.

Comme sur son précédent album, Concorde, Le Couleur invite une demi-douzaine de musiciens externes à se joindre au trio, notamment le pianiste Louis-Joseph Cliche, le guitariste Shaun Pouliot, Léandre Bourgeois des Hôtesses d’Hilaire, Félix Dyotte, Félix Bélisle de Choses Sauvages ou encore Virginie B.

« On est un vieux band, expose Steeven Chouinard. On a nos vieux tics, nos vieux patterns. C’est le fun d’intégrer des amis de confiance, des gens que tu respectes. »

« Ça permet de revoir les chansons d’une autre façon que juste à trois. […] Inévitablement, quand tu travailles avec d’autres musiciens, ça a un impact sur toi, formule Patrick Gosselin. Et c’est ce qu’on recherchait : avoir la petite touch d’autres gens avec qui on aime travailler », poursuit l’artiste, porté d’un désir d’aller voir ailleurs vraisemblablement partagé avec le personnage de Barbara.

 

Plus rodés que jamais

De 2010 à 2019, Le Couleur ne sort que deux albums, entre de nombreux projets parus sous la forme d’EP. Toutefois, Comme dans un penthouse constituera déjà le deuxième long jeu de la formation depuis l’entame de la décennie 2020, celui-ci composé et enregistré en l’espace de seulement quatre mois.

« On voulait pas refaire le même disque [que Concorde]. Le trip 70’s, vintage, live, tout ça on l’avait fait. On voulait quelque chose de vraiment différent, commente Steeven Chouinard. On avait toujours en tête de créer quelque chose de moderne, de puissant, de lourd, fat. C’est quelque chose dont on est fier, d’avoir autant fait de musique en quatre mois. C’était vraiment tout un défi. »

Citant entre autres des films comme Catch Me If You Can, Crash ou encore American Psycho comme influences pour ce nouvel album, la conversation se dirige tranquillement vers le désir, passé et toujours présent, de s’exporter ailleurs qu’au Québec pour se produire en concert.

« Je me souviens à l’époque avec Julien, notre gérant, on a eu beaucoup de difficultés ici. À l’époque, on était un petit peu tout seul sur notre île, je pense, avec la musique qu’on proposait, se souvient Gosselin. C’est pour ça qu’on a décidé de pousser rapidement plus à l’international, où il y a un marché déjà plus propice, plus ouvert par rapport à notre style, continue-t-il. Il y a eu des bonnes réponses avec nos tournées en Europe et un peu partout. »

De fait, Le Couleur s’est déjà produit de nombreuses fois en Europe, mais aussi au Mexique ou sur des territoires asiatiques.

« C’est le fun la reconnaissance des gens. Ça l’est aussi pour toi de découvrir des nouveaux pays, des nouvelles cultures, d’amener ton savoir-faire, ton art aux autres personnes, suggère Steeven Chouinard. On prépare des tournées encore en Europe, puis on s’en va aux États-Unis », informe le musicien montréalais.

* Photo par Andy Jon.

En quasi-15 ans d’existence, Le Couleur aura pourtant déjà bien eu la chance de se renouveler, de poser sa patte dans l’univers artistique de la métropole.

Co-lancé en 2013 par Steeven Chouinard, le label Lisbon Lux Records ne représente pas la seule facette de production de l’artiste, ce dernier agissant à titre de réalisateur de disques, incluant le dernier projet de Le Couleur, dans leur propre studio.

« En ayant notre QG à nous, avec toutes nos machines branchées 24h sur 24, c’est tellement pratique, facile, inspirant », note-t-il.

* Le Couleur à l’Astral / Studio TD en février 2022. Photo par Thomas Mazerolles.

Le Couleur sur les planches

Le trio électro-pop se produira le jeudi 19 octobre prochain sur la scène du Studio TD, ainsi que le lendemain au Pantoum de Québec, toujours dans cette formule s’apparentant à un DJ set, de par sa propension à enchaîner les chansons sans s’arrêter entre chacune.

« On n’est pas très fans des pauses entre les morceaux, d’expliquer pourquoi la chanson est née et pourquoi ta grand-mère est morte cette journée-là. [rires] On est vraiment pour le moins de blabla et le plus de danse possible », prévient Chouinard.

« C’est un train, ça commence et c’est non-stop jusqu’à la fin », renchérit Patrick Gosselin.

Pour assister au lancement de Comme dans un penthouse au Studio TD, vous pouvez trouver des billets par ici.

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